À la suite de la disparition de David Bowie, musicien légendaire et icône de mode, on n’a cessé de saluer l’immense talent dont il faisait preuve en défiant les standards traditionnels de la mode avec son look incomparable.
Si le rapport à la mode de Bowie était si singulier, c’est que son style était à la fois indéfinissable et pluriel. Il a brouillé les frontières entre les genres et a choisi d’adopter la métamorphose pour traduire son exploration de la musique, de la culture et de la vie. Voici donc ce qui a fait de lui un personnage si influent : il a permis au « marginal » d’avoir sa place au sein d’une culture grand public.
Son impact sur les stylistes est indéniable : qu’il s’agisse de Jean Paul Gautier, Paul Smith ou Dries Van Noten, tous ont été inspirés par son esprit créatif. Et son influence se retrouve également dans le monde de l’horlogerie, bien que les montres n’aient jamais joué un rôle essentiel dans ses tenues les plus emblématiques.
Certains ne manqueront pas de rappeler la campagne de Louis Vuitton de 2013, intitulée « L’invitation au voyage » – un spot dans lequel David Bowie arbore la montre Tambour eVolution –, comme étant sa plus remarquable collaboration avec l’industrie horlogère.
Masculin ou féminin ? Les deux !
En effet, essentielle à la création de cette nouvelle montre Tambour : son évolution. S’éloignant de l’intense extravagance des modèles précédents, son style devient plus sobre et plus masculin. Il reflète, d’une certaine façon, la propre métamorphose de l’artiste caméléon : de l’androgyne néoromantique au dandy élégant et raffiné.
Mais, au-delà de cet exemple précis, l’influence du style Bowie peut être attribuée à plusieurs horlogers, plusieurs modèles, et plus particulièrement aux horlogers qui brouillent, à travers leurs créations, les frontières du masculin-féminin.
Prenez par exemple la Rolex Datejust, un modèle qui depuis son lancement en 1945 a subtilement combiné les codes du masculin-féminin. Certains ont même fait remarquer combien la Rolex Daytona suivait cette tendance, les femmes étant de plus en plus nombreuses à choisir de porter la version homme.
Concernant leurs montres pour femme, c’est aussi un « non » très clair à l’ultra-féminité chez IWC, qui préfère faire valoir un style plus androgyne. Le directeur général d’IWC, Georges Kern, le clame d’ailleurs haut et fort : « Le produit n’est pas girly. » Pour preuve, la toute nouvelle Montre d’Aviateur Automatic 36 dévoilée par la marque au SIHH 2016 : son diamètre satisfera aussi bien les hommes que les femmes.
De nos jours, les montres pour homme s’affichent avec beaucoup plus d’ostentation (prenez par exemple le Perpetual Calendar Heritage Limited Edition de la collection de H. Moser & Cie au boîtier rehaussé de diamants, un tantinet féminin). Et les femmes, à leur tour, bouleversent elles aussi les codes avec leur nouveau look boyfriend, cool et décontracté, une fashionitude qui privilégie les montres un peu massives aux traditionnelles montres pour femme, plus fines.
Même la montre connectée d’Apple a été spécifiquement conçue pour être unisexe – avant son lancement, certains experts n’ont d’ailleurs pas hésité à dire : « Si Apple a voulu séduire, c’est plutôt les femmes que les hommes. » Bien sûr, de nombreuses montres continuent de respecter fidèlement les codes proprement féminins ou masculins. Pourtant, l’héritage de David Bowie a bel et bien eu un impact (direct ou indirect) sur l’horlogerie moderne comme sur la mode, incitant les horlogers à dépasser leurs propres limites.