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À Baselworld, on joue les enfants sages
Baselworld

À Baselworld, on joue les enfants sages

mardi, 2 avril 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Baselworld avait habitué les visiteurs à de la grandiloquence. Mais ces temps sont révolus. Les Maisons exposantes sont arrivées au Salon avec des collections sans fard mais solidement campées. C’est du côté des créateurs indépendants que la flamme brûle avec force.

Avec 108 exposants suisses dont 86 horlogers, Baselworld est au milieu du gué. La perte de participants est en effet suffisamment conséquente pour craindre le pire. Mais on peut tout aussi bien arguer que l’antidote inoculé par la nouvelle direction est de taille à stopper l’hémorragie. Après cette année 2019 « transitoire », il est toutefois à souhaiter que le salon horloger trouve la formule adéquate pour pérenniser un rendez-vous essentiel à des professionnels par trop enclins à jouer en solo. C’est donc dans des halles pour le moins aérées qu’a eu lieu la grand-messe horlogère version light avec des collections à l’avenant. Impossible en effet de dégager de véritables tendances de fond au sein d’une offre mesurée, parfois même exsangue. C’est comme si les exposants, encore échaudés par le dernier passage à vide de la branche, n’osaient pas lâcher les rênes. À quelques notoires exceptions près, peu de mécaniques ébouriffantes ont ainsi émaillé le Salon et aucune grande complication n’a créé de saine émulation, comme si les Maisons s’étaient passé le mot pour « rester dans les clous ». Retour à la normale, diront certains, du temps où la nouveauté se méritait. Reste que l’élan créatif manquait singulièrement de souffle.

Cap sur la gémellité

Dans ce contexte, les quelques montres d’exception ont valeur de pépites, à commencer par cette Octo Finissimo Chronographe GMT Automatique, qui signe un cinquième record du monde de finesse chez Bulgari, sacré champion de l’extraplat. H. Moser & Cie confirme également sa maîtrise consommée de l’épure horlogère avec sa nouvelle Endeavour Concept Minute Repeater Tourbillon, alors que Patek Philippe propose une très originale Alarm Travel Time réf. 5520P de style pilote. Côté design, on notera la très réussie Classic Fusion Ferrari GT de Hublot, tout comme la Legacy Machine FlyingT de MB&F, première montre dame de la marque. Quant au côté technique, à relever le tout nouveau spiral en composite de carbone qui fait son apparition en série dans la collection Autavia de TAG Heuer et l’oscillateur révolutionnaire de Zenith séquencé à 18 Hz enfin fiabilisé après une première présentation dans la Defy Lab en 2017 et qui équipe la nouvelle Defy Inventor. Cette revue des incontournables ne serait toutefois pas représentative sans citer la toute première plongeuse proposée par De Bethune avec sa DB28GS Grand Bleu et le Chronomètre FB 1L de Ferdinand Berthoud avec son interprétation technique de l’âge de la lune.

Defy Inventor © Zenith
Defy Inventor © Zenith

Sorties de ces chemins de traverse, les collections présentées à Baselworld s’apparentent fort à ce qu’a fait Chanel avec sa J12. Avec une telle montre en catalogue, considérée comme la première icône horlogère du XXIe siècle mais vouée à une cure de jouvence après bientôt 20 ans d’existence, la Maison s’est ingéniée à revisiter son modèle mais avec le souci de la dénaturer en rien. Au final, 70 % des composants d’origine ont été revus mais de manière à ce que « l’identité qui a fait son mythe et son succès » reste intacte. Seul changement d’importance, la motorisation confiée à Kenissi, manufacture dans laquelle Chanel a pris une participation aux côtés du groupe Rolex. Pour résumer, on pourrait dire que la J12 de nouvelle génération est la fausse jumelle de celle d’origine. Or, de gémellité plus ou moins assumée, il en a beaucoup été question lors de ce Baselworld 2019.

Le vintage fait merveille avec un duo de choc : cadran vert sur boîtier bronze.
Vintage toujours

Chez Breitling, qui a déjà passé par la moulinette du jeunisme, on a ratissé large avec des collections adaptées à tout : à l’eau avec Superocean, à la terre avec Premier et à l’air avec Navitimer. Les déclinaisons sont à l’envi, conformes à l’esprit pionnier de la marque qui s’adresse à tout baroudeur qui sait ramper, nager et voler. Dans un registre nettement plus habillé, Chopard entend séduire le gentleman contemporain qui sait marier avec goût montres et tenues vestimentaires. La Maison pénètre ainsi dans le vestiaire du dandy avec ses L.U.C éprouvées et à l’élégance mesurée au nombre de millimètres d’épaisseur de ses boîtiers. Quant à Rolex, fidèle à ses montres professionnelles jusqu’à l’obsession, elle « ose » une nouvelle taille de boîtier pour sa Yacht-Master proposée en 42 mm de diamètre avec, comme innovation majeure, un nouveau disque de lunette en céramique avec chiffres et graduations surmoulés et polis. Une première !

Oyster Perpetual Yacht Master 42 © Rolex
Oyster Perpetual Yacht Master 42 © Rolex

Conforme à l’adage selon lequel c’est encore dans les veilles marmites que l’on fait les meilleurs onguents, c’est à nouveau le vintage qui sert de plus petit dénominateur commun. Et avec un duo de choc : cadran vert sur boîtier bronze. Inutile de revenir sur les vertus du bronze et sa symbolique dans l’univers horloger, sa timide incursion de ces dernières années s’est transformée en passage obligé pour toute marque qui veut mettre en exergue la patine du temps. En un mot, ce matériau fait merveille aussi bien chez Tudor avec sa Black Bay Bronze que chez TAG Heuer et son Autavia, sans oublier Bell & Ross, Anonimo ou encore Oris. Quant à la couleur verte, il s’agit probablement de la seule teinte qui fait l’unanimité comme séduisante alternative aux traditionnels bleu, blanc, noir. Dans un registre parallèle, les montres bicolores signent également leur grand retour. Cette mode qui avait fait des ravages dans les années 1970 et 1980 revient sur le devant de la scène comme une alternative de choix aux modèles plus précieux. Rolex s’en fait une spécialité cette année, notamment avec sa Sea-Dweller en Rolesor (acier Oystersteel et or jaune 18 ct), tout comme Carl F. Bucherer avec son Heritage BiCompax Annual ou encore Tudor, qui propose ses Black Bay et Black Bay Chrono en « Steel & Gold ».

Black Bay Bronze © Tudor
Black Bay Bronze © Tudor

Face à cette sagesse qui voit les tendances les plus notoires finalement représentées par une petite poignée de modèles, c’est vers Les Ateliers et L’incubateur qu’il fallait se tourner pour sentir la flamme horlogère. Il est vrai que pour les créateurs indépendants il s’agit là d’une condition sine qua non pour garder le lien avec les collectionneurs. Il n’empêche, chacun dans leur registre, ces horlogers font preuve d’un élan magnifique à l’instar d’un Grönefeld, Kari Voutilainen, Louis Moinet, MB&F, Romain Gauthier ou Urwerk pour les plus connus ou encore d’un Czapek, Mauron Musy, Alchemist, Beauregard ou Cyrus pour les étoiles montantes. Lors de cette édition mi-figue mi-raisin de Baselworld, ils ont enfin obtenu la place qu’ils méritent, aux côtés des grandes Maisons qui « font » l’horlogerie mais aussi parfois la « défont ». Leur proximité ne fait que plus de sens.

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