Chez Panerai, le monde de la mer est une seconde nature. Comment faire autrement en sachant que les montres de plongée ont été portées sur les fonts baptismaux de cette Maison italienne ? C’était en 1936, avec la mise au point des 10 premiers prototypes Radiomir destinés aux plongeurs de combat de la Marine italienne. Et c’est toujours le cas, quelque 90 ans plus tard, avec une offre horlogère essentiellement taillée pour les abysses. Mais avec une sensibilité toute autre. Pour une Maison de luxe comme Panerai, dont le prix moyen des montres avoisine les CHF 12’000 pour un chiffre d’affaires proche du demi-milliard, plus question de se soucier « uniquement » de la qualité de ses garde-temps, aussi poussés soient-il d’un point de vue technique. Aujourd’hui, pour qu’un produit exerce tout son pouvoir de séduction, ses qualités intrinsèques ne suffisent plus. Il lui faut également une « conscience » pour gagner le cœur des jeunes générations. Et par conscience, il faut comprendre un engagement responsable de la part de celui dont on lit le nom sur le cadran. En d’autres termes, de nos jours, il n’est plus question simplement de vendre des montres mais bel et bien de proposer un univers dans lequel le client puisse reconnaître des valeurs qui lui sont chères.
La « mue » de Panerai va totalement dans ce sens. Impossible en effet de montrer de belles images de montres et de mer sur son site internet sans détailler l’engagement de l’entreprise en matière de durabilité. On peut notamment y découvrir les différentes initiatives prises par la Maison pour limiter son empreinte carbone, certifier sa chaîne d’approvisionnement, encourager les comportements écoresponsables ou encore privilégier l’utilisation de matériaux recyclés. On y découvre également les liens qui unissent Panerai à des ambassadeurs comme l’aventurier Mike Horn ou l’apnéiste Guillaume Néry, deux personnalités qui militent activement pour la sauvegarde des milieux naturels. Quitte à faire rêver, autant que l’on soit pris au sérieux ! Et cela passe dorénavant par un engagement sur le terrain. Ou plutôt dans l’eau salée. Nombre d’horlogers l’ont bien compris. À vouloir mettre tout le monde à la mer avec des modèles de plongée qui fleurent bon l’iode des embruns, c’est encore en militant pour la santé des océans qu’on y arrive le mieux. Question de cohérence.
Dans cet univers aquatique finalement, il suffit de jeter un premier filet pour attraper tout le banc de poissons. En s’intéressant à Guillaume Néry, on découvre ainsi que le champion ne peut vivre pleinement une plongée en apnée dans les profondeurs de l’océan que s’il accède à une harmonie parfaite entre son corps et l’élément liquide : « Je pense que cette image symbolise la relation qui doit s’installer dans le futur entre l’Homme et l’environnement », explique-t-il sur le site de Surfrider Foundation Europe. Or, parmi les partenaires donateurs de Surfrider, on trouve également Alpina Watches, une Maison proche de cette fondation qui « agit au quotidien pour lutter contre les atteintes à l’environnement littoral et à ses usagers ». N’est-ce d’ailleurs pas là une des missions d’Ocean Conservancy, une organisation qui a déjà mené avec Breitling des campagnes de nettoyage de plages souillées par la pollution. Or Breitling s’est également associé à Outerknown pour lancer une ligne de bracelets NATO en Econyl, un textile constitué de fils de nylon durables conçus à partir de filets de pêche recyclés. On retrouve d’ailleurs une même démarche chez Ulysse Nardin mais poussée à l’extrême avec sa montre concept Diver Net, dont la boîte, la carrure, le fond et la lunette sont confectionnés à partir d’un matériau créé par les designers bretons de Fil&Fab, qui récupère les filets hors d’usage et les transforme en granulés de polyamide.
Ulysse Nardin n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans le monde marin. À son actif notamment, un partenariat avec Ocearch, le principal organisme scientifique pour la protection des requins. En termes de protection animale, on notera aussi l’engament de Carl F. Bucherer aux côtés de Manta Trust, qui œuvre à la sauvegarde des raies Manta, ou encore l’association de Certina avec Sea Turtle Conservancy, consacrée à l’étude et la conservation des tortues marines. En termes de conservation, c’est notamment sur la barrière de corail qu’Oris s’est penché, tandis que d’autres Maisons ont privilégié un soutien aux études scientifiques, entre autres celles menées par Cousteau Divers en partenariat avec IWC ou de Nekton pour ce qui est d’Omega. Cette petite revue de détail ne saurait toutefois omettre Blancpain et Rolex, certainement deux horlogers parmi les plus engagés en faveur de la sauvegarde des mers, avec son programme Ocean Commitment pour le premier et sa démarche Perpetual Planet pour le second, incluant de multiples initiatives en compagnie d’explorateurs avec les prix Rolex à l’esprit d’entreprise ou via son partenariat avec la National Geographic Society et avec Sylvia Earle et son projet océanographique Mission Blue.
Impossible d’expliquer en quelques lignes la teneur de tous ces projets. Cette simple évocation suffit toutefois à comprendre que les Maison horlogères sont cette fois passées à l’action avec la ferme intention de sensibiliser le grand public à une problématique devenue alarmante, à l’instar de Breguet et son soutien à Race for Water. En ajustant leur montre de plongée au poignet, les aficionados feront dès lors un « petit pas » non pas pour l’homme mais pour son environnement. Peut-être bientôt « un grand pas pour l’humanité » ?