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1969, année horlogère… nipponne
Histoires de montres

1969, année horlogère… nipponne

jeudi, 31 octobre 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

En pleine période « soixante-huitarde », marquée par le rassemblement de Woodstock, l’envol du Concorde et le premier pas sur la lune, la commercialisation du premier chronographe automatique est au cœur d’une lutte acharnée entre horlogers suisses. Seiko va leur damer le pion avec son calibre 6139, avant de laminer la profession avec son Astron.

Avant que l’année 2019 ne s’achève, année horlogère ponctuée par nombre de célébrations marquant le 50e anniversaire de modèles mythiques, un petit plongeon dans l’histoire est riche d’enseignements. L’année 1969 reste en effet dans les mémoires comme celle marquée par quelques événements majeurs qui ont fait date. C’est en effet en 1969 que Jan Palach s’immole par le feu à Prague pour protester contre l’invasion soviétique et que le conflit en Irlande du Nord commence sérieusement à s’envenimer avec l’intervention de l’armée britannique. Mais cette même année, 500’000 jeunes se ruent à Woodstock pour un événement devenu un symbole de la contre-culture aux États-Unis. Celle-là même qui militait contre la guerre du Vietnam dont les troupes américaines commencent à se retirer à partir de juillet. Quelques mois plus tôt, le lancement du Boeing 747, très vite surnommé « la Reine du ciel », et les premiers vols d’essai de l’avion supersonique Concorde donnent des ailes aux progrès technologiques qui permettent également d’envoyer les premiers hommes sur la lune.

À couteaux tirés

Ce formidable élan n’avait pas laissé les horlogers tranquilles. L’un des derniers grands défis à relever dans les années 1960 était de faire passer la motorisation des chronographes d’un remontage manuel à un remontage automatique, signe de modernité. Deux « consortiums » étaient à la corde pour emporter la palme. Le premier constitué de la manufacture Zenith-Movado avait pour but de présenter cette nouvelle « merveille » pour son centenaire en 1965. Las, les travaux devaient prendre du retard, et c’est seulement en janvier 1969 que la société annonçait, par voie de presse, le lancement du premier chronographe automatique au monde, le désormais fameux El Primero battant à 36’000 alternances/heure pour une précision au dixième de seconde. Il s’agissait toutefois d’une simple annonce, question de baliser le terrain face à la concurrence, car il faudra attendre octobre pour que l’El Primero devienne réalité dans sa version A384.

Au petit jeu de savoir qui sera le premier, les horlogers helvètes ont dû s’avouer vaincus pour ce qui est du chronographe.

Dans l’intervalle, le second consortium formé depuis 1967 par Heuer-Leonidas, Breitling, Hamilton-Büren et Dubois Dépraz devait également faire parler de lui. Loin de vouloir réintenter la roue, les équipes étaient parties d’un mouvement fonctionnel, un calibre extra-plat Büren à microrotor excentré auquel devait être ajouté un module de chronographe à came. La démarche sera couronnée de succès, car ce nouveau mouvement est présenté en mars 1969 déjà, disponible dès l’été, notamment chez Heuer avec la Monaco en version calibre 11, très vite remplacé par le calibre 12, ou encore chez Breitling avec sa Chrono-Matic référence 2111. Cette envolée chronographique ne serait pas exhaustive sans évoquer un autre modèle qui devait également faire parler de lui, à savoir la Speedmaster d’Omega, certes encore à remontage manuel, mais devenu depuis le 21 juillet 1969 la célébrissime Moonwatch, homologuée comme instrument standard de vol par la Nasa depuis 1965.

Rendons à César…

Ces hauts faits de l’horlogerie helvétique ont été dignement fêtés cette année, notamment par Zenith et TAG Heuer, qui n’ont pas hésité à organiser des tournées mondiales pour leurs « championnes » avec moult séries anniversaires limitées, toutes baptisées avec des flots de champagne par leurs prestigieux ambassadeurs aux yeux enamourés. Il n’en reste pas moins que, au petit jeu de savoir qui sera le premier, les horlogers helvètes ont dû s’avouer vaincus pour ce qui est du chronographe. C’est en effet Seiko qui, dans les premières semaines de 1969, présentait le premier chronographe mécanique à remontage automatique connu sous la référence calibre 6139. Commercialisé dès le mois de mai, ce modèle massif était équipé d’un calibre des plus innovants, doté d’une roue à colonnes pour la sélection des fonctions du chrono et d’un embrayage vertical pour éviter les sauts de la trotteuse au déclenchement. Cadencé à 21’600 alternances/heure, il intégrait également un mécanisme dit « Magic Lever » inspiré du fameux système Pellaton pour un remontage rapide du ressort de barillet.

Seiko avait d’ailleurs plus d’un tour dans son sac. Non contente de damer le pion à la concurrence européenne dans le registre mécanique, quelques mois plus tard, le 24 décembre précisément, la manufacture japonaise présentait l’Astron, la première montre-bracelet à quartz de l’histoire horlogère. Elle allait marquer le début de la crise du quartz qui a laminé l’horlogerie suisse. Cinquante ans plus tard, force est de constater que les Maisons helvétiques n’avaient pas dit leur dernier mot. Mais pendant qu’elles se gargarisent sur cette fameuse année 1969, Seiko se tait. Question de culture…

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