A priori, rien ne relie les Maisons Bovet Fleurier et Christiaan van der Klaauw. L’une porte le nom d’un horloger célèbre qui a fondé son atelier au XIXe siècle ; l’autre celui d’un constructeur contemporain. La première a écrit quelques-unes des belles heures de l’histoire suisse de la mesure du temps ; la seconde, d’origine néerlandaise, fait partie de l’Académie horlogère des créateurs indépendants qui se singularise notamment par son cosmopolitisme. Rien ne les relie et, pourtant, toutes deux ont fait le déplacement à Dubai pour aller à la rencontre des aficionados de la région, témoignant d’une certaine communauté d’esprit. Rencontre.
Bovet Fleurier, la défense d’un patrimoine
En déambulant dans les dédales du Dubai International Financial Center, site d’accueil de la manifestation, Pascal Raffy, propriétaire de Bovet Fleurier depuis 2001, dégage cette assurance propre aux hommes sûrs de leur fait. Sûr d’avoir fait le bon choix en reprenant une marque qui ne produisait que 133 montres lors de son rachat, sûr également d’avoir pris les bonnes options cinq ans plus tard en la dotant des capacités manufacturières qui lui manquaient pour mieux l’installer dans le château de Môtier, un bien immobilier ayant appartenu à la famille Bovet, dont les activités horlogères remontent à 1822. « En 14 ans, nous avons intégré progressivement les mouvements, les spiraux, les cadrans et les boîtiers sans avoir vendu notre âme, explique-t-il. Une verticalisation qui s’est faite en ayant toujours à l’esprit une idée claire et précise, celle de défendre le patrimoine historique de Bovet. Et pour une raison bien simple, personnellement, je crois à une horlogerie où l’être humain est au centre. »
Si Pascal Raffy affiche une telle sérénité alors que nombre de marchés sont en pleine déroute, c’est que la construction de Bovet est restée conforme à cette règle de base selon laquelle l’important n’est pas tellement de briller mais de durer. « En 2013, j’ai eu l’intuition que l’avenir allait nous réserver des surprises. Et pas forcément bonnes. J’ai donc calculé des budgets sans croissance pour les années 2014 à 2016. En d’autres termes, ce qui arrive aujourd’hui, nous y étions préparés. Alors oui, la situation est difficile, mais dans l’ensemble je peux d’ores et déjà dire que l’exercice 2015 sera satisfaisant. » Le lancement récent de la nouvelle collection 19Thirty y est certainement pour quelque chose. Avec cette première montre en acier inspirée d’un chronomètre de poche maison des années 1930, Bovet se démocratise. Sans abandonner la passion qui anime Pascal Raffy depuis le début de l’aventure contemporaine de Bovet pour des « garde-temps qui parlent ».
Nous voulons perpétuer ces savoirs avec une horlogerie entièrement dédiée aux indications astronomiques.
Christiaan van der Klaauw, une astronomie intelligible
Avec la montre Midnight Planetarium de Van Cleef & Arpels, le commun des mortels a découvert une signature jusque-là peu connue, celle de Christiaan van der Klaauw, concepteur du mouvement. Fondée en 1974 par l’horloger éponyme, membre de l’Académie horlogère des créateurs indépendants, la Maison s’est singularisée par le fait qu’il s’agit du seul et unique atelier à n’avoir jamais produit que des garde-temps astronomiques depuis sa création. D’abord spécialisée dans les pendules, la marque fêtera l’an prochain les 20 ans de sa toute première montre-bracelet, la CVDK Satellite du Monde. « Aux Pays-Bas, il existe une forte tradition dans l’astronomie, notamment depuis les travaux de Christiaan Huygens, explique Daniël Reintjes, CEO et directeur créatif de la Maison. Avec nos montres Christiaan van der Klaauw, nous voulons perpétuer ces savoirs avec une horlogerie entièrement dédiée aux indications astronomiques. » Designer au service de l’horloger néerlandais pendant une dizaine d’années, Daniël Reintjes a bénéficié de ce partenariat pour lui succéder à la tête de l’entreprise qu’il reprend en 2009 avec trois amis.
« Depuis cette date, nous avons travaillé à moderniser Christiaan van der Klaauw, poursuit-il. Les montres de la marque étaient pour la plupart très complexes et souvent difficiles à fiabiliser. Dans un premier temps, nous avons donc cherché à simplifier nos montres, à les rendre plus lisibles et intelligibles sur la base de mouvements automatiques de qualité. Nous achetons ainsi les calibres de base en Suisse et nous développons en interne les modules astronomiques additionnels. À l’heure actuelle, nos capacités de production, fortes de trois horlogers, nous permettent de réaliser entre une et huit montres par module et par an, le but étant bien évidemment de croître non pas tellement en quantité mais en créativité. » Une joie pour les collectionneurs.