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« Cette pièce était destinée au musée Breguet ! »
Culture

« Cette pièce était destinée au musée Breguet ! »

lundi, 18 novembre 2013
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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4 min de lecture

Après lui avoir échappé lors d’une vente rocambolesque en 2008, la montre de poche astronomique Breguet N° 4691 a enfin été adjugée au musée parisien pour CHF 1,025 million. Emmanuel Breguet, directeur de Breguet France et responsable du patrimoine historique de Swatch Group, a également acquis quatre autres pièces exceptionnelles.

« J’étais avec Marc Hayek au bout du fil, on s’est bien amusés. Nous étions prêts à monter très haut ! » Le sourire radieux mais l’air soulagé, Emmanuel Breguet peut respirer. Le directeur de Breguet France et responsable du patrimoine historique de Swatch Group vient de voir s’abattre le marteau de Geoffroy Ader sur sa dernière enchère. Le directeur du département Montres de Sotheby’s mettait à l’encan, le 12 novembre dernier à Genève, une montre de poche à grandes complications exceptionnelle signée de l’horloger suisse et datée de 1831. Le musée Breguet, installé à Paris, l’a finalement emportée pour CHF 1,025 million (CHF 850’000 sans les frais, est. CHF 600’000-1’000’000) après une bataille assez brève. « Cette pièce nous était destinée », a même lâché Emmanuel Breguet. Au total, le représentant de Swatch Group aura dépensé CHF 1,465 million pour cinq pièces, dont un tableau et un buste, lors de ces enchères genevoises. Une pièce lui a cependant échappé : la Breguet N° 1135 de 1806 dite « à échappement naturel ».

« Nous la voulions »

Si le responsable du patrimoine de Swatch Group s’avoue si satisfait, c’est que cette pièce extra-plate ayant appartenu au grand collectionneur britannique sir Richard Wallace lui était déjà passée sous le nez en 2008 à Paris. Ce 10 avril, il y a plus de cinq ans, à l’hôtel des ventes de Drouot, l’enchère était montée jusqu’à la somme astronomique de EUR 3 469 760 frais compris (EUR 2,8 millions sans les frais). « J’étais dans la salle, au téléphone avec Nicolas Hayek père, confirme Emmanuel Breguet. Ce qui s’est passé là-bas était un accident. » Et de fait : le surenchérisseur, un homme d’affaires d’origine égyptienne, s’est révélé être un fol enchérisseur ! Il s’est donné la mort une semaine plus tard. « Les propriétaires ont eu la sagesse d’attendre quelques années avant de la remettre en vente, poursuit le directeur de Breguet France. Mais de toute façon, nous la voulions. »

Extrêmement rare, cette montre de poche astronomique Breguet N° 4691 est une véritable prouesse technique dans un espace aussi réduit. Épaisse de seulement 7,7 mm (8,8 mm avec la double savonnette), cette répétition des demi-quarts propose au surplus un nombre de complications exceptionnel pour l’époque, dont une équation du temps, une indication de la réserve de marche, les jours, la date, les mois et phases de lune. « Ces dimensions et cette complexité correspondent bien à l’œuvre de Breguet fils », souligne Jean-Claude Sabrier, célèbre expert et antiquaire français qui accompagnait Emmanuel Breguet chez Sotheby’s. Il n’y a que trois exemplaires connus de ce type datant de cette période : le premier fait partie de la collection du L.A. Mayer Museum for Islamic Art de Jérusalem, le second fut acquis par le vice-roi d’Égypte Saïd Pacha et appartient aujourd’hui à son héritier Ismaïl Pacha.

Une pièce restée inaccessible

Mais les achats du musée ne se sont pas arrêtés là. Peu avant cette Breguet N° 4691, Emmanuel Breguet a également remporté une huile représentant le « Maître » pour CHF 62’500 (CHF 50’000 sans les frais, est. CHF 20’000-40’000) ainsi qu’un buste en bronze des années 1830 pour CHF 37’500 (CHF 30’000 sans les frais, est. CHF 2’000-3’000) au terme, là, d’un intense échange avec un enchérisseur au téléphone. La veille chez Christie’s, il avait fait l’acquisition de la montre de poche N° 5015 datée de 1833 pour la somme de CHF 47’500 (CHF 38’000 sans les frais, est. CHF 15’000-25’000) et du garde-temps ayant appartenu au roi d’Angleterre George IV, une Breguet N° 4420 à doubles compteurs excentrés pour CHF 293’000 (CHF 240’000 prix marteau, est. CHF 80’000-120’000). Une pièce unique n’a cependant pas trouvé le chemin du musée. La « Petite montre à répétition des quarts, échappement libre à levées naturelles » N° 1135 (est. CHF 300’000-500’000), pour laquelle l’horloger avait réussi à se passer de lubrification, n’a reçu aucune proposition d’achat. « Elle est évidemment digne d’intérêt, mais elle a été surestimée », explique Emmanuel Breguet. Et de conclure : « Mais je compte bien réessayer une autre fois. »

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