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Bovet 1822 : près de 20 ans d’efforts couronnés
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Bovet 1822 : près de 20 ans d’efforts couronnés

mardi, 21 août 2018
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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6 min de lecture

Rachetée en 2001 par Pascal Raffy, Bovet 1822 va rejoindre les Maisons historiques du Salon International de la Haute Horlogerie dès 2019. Une belle récompense pour l’entrepreneur qui n’a pas lésiné sur les investissements pour parvenir à reconstruire une manufacture à part entière.

On le dit timide, secret, voire précieux. Ses apparitions sont rares, ses interventions, occasionnelles. Pascal Raffy n’en est pas moins un formidable entrepreneur : moribonde en 2001, la marque Bovet est redevenue, sous sa houlette, une manufacture à part entière. Un travail de bâtisseur qui a demandé près de 20 ans d’efforts et d’investissements ; une quête de justesse aussi, qui a vu ce Libanais d’origine patiemment assembler les pièces d’un puzzle industriel, jusqu’à parvenir à une indépendance quasi complète et à une qualité irréprochable des produits. Cette vision de l’horlogerie est aujourd’hui couronnée par l’entrée de Bovet au Salon International de la Haute Horlogerie dès 2019, aux côtés des Maisons historiques.

Comme la mécanique, le verbe est précis, le concept parfaitement huilé, la stratégie cohérente.
Recherche d’authenticité

Pascal Raffy a le sens du détail : « Vous ne remarquez rien ? Ce tourbillon est vraiment particulier : d’abord, il représente le Soleil, avec des rayons poli-bloqués incroyables ; mais surtout, balancier-spiral et échappement sont de part et d’autre de la cage. » Parce qu’il connaît les efforts que lui ont coûté chaque raffinement, les souligner tous lui procurent un plaisir espiègle. Par exemple la date, qui apparaît sur les deux faces du garde-temps, mûe par un mécanisme rétrograde à crémaillère micrométrique. Ou la gravure à la main de certains ponts, leur donnant un aspect serti. Au cœur du château de Môtiers, où il a installé une partie de ses ateliers et de ses bureaux, le propriétaire de la Maison Bovet ne se lasse pas de parler de son dernier bébé : la Récital 22 Grand Récital. Comme la mécanique, le verbe est précis, le concept parfaitement huilé, la stratégie cohérente. Une recherche d’authenticité que l’entrepreneur n’applique pas seulement aux montres.

Pascal Raffy a racheté Bovet en 2001, Dimier et le château de Môtiers en 2006.
Pascal Raffy a racheté Bovet en 2001, Dimier et le château de Môtiers en 2006.

De détails, cette Grand Récital n’en manque pas : petite minute rétrograde, phase de Lune de précision, différentiel sphérique pour un remontage express, boîtier asymétrique ou encore cet hémisphère réalisé en peinture miniature luminescente. Présentée en première mondiale en 2017 avec la collection Château de Môtiers 40 – aussi appelée Les Papillons –, cette technique a été rendue possible grâce aux développements de la société Luminova, leader incontesté des matières phosphorescentes (qui brillent dans le noir). Après s’être longtemps limitée au bleu et au vert, pour des raisons propres à la composition chimique des ingrédients, la joint-venture entre le Japonais Nemoto et l’Appenzellois RC Tritec a présenté cette année les teintes rose, jaune, orange et bleue foncée, après le blanc et le violet en 2017. La Maison Bovet est ainsi la première à exploiter pleinement ces nouvelles possibilités.

Une démarche volontaire

Parmi toutes les subtilités de cette Grand Récital, une, cependant, évoque particulièrement bien la philosophie de Bovet : la réserve de marche. Plus de neuf jours sont en effet assurés par un seul barillet – un cas quasi unique dans l’horlogerie. Une prouesse qui trouve son origine dans le choix systématique de méthodes de manufacture traditionnelles et artisanales. Une démarche volontaire et engagée, loin de toute CNC, qui confère aux mouvements des aptitudes supérieures.

Le modèle Bovet Récital 22 Grand Récital propose les fonctions heures (24H), minutes rétrogrades, secondes sur le tourbillon volant double face, phase de Lune de précision, date double face rétrograde, réserve de marche, ainsi qu’un calendrier perpétuel rétrograde au dos. © marcgysinphoto
Le modèle Bovet Récital 22 Grand Récital propose les fonctions heures (24H), minutes rétrogrades, secondes sur le tourbillon volant double face, phase de Lune de précision, date double face rétrograde, réserve de marche, ainsi qu’un calendrier perpétuel rétrograde au dos. © marcgysinphoto

Auparavant actif dans le domaine pharmaceutique, Pascal Raffy acquiert Bovet en 2001. La Maison, si elle ne compte alors plus que quatre employés, est toujours riche d’une histoire devenue célèbre : celle des Bovet de Chine. L’entrepreneur aurait pu se contenter de surfer sur la vague, exploitant la légende sans chercher à reconstruire le mythe. Mais son ambition est bien plus grande. L’année 2006 va lui donner l’occasion de le prouver : coup sur coup, il rachète le groupe SST à Tramelan – qui compte les sociétés STT (fabricant de mouvements), SPIR-IT (spiraux) et Aigat (étampage) –, le cadranier et sertisseur Valor, Lopez & Villa à Plan-les-Ouates, ainsi que le château de Môtiers. En quelques mois, il passe ainsi de 43 à 148 collaborateurs.

Il m’a fallu 10 ans pour reconstituer une manufacture.
Pascal Raffy
Le souci du détail

S’il rebaptise ses unités de production Dimier et réorganise le travail – « il m’a fallu 10 ans pour reconstituer une manufacture », confie-t-il –, Pascal Raffy prend bien soin de conserver les compétences et les savoir-faire : l’atelier de spiraux bien sûr, qui fournit également quelques clients externes, celui d’étampage aussi, d’où sortent des brides, des sautoirs ou des planches de roue. Alors que d’autres ont remplacé les gestes traditionnels par des fraiseuses à commande numérique, lui a maintenu des ateliers de taillage des roues dentées par générations – méthode plus précise qu’à la CNC – et de roulage des pivots. Autant de détails qui peuvent paraître anodins mais qui, additionnés, permettent au final de réaliser des mouvements très peu gourmands en énergie, capable de fonctionner neuf jours avec un seul barillet.

Le tourbillon volant du calibre 17DM03-TEL est à double face, c’est-à-dire que le balancier-spiral n’est pas du même côté que l’échappement. Un développement breveté.
Le tourbillon volant du calibre 17DM03-TEL est à double face, c’est-à-dire que le balancier-spiral n’est pas du même côté que l’échappement. Un développement breveté.

Depuis 2006, dix-neuf calibres – dont douze de référence – ont été développés et réalisés à l’interne. Bovet est ainsi passé de 34 à 85 % de mouvements maison dans ses collections. Une évolution qui s’accompagne désormais de la volonté d’augmenter les capacités de production – de 2000 pièces aujourd’hui à 4000 à terme. Mais le grand défi reste l’élaboration de nouvelles complications. Les équipes travaillent ainsi sur un chronographe, une pièce qui pourrait sortir en 2022, pour les 200 ans de la marque.

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