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Antiquorum : les dessous d’une maison de vente aux enchères
Economie

Antiquorum : les dessous d’une maison de vente aux enchères

lundi, 7 septembre 2020
Par Janine Vuilleumier
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Janine Vuilleumier

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6 min de lecture

Installée de longue date à Genève et Hong Kong, Antiquorum a récemment ouvert un bureau à Monaco. Spécialisée dans les ventes horlogères, la maison se diversifie depuis peu dans la joaillerie. Nouveautés et bases du métier révélées par Romain Réa.

Les maisons de vente aux enchères ponctuent le calendrier annuel de leurs ventes printanières et automnales. Antiquorum n’y fait pas défaut et organise des ventes à Genève, Hong Kong et nouvellement Monaco. Comment une vente se met-elle sur pied ? D’où proviennent les pièces mises à l’encan ? Comment estime-t-on leurs prix ? Qui acquiert ces garde-temps ? Romain Réa, expert horloger et CEO d’Antiquorum depuis 2017, a dévoilé les dessous d’une telle organisation.

Romain Réa, expert horloger et CEO d’Antiquorum
Romain Réa, expert horloger et CEO d’Antiquorum

La collecte de garde-temps se base sur des journées d’expertise organisées dans différentes villes mondiales, aux sièges d’Antiquorum ou dans des boutiques et hôtels partenaires. Elles sont généralement annoncées par voie de presse. Sur place, des experts reçoivent les particuliers désirant se défaire de pièces vintage ou récentes. Chaque montre est passée au peigne fin, mais le critère le plus important, celui qui influencera le prix, est l’état du cadran (70 % de l’estimation). La valeur de la montre sera d’autant plus grande si celui-ci est d’origine. Toutes les pièces peuvent être réparées, voire reconstituées, mais pas le cadran, d’où l’importance de son état.

Le « top five »

Lors de la collecte de pièces, certaines marques horlogères sont prisées, comme Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet, Vacheron Constantin et Breguet, qui constituent le top five. Suivent Omega, Jaeger-LeCoultre, Longines, Universal Genève et Breitling. Plus largement, les montres ayant appartenu à une personnalité sont également très recherchées des acheteurs. Récemment vendues : une Omega ayant appartenu à Elvis Presley (datant d’environ 1960), une Vacheron Constantin propriété d’Evita Peron (1946), une montre de poche Zenith portée par Gandhi (1910) ou encore une Rolex dont le propriétaire n’était autre que Carlos Coello (environ 1964).

Les prix sont fixés d’entente avec le vendeur, ce dernier ayant parfois des vœux allant au-delà de l’estimation faite par Antiquorum. La maison respecte toutefois les désirs de ses clients. Il ressort fréquemment que plus l’estimation est basse, mieux le produit se vend. Le vendeur est parfois surpris de constater que sa montre a été cédée bien au-delà du prix initialement fixé.

Lorsqu’une vente aux enchères est mise sur pied, Antiquorum contacte personnellement ses clients en fonction de leurs désirs. Mais qui sont-ils ? À la base, beaucoup de collectionneurs qui recherchent des garde-temps selon une thématique (montres de plongée, chronos, etc.), selon une marque ou même selon une collection précise. Les professionnels représentent également une grande part du fichier clients, souvent à la recherche de pièces vintage pour étoffer leurs échoppes. Une catégorie en pleine évolution se distingue : les acheteurs, amateurs et investisseurs, soit des personnes cherchant à placer leur argent dans des garde-temps de valeur.

Au terme d’une vente, quelque 20 % des lots restent invendus. Qu’adviennent-ils ? Ils sont tout simplement remis à l’encan lors de la vente suivante avec une estimation plus basse. Généralement vendus lors de cette seconde tentative, ils partent souvent au-delà de leur première estimation, au plus grand bonheur du vendeur.

La cote Rolex

Dans les lots de chaque vente, on retrouve de nombreuses marques horlogères. Antiquorum a toutefois organisé sporadiquement des ventes monomarques, en 1989 notamment, avec sa première vente dédiée alors à Patek Philippe. Vacheron Constantin a également fait l’objet d’une telle thématique. Antiquorum a aussi très largement développé ses ventes en ligne, ses Online Live Auction (OLA). Ces dernières ont pris une grande importance durant la phase de confinement due au Covid-19 avec l’annulation de toutes les ventes présentielles. Elles ont par ailleurs remporté un franc succès. Si la maison genevoise vend principalement des garde-temps, elle propose également des accessoires et nouvellement des bijoux.

Le 28 juin dernier à l’hôtel Beau-Rivage de Genève, Antiquorum a repris ses ventes présentielles, toujours accompagnées d’enchères en ligne ou par téléphone. Cette journée de ventes a rencontré un franc succès affichant un total de CHF 6 millions pour plus de 83 % des lots vendus. Rolex a remporté la palme avec trois lots exceptionnels cédés bien au-delà de leurs estimations. À commencer par le lot 379, une Rolex Ref. 6034 Oyster Chronograph en or rose 18 carats des années 1955. Chronographe emblématique de la marque estimé à CHF 250’000-350’000, la montre a été cédée pour CHF 600’000 frais inclus (CHF 480’000 au marteau).

Réf. 6034 Oyster Chronographe en or rose (1955), lot 379 © Rolex
Réf. 6034 Oyster Chronographe en or rose (1955), lot 379 © Rolex

Le lot 346, une Rolex 1680 Submariner extrêmement rare, modèle Comex datant de 1979, a également fait parler de lui. La compagnie maritime d’expertise n’a en effet reçu qu’une soixantaine d’exemplaires dédiés, des modèles qui, pour la grande majorité d’entre eux, ont ensuite été révisés avec un changement de cadran à la clé. Cette pièce, jamais portée en plongée, est restée dans un état impeccable, de plus vendue avec sa garantie d’origine, autre caractéristique inhabituelle. Estimée à CHF 150’000-250’000, elle est partie pour CHF 524’000 frais inclus (CHF 420’000 au marteau). On notera enfin le lot 345, une étonnante Rolex Ref. 1680 Red Submariner Meter First Mark II avec cadran tropical, produite en 1969, proposée avec son coffret et ses papiers d’origine. La « Red » Submariner est l’une des références Rolex vintage les plus recherchées. Estimée à CHF 40’000-60’000, elle a trouvé preneur pour CHF 103’750 frais inclus (CHF 83’000 au marteau).

Réf. 1680 Submariner Comex (1979), lot 346 © Rolex
Réf. 1680 Submariner Comex (1979), lot 346 © Rolex

La prochaine vente Antiquorum aura lieu les 8 et 9 novembre prochain à Genève.

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