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À Dubai, Fiona Krüger pose son regard d’artiste sur l’horlogerie

vendredi, 29 novembre 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

La designer Fiona Krüger s’est fait connaître avec ses montres Skull, suivies l’an dernier par la collection Chaos, qui intègre un mouvement propriétaire développé en collaboration avec Agenhor. À Dubai, elle est venue rappeler que l’horlogerie se nourrit avec bonheur d’élans artistiques.

Pour la plupart des horlogers, la mesure du temps est d’abord et avant tout une question mécanique, plus rarement philosophique. Pour Fiona Krüger, c’est exactement l’inverse. « La question du “comment” est effectivement très importante en horlogerie, expliquait-elle à la Dubai Watch Week. Quels matériaux a-t-on utilisés et avec quelles techniques ? Quelle motorisation a-t-on privilégiée et avec quelles spécificités ? Mais la question du “pourquoi” est tout aussi cruciale si ce n’est davantage parce que l’on touche là à l’essence même de la science horlogère. En d’autres termes, quand on travaille avec les meilleurs artisans de la profession comme j’ai la chance de le faire, autant arriver avec un design porteur de sens. Comme j’ai pu m’en rendre compte dès mes premiers pas dans cet univers, on peut faire avec les montres à peu près tout ce qu’il est possible d’imaginer. Mais les garde-temps acquièrent une réalité tangible à partir du moment où ils deviennent vecteurs d’une réflexion. Au-delà du design, qui agit comme un cheval de Troie pour attirer l’attention, c’est le “pourquoi” de la montre, sa signification, qui la distingue. »

Morphologie crânienne

De fait, les réalisations de Fiona Krüger sont des pièces qui titillent autant les sens que l’intellect. Comme si l’horlogerie qui se résume au décompte de la seconde ne faisait pas partie de son univers créatif. Après des études d’art et de design entre Edimbourg, Johannesburg et la Suisse, Fiona Krüger commence un cursus professionnel comme assistante à l’École cantonale d’art de Lausanne, tout en réalisant son internat auprès de Philippe Stark à Paris. En parallèle, elle commence à jeter les bases de sa propre marque horlogère, qui voit le jour en 2013. C’est la naissance de la collection Skull, née des multiples références culturelles croisées lors de ses jeunes années. Une collection qui, dans le registre « memento mori », est d’ores et déjà une référence.

Avec ses montres Skull en forme de crâne, Fiona Krüger a fait une entrée remarquée et remarquable dans la mesure du temps.

L’art a de tout temps été le terrain de prédilection de cette réminiscence de notre condition mortelle et de la vanité terrestre qui s’exprime très souvent à travers la représentation de danses macabres ou de têtes de mort. En horlogerie, avec ses montres Skull en forme de crâne, désormais déclinées en Black, Celebration et Petit, Fiona Krüger a fait une entrée remarquée et remarquable dans la mesure du temps. Au-delà de ces « vanitas » au poignet et de leur dimension existentielle, force est également d’admirer la symbiose entre cadran et mouvement qui fait de ces pièces mécaniques une grinçante expression du temps qui passe.

De la tête du mort au Chaos

On ne s’étonnera donc pas de voir Fiona Krüger travailler avec d’autres références dans la profession comme AB Product pour la création de ses boîtiers ou Comblemine, l’atelier cadrans de Kari Voutilainen pour le guilloché de ses « morts ». On ne s’étonnera pas davantage de la voir œuvrer avec des Maisons comme Speake-Marin ou Ulysse Nardin, pour qui elle a dessiné l’incroyable Executive Squelette Tourbillon, une montre aérienne et structurée tout à la fois. Pour Fabergé, elle crée la Lady Libertine III aux côtés d’Aurélie Picaud, responsable Horlogerie de la Maison, et de l’incontournable émailleuse Anita Porchet. Même constat en ce qui concerne la motorisation. Cette fois, elle s’adresse à Agenhor, atelier genevois à la base du développement du Pont des Amoureux de Van Cleef & Arpels ou encore du chronographe à aiguilles centrales que l’on retrouve notamment chez… Fabergé, pour ne citer que deux exemples. C’est donc Agenhor qui s’est retrouvé en charge du développement du mouvement propriétaire de Fiona Krüger. Celui qui équipe sa dernière collection Chaos présentée il y a un an et qui, elle aussi, répond à une réflexion bien précise.

J’adore cette contradiction entre la perfection recherchée dans la mesure du temps et le temps lui-même qui induit hasard, désordre et chaos.
Fiona Krüger

« Intuitivement, nous savons tous que le temps avance, poursuivait Fiona Krüger. Or nous savons qu’avec le temps les systèmes matériels évoluent inexorablement vers une perte d’organisation, en d’autres termes vers le désordre et l’incohérence, jamais l’inverse. En physique, c’est ce que l’on appelle l’“entropie”. J’adore cette contradiction entre la Haute Horlogerie, axée sur la précision, l’ordre et la perfection recherchée dans la mesure du temps et le temps lui-même qui induit hasard, désordre et chaos. » Pour représenter cette dichotomie, Fiona Krüger a imaginé et créé la collection Chaos déclinée en Entropy I et Mechanical Entropy, inspirée du dadaïsme, du pop art et des installations de l’artiste Cornelia Parker. Le résultat prend la forme d’une explosion mécanique réalisée grâce à un mouvement spécifique étiré sur toute la longueur du boîtier de forme avec son train de rouages éclaté. Le cadran, partiellement ajouré, laisse apparaître certaines parties mobiles du calibre qui ajoutent à la déstructuration de l’ensemble, comme si une bombe de bande dessinée était passée par là. Pour Fiona Krüger, le temps est assurément matière créative.

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