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Design et création à Watches & Wonders Miami
Watches and Wonders

Design et création à Watches & Wonders Miami

jeudi, 28 février 2019
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Roberta Naas
Journaliste

“La vie est une question de temps, de ce qu’on en fait et comment on l’utilise.”

Roberta Naas est une journaliste chevronnée dans le monde de l’horlogerie avec plus de 32 années d’expérience à son actif. Elle est également auteure de six livres sur les montres et le temps ainsi que fondatrice de www.atimelyperspective.com.

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6 min de lecture

La deuxième édition de Watches & Wonders Miami s’est tenue à mi février dans le Design District de la ville. L’occasion d’assister à de nombreux panels de discussion dans des espaces architecturaux ornés de sculptures et d’œuvres d’art. Parmi eux, « Les Coulisses de la création horlogère ».

Ce panel comprenait plusieurs intervenants dont Fabrizio Buonamassa, Directeur Création Montres chez Bulgari depuis 18 ans et ancien designer automobile, Stéphane Belmont, Directeur Heritage chez Jaeger-LeCoultre où il officie depuis 20 ans, et Rudy Albers de Wempe États-Unis, horloger et Directeur de la boutique newyorkaise ces trois dernières décennies. D’emblée, les intervenants étaient d’accord pour dire qu’un nouveau design de montre qui colle à la marque implique une connaissance poussée de cette dernière, de sa philosophie et de ses codes esthétiques passés. Une rétrospection indispensable avant tout planification de nouvelles idées. « Mais la chose la plus importante pour nous, c’est bien l’avenir, précisait Stéphane Belmont. Même si nous nous reportons sans cesse au passé afin d’intégrer les codes esthétiques existants, nous regardons toujours vers le futur. »

La méthode italienne

Selon Fabrizio Buonamassa, la mission de Bulgari est de reporter son savoir-faire joailler, son approche des couleurs, de la lumière et de la beauté sur la création de montres dans le but d’améliorer la qualité de vie de ses clients à travers ses produits, que l’on parle de montres extra-plates ou de grandes complications : « Notre créativité est le fruit d’un parcours différent, expliquait-il. A la base, nous sommes des joaillers, des joaillers italiens, je dirais même romains. C’est ce qui nous rend uniques dans l’univers de la Haute Horlogerie. Nous nous intéressons aux romances, à la lumière, aux proportions… Et notre histoire est romaine, peuplée de réalisations comme le Colisée ou le Panthéon qui exercent une grande influence sur notre créativité. C’est cet héritage qu’il faut apprendre à gérer en tant que créateur. »

Nous avons déjà eu des montres qui ont patienté trois à quatre ans avant d’être présentées.
Fabrizio Buonamassa

Pour Fabrizio Buonamassa, tout est également question de timing quand il s’agit de présenter de nouvelles pièces, une commercialisation immédiate n’étant pas forcément le bon choix. « Il faut d’abord être sûr de son innovation, que ce soit en termes d’esthétique, de mouvement ou de matériau. Parfois, toutes les conditions semblent réunies mais il est préférable d’attendre car le moment n’est pas propice. Nous avons déjà eu des montres qui ont patienté trois à quatre ans avant d’être présentées. Il nous semblait alors que les clients n’étaient pas prêts. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte. » C’est une des raisons qui poussent les marques à consulter leurs meilleurs clients et quelques points de vente pour conforter leurs options. Rudy Albers de Wempe raconte qu’il a fréquemment droit à des visites de dirigeants ou de créateurs qui recherchent l’avis de la clientèle avant la sortie d’une nouvelle collection : « Nous avons la possibilité de nous exprimer sur certains aspects de la montre comme le bracelet, la couleur du cadran, voire l’esthétique générale, précise-t-il. A ce stade, la montre n’est plus un accessoire pratique qui donne l’heure, c’est une pièce de joaillerie ou de Haute Horlogerie que l’on adore contempler. Il est donc primordial que le design plaise aux clients. »

Les contraintes, moteur de la créativité

Bien que chaque marque ait ses particularités, lorsqu’il s’agit de création, elles se retrouvent sur un certain nombre de points essentiels. « Il vous faut comprendre l’esprit et la personnalité de la collection avant de la développer jusqu’au bout, explique Stéphane Belmont. Ensuite, vous devez convaincre les gens à l’interne que la montre sera un succès. Les créateurs, les horlogers, les décorateurs, soit le premier filtre, doivent évidemment en être convaincus. Le processus peut donc être relativement long, sans savoir quand il aboutira. » « Tels sont les mystères de la création, renchérit Fabrizio Buonamassa. Quand vous débutez sur un nouveau projet, vous ne savez jamais quand vous aurez terminé. » Même si, chez Bulgari, Fabrizio Buonamassa travaille en étroite collaboration avec le Directeur Général Jean-Christophe Babin, ce qui a pour avantage de raccourcir le processus de décision donc de création, « de la page blanche au design définitif, il peut se passer deux semaines ou… trois ans. »

In fine, c’est bel est bien le client qui déterminera si une montre acquiert un jour le statut d’icône.

Mis à part les questions de design ou de la motorisation, le créateur doit également tenir compte des contraintes de taille, de fonctions ou de matériaux. Pas un des intervenants ne semblait toutefois s’en émouvoir, à commencer par Stéphane Belmont : « Les contraintes stimulent la créativité ; elles poussent les gens à travailler plus dur, à s’essayer à de nouvelles solutions. C’est d’ailleurs ce qui rend tout le processus si excitant, même quand un projet semble a priori impossible à réaliser ».

Panel de discussion « Création horlogère » (de droite à gauche) : Stéphane Belmont - Jaeger-LeCoultre, Fabrizio Buonamassa - Bulgari, Rudy Albers - Wempe
Panel de discussion « Création horlogère » (de droite à gauche) : Stéphane Belmont - Jaeger-LeCoultre, Fabrizio Buonamassa - Bulgari, Rudy Albers - Wempe

Le dernier mot revient pourtant au client, comme le souligne Fabrizio Buonamassa : « Lorsque vous créez, vous n’êtes pas seul, vous avez besoin d’une équipe qui va transformer vos croquis en un produit tangible. Ensuite, il faut le vendre. Toute la différence entre un créateur et un artiste est là. L’artiste crée selon sa propre sensibilité sans trop se soucier des aspects commerciaux. C’est juste une question d’ego. Le créateur, en revanche, doit vendre sa création. Ce qui explique toute l’importance d’avoir des retours à la fois des clients et des marchés ». In fine, c’est bel est bien le client qui déterminera si une montre acquiert un jour le statut d’icône. Avis partagé par Rudy Albers et Fabrizio Buonamassa. Pour autant que l’innovation soit au rendez-vous !

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