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Baselworld

Antonio Calce, CEO de Corum : « Monsieur Hon a acheté un homme, un management »

vendredi, 3 mai 2013
Par Julie Mégevand
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Julie Mégevand

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6 min de lecture

Antonio Calce peut enfin respirer : la nouvelle a été annoncée en prélude de Baselworld 2013, Corum vient d’être rachetée par China Haidian. Le groupe, actif notamment dans la distribution de marques horlogères en Chine, avait déjà acquis Eterna en 2011. Le CEO est heureux de voir les problèmes financiers de Corum résolus. Avant tout, il se réjouit de pouvoir enfin aller de l’avant avec sa marque, ainsi qu’avec Eterna, dont il va bientôt superviser les activités. Interview à Baselworld.

Que va changer ce rachat concrètement pour Corum ?

Antonio Calce, CEO de Corum : Derrière le groupe China Haidian se trouve avant tout un homme, Hon Kwok Lung, passionné d’horlogerie suisse. C’est avec lui que les échanges ont eu lieu. Il souhaite prouver, malgré les a priori, qu’un Chinois peut investir dans l’horlogerie suisse tout en respectant à la fois le management et le Swiss Made. Quant à moi, je veux gommer cette image négative et préconçue d’un investisseur chinois venant en Suisse et détruisant tout, sans avoir conscience de ce qu’il fait. Nous partageons une vision commune. Avec Monsieur Hon, j’ai trouvé un interlocuteur qui souhaite accompagner Corum sur le long terme, car il est convaincu de son potentiel de développement. J’ai moi-même déployé de gros efforts pour conclure cet accord, j’en suis par conséquent ravi. Depuis 2008, Corum était en autofinancement, un statut très rare dans l’horlogerie actuellement. Monsieur Hon l’a dit lui-même lors d’une conférence de presse ici à Bâle : « Je n’ai pas acheté une marque, mais un homme, un management ». J’en suis flatté.

Comment s’est déroulée l’année 2012 pour Corum ?

2012 a été une année difficile, en particulier lors du deuxième semestre, en raison notamment des incertitudes liées à l’avenir de Corum dès lors que le marché savait que la marque cherchait un partenaire et repreneur. Cela a naturellement eu des effets très négatifs sur notre business. L’an dernier, notre chiffre d’affaires est descendu sous la barre des 100 millions de francs suisses (ndlr : le record de la marque se situe à 120 millions de CHF, en 2007). Malgré cela, nous avons continué d’investir, notamment pour intégrer davantage de métiers. Aujourd’hui, il est indispensable de maîtriser les savoir-faire en interne. Et pas uniquement pour la communication ! En 2012, nous avons investi 30 millions de francs suisses, dont une dizaine dans le marketing et 6 à 7 millions dans le développement de produits. Ces cinq dernières années, le personnel est passé de 70 à 138 employés. En autofinancement, je pense qu’aucune marque en phase de relancement, comme l’est Corum depuis 2005, n’est capable de l’assumer.

La marque était-elle déjà en difficulté avant 2012 ?

Oui, les difficultés ont commencé en 2008 déjà, suite au décès de Séverin Wunderman, le précédent propriétaire de la marque. Dès cet instant, j’ai su qu’une longue période de transition s’ouvrait pour moi, car sa Fondation ne souhaitait pas investir à long terme dans une marque horlogère. Malgré les difficultés, j’ai poursuivi les investissements car je voulais à tout prix éviter que la machine s’arrête ! Cela a été extrêmement compliqué, je ne m’en cache pas. Chaque année, je suis parti en quête de partenaires financiers qui ont cru en cette marque. Une banque, ou plutôt un banquier, a quasiment joué l’actionnaire durant plusieurs années. J’avais alors la conviction que si nous cessions d’investir, Corum n’aurait pas eu cette désirabilité en 2012-2013. Aujourd’hui, la reprise par China Haidian me donne raison. Depuis 2005, je me suis toujours battu pour que le patrimoine de Corum perdure. Je suis très attaché aux valeurs de l’industrie horlogère, j’ai un amour profond pour les métiers de l’horlogerie. L’histoire de Corum est trop belle, même si elle n’a pas 300 ans. Nous avons des produits iconiques.

Grâce à ce nouveau propriétaire, vous pouvez souffler…

Oui, je suis extrêmement soulagé. Monsieur Hon dispose de moyens financiers comparables à ceux d’un groupe horloger. De plus, il détient des clés précieuses sur des marchés potentiellement capitaux pour notre marque horlogère. Enfin, ni lui ni son groupe ne sont de nature intrusive. Pour preuve, le groupe a acquis la marque suisse Eterna en 2011. Regardez ce qu’ils ont fait depuis… rien !Eterna n’a par exemple pas ouvert de points de vente en Asie depuis la reprise par Haidian. Le groupe ne souhaite pas s’impliquer à ce niveau-là. Je me suis d’ailleurs vu confier la tâche de superviser Eterna durant un certain temps. Aux critiques selon lesquelles l’arrivée de ce repreneur chinois changera tout pour Corum, je cite l’exemple d’Eterna. Ce n’est tout simplement pas le cas. Le message est enfin clair pour tous les marchés : la situation de Corum est désormais stabilisée.

Pour vous, en tant que CEO, quels changements à venir ? Vous n’aurez plus à chercher constamment du financement…

Je vais enfin pouvoir me concentrer sur le travail que je sais faire. Je n’aurai plus à me battre et à me disperser sur les aspects financiers. A une période, je voyais mon financier tous les jours ! Lorsque nous avons lancé le projet du nouveau stand de Baselworld, j’ignorais encore comment j’allais le financer. Mais il fallait absolument que nous soyons présents. Le stand de Bâle est un outil de travail indispensable. Durant huit jours, nous y recevons plus de 300 détaillants et 300 journalistes. Il est impossible de reproduire cela dans le monde en si peu de temps. Pour faire toutes ces rencontres, il nous faudrait trois ans en mobilisant la moitié de nos équipes ! A Bâle, les commandes que nous passons représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires.

Article paru dans le WtheJournal.com

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