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En horlogerie, le Bauhaus n’est pas mort
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En horlogerie, le Bauhaus n’est pas mort

mardi, 25 octobre 2011
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Le célèbre institut des arts et métiers fondé en 1919 à Weimar par Walter Gropius continue de faire des émules horlogers, notamment auprès de Maisons allemandes comme Stowa, Junghans ou Nomos. Alain Silberstein lui avait déjà rendu hommage, tout comme Zeno. Patek Philippe récidive avec son récent Régulateur à Quantième Annuel.

Junghans, Nomos, Stowa, ces noms ne sont peut-être pas des plus familiers aux oreilles des aficionados de belle mécanique. Ils n’en participent pas moins au renouveau de l’horlogerie allemande avec comme point commun des références appuyées aux lignes directrices du Bauhaus. Inutile de faire l’apologie de ce courant de pensée artistique né avec Walter Gropius en 1919 lorsqu’il fonde le Staatliches Bauhaus à Weimar (Allemagne), institut des arts et métiers fermé par les nazis en 1933, qui exercera néanmoins une influence de tout premier ordre dans des domaines aussi variés que l’architecture, le design, la mode, la peinture, la photographie et les arts plastiques.

La fonction dicte la forme

Pour les artistes, il s’agit dès lors d’assimiler les principes modernes de production en série et de préfabriqués. L’esthétique doit cohabiter avec la technique, les beaux-arts avec l’industrie. La main de l’artisan et celle de l’artiste n’en sont plus qu’une, appelée à maîtriser la machine dans la mesure où la forme est dictée par la fonction. On ne saurait certes résumer le Bauhaus à ces quelques mots tant la réflexion a eu un ancrage particulier dans le développement de notre société contemporaine. À ce stade, il est toutefois intéressant de noter que l’horlogerie n’a pas échappé à ce courant de pensée qui s’exprime encore aujourd’hui, notamment auprès des Maison allemandes, tradition oblige.

Dans les années 1960, Junghans, une manufacture fondée au cœur de la Forêt-Noire en 1861, chronométreur des Jeux olympiques de Munich en 1972, collabore étroitement avec l’architecte suisse Max Bill, l’une des figures marquantes du Bauhaus. À l’occasion de son 150e anniversaire, fêté cette année, la marque, reprise par la famille Steim, dont l’activité industrielle est également basée en Forêt-Noire, n’a pas manqué de redonner vie à ces modèles iconiques dont l’élégance « Made in Germany » n’a pas pris une ride. En guise d’exemple, la Max Bill Automatique « Chiffres » ou Automatique « Barres », cadran de 38 mm au design simple et épuré, verre convexe en Plexiglas, mouvement automatique 2824-2 d’ETA.

« Trop de fonctions nuisent à la sobriété »

Autre Maison à se réclamer de cette fonctionnalité épurée et pourtant tellement contemporaine : Nomos, dont le nom existait déjà au début du XXe siècle, repris par Roland Schwertner en 1990 à Glashütte, berceau de l’horlogerie allemande, pour lancer sa marque. C’est à Suzanne Günther que la Maison doit son style Bauhaus, prolongé aujourd’hui notamment par la patte de la designer industrielle hambourgeoise Karin Sieber. À ses débuts, l’entreprise travaillait sur la base de calibres issus du Peseux 7001 d’ETA, doté d’une réserve de marche de 45 heures. Mais depuis 2005, Nomos n’a pas ménagé ses efforts pour avoir à son actif aujourd’hui pas moins de sept mouvements maison, baptisés selon l’alphabet grec (Alpha, Beta, Gamma, Delta, Epsilon, Zeta et Xi), comme le veut son propre nom, qui signifie « droit » dans la langue d’Aristote. Depuis 2007, la célèbre compagnie allemande Wempe travaille en étroite collaboration avec Nomos, qui a entre autres réalisé en édition limitée la Nomos Tangente Wempe, pour le 125e anniversaire de l’horloger joaillier allemand.

Stowa fait également partie de ce petit cercle de Maisons allemandes qui s’ingénient à perpétuer les lignes du Bauhaus, notamment avec sa collection Antea, inspirée d’un modèle de la marque datant des années 1930. Fondée en 1927 par Walter Storz, Stowa reproduit de manière fidèle une approche qui, selon Jörg Schauer, propriétaire de la marque depuis 1996, « ne peut pas être un style dans lequel on pourrait développer toute sorte de complication. Trop de fonctions nuiraient à la sobriété du design ». Pour preuve, l’Antea 390 Day-Date, présentée à Baselworld cette année, dotée du mouvement automatique 2836-2 d’ETA, avec date et jour par guichet à 6 heures, une pure réinterprétation du fonctionnalisme de Weimar.

Stowa Antea Day Date © Stowa
Stowa Antea Day Date © Stowa
Référence appuyée chez Patek Philippe

De l’autre côté des frontières allemandes, certaines Maisons ont suivi le même chemin, se réclamant du Bauhaus pour des modèles clairement inspirés de cette « ligne claire », comme aurait pu le dire Hergé. À commencer par Alain Siberstein et sa Krono Bauhaus, ou encore Zeno et sa Bauhaus 3532. Patek Philippe est également sur les rangs. En parlant de la Calatrava, dont la première version est apparue en 1932, Estelle Fallet, conservatrice du musée de l’Horlogerie de Genève, parle d’une pièce remarquable pour avoir « appliqué les principes du Bauhaus au design horloger ». En plus de septante ans, la Calatrava a certes beaucoup évolué sans jamais se départir de sa discrétion et de sa pureté d’origine.

Cette année encore, la Maison présentait un Régulateur à Quantième Annuel référence 5235 qui offre plusieurs particularités inédites dans les collections de la manufacture : première montre-bracelet Patek Philippe à cadran de type régulateur avec grande aiguille centrale des minutes, cadran auxiliaire des heures à 12 heures et petite seconde à 6 heures, premier mouvement automatique extra-plat à microrotor, premier calibre de base intégrant des composants en Silinvar® (roue d’ancre, ancre et spiral), dérivé novateur du silicium. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette nouveauté a pris la forme d’une Calatrava. Et la Maison de commenter : « La construction classique en trois pièces, avec lunette, carrure et fond en or gris 18 carats, est fidèle au principe du Bauhaus : la forme est dictée par la fonction. » Contrairement à ce que veulent nous faire croire certains horlogers, lire l’heure sur sa montre n’est finalement pas si incongru, noblesse des formes oblige…

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