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« Écojoaillerie », un concept qui fait son chemin
Economie

« Écojoaillerie », un concept qui fait son chemin

lundi, 14 décembre 2020
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Si les principes de développement durable connaissent déjà un large écho dans les filières de l’or et du diamant, le processus en est encore à ses débuts dans celle des pierres de couleur. Dans une industrie fragmentée à l’excès, les premiers succès sont toutefois au rendez-vous.

La question devrait être systématique. À chaque achat d’un produit de luxe façonné en or avec des pierres précieuses, le client devrait s’enquérir de la provenance des matériaux. Avec l’immédiateté de l’information devenue cosmopolite, il n’est tout simplement plus possible d’ignorer que l’or et ces gemmes qui font rêver sont également à la source d’atteintes graves aux droits sociaux et à l’environnement, quand ils ne sont pas associés à des conflits armés et au terrorisme. À défaut d’être systématique, la question commence toutefois à tarauder suffisamment les jeunes générations pour que, de l’autre côté du comptoir, le vendeur ne soit plus systématiquement pris de court. Et pour que l’industrie se mobilise autour de codes de bonnes pratiques à même d’insuffler une éthique des affaires dans ces filières pour le moins opaques. Mais ce qui est vrai pour l’or et le diamant, où la chaîne de valeur est de plus en plus réglementée et surveillée, l’est nettement moins en ce qui concerne les pierres de couleur.

Une structure morcelée

La raison tient essentiellement à la structure de cette industrie. « Une soixantaine de pays est concernée aujourd’hui par l’extraction des pierres de couleur, explique dans L’Officiel Horlogerie & Bijouterie Émilie de Poncheville, responsable des ventes auprès de la Maison Piat, lapidaire parisien bien connu. Mais contrairement à ce qui caractérise l’extraction du diamant, où 85 % des mines sont industrielles, dans le domaine des pierres de couleur, 80 % des exploitations sont artisanales. Nous sommes donc face à de petites mines, de nombreux acteurs et des pays dont les structures financières, juridiques et politiques n’ont rien à voir avec les nôtres. » Selon les estimations de la branche, 30 millions de mineurs artisanaux sont en effet actifs dans l’extraction de pierres de couleur de par le monde, dont 2 millions d’enfants appartenant à ces cellules familiales qui perpétuent le métier de génération en génération. Et c’est encore sans parler des conditions d’extraction ou du trafic des pierres, servant par exemple à financer les Talibans en Afghanistan et les militaires en Birmanie, théâtre du drame humanitaire des Rohingyas.

Chaque pierre précieuse de couleur possède une chaîne d’approvisionnement unique.

« Plus de 200 types de pierres précieuses sont utilisés en joaillerie, provenant pour la plupart d’artisans et de petits exploitants, commercialisées ensuite dans le cadre d’une économie largement informelle. Chaque pierre précieuse de couleur possède une chaîne d’approvisionnement unique. Dans ce contexte, aucune solution de durabilité à l’échelle de l’industrie n’a encore été en mesure de faire face à cette complexité. Dans une industrie aussi diversifiée, basée principalement sur des entreprises familiales et à petite échelle, y compris les mineurs artisanaux, les tailleurs et polisseurs, les négociants et les fabricants, il ne peut y avoir de solution unique », explique Chopard, l’une des Maisons les plus engagées dans ce domaine qui entamait en 2013 déjà son « Voyage vers un luxe responsable ». Et Chopard de saluer l’initiative du Colored Gemstones Working Group (CGWG), réunissant depuis 2015 plusieurs ténors de la branche, à savoir Gemfields, compagnie minière incontournable dans les pierres de couleur, accompagnée de Kering, LVMH, Richemont, Swarovski et Tiffany. Deux ans plus tard, la société minière colombienne Muzo rejoignait le Groupe, suivie par Chopard en 2019.

Effet boule de neige

Or, après cinq ans de travail, le CGWG, dont l’objectif est de généraliser les pratiques responsables et transparentes dans la filière des gemmes de couleur, est parvenu à un premier résultat avec le soutien de la société de conseil TDI Sustainability. Résultat qui s’est traduit par le lancement cette année d’une plateforme internet, testée depuis trois ans auprès de 150 entreprises du secteur, qui a pour but d’encourager tous les acteurs de ces écosystèmes à s’engager dans la voie du développement durable. « Cette “Gemstones and Jewellery Community Platform” veut atteindre toutes les plus petites entités concernées, de la mine au détaillant en passant par les négociants, tailleurs et polisseurs, explique Assheton Carter, fondateur et CEO de TDI Sustainability. Cela permettra par exemple à un négociant en Tanzanie de trouver en ligne tous les outils, modèles et connaissances nécessaires pour répondre aux questions que les clients à Genève, Londres ou New York pourraient lui poser à propos de ses pratiques responsables. Il pourra ensuite partager en ligne les efforts consentis en la matière de manière à satisfaire les attentes du marché. Il s’agit donc d’amener les petits producteurs dans un écosystème durable et surtout pas de les exclure du marché. »

C’est pour nous un privilège de pousser notre communauté à faire mieux !
Veronica Favoroso

Inutile de dire que Chopard salue avec enthousiasme la naissance de cette nouvelle plateforme qui propose sans frais des outils d’apprentissage et d’évaluation « en tous points conformes à sa philosophie ». En parallèle, d’autres initiatives sont également en train de donner du relief à cet engagement responsable au sein de l’industrie. Après la solution proposée par l’École polytechnique fédérale de Zurich et les laboratoires du détaillant et gemmologue suisse Gübelin offrant un nouveau procédé de traçabilité des pierres de couleur permettant d’obtenir des informations quant aux caractéristiques de la mine ou le nom de l’exploitation ; après l’extension aux gemmes de couleur du Code de bonnes pratiques du Responsible Jewellery Council ; après encore la Provenance Proof Blockchain, toujours proposée par Gübelin en partenariat avec Everledger garantissant la traçabilité de la pierre à chaque étape de la chaîne de valeur, voici donc Gemolith, une nouvelle place de marché en ligne développée par la société GemCloud, elle-même en relation étroite avec le CGWG. Gemolith propose ainsi l’accès à quelque 10’000 pierres de couleur certifiées. « Nous avons fait des solutions encourageant l’approvisionnement responsable notre priorité absolue, commente Veronica Favoroso, CEO de GemCloud. Aujourd’hui, nous savons tous l’importance de pratiques durables. C’est donc pour nous un privilège de pousser notre communauté à faire mieux ! »

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