Hermès s’approprie la poésie du temps

Le Temps suspendu est une question d’appropriation, comme l’explique Philippe Delhotal, le directeur de la Création et du Développement de La Montre Hermès, rencontré à Baselworld. « Dans le domaine horloger, le territoire qu’Hermès veut conquérir recouvre un temps particulier qui permet de mettre en valeur notre travail d’artisan, explique-t-il. Dans cette optique, nous avons commencé avec la Cape Cod Grandes Heures, qui offre un temps personnalisé avec une accélération et un ralentissement du défilement des heures selon que l’on se trouve en mode accelerando, correspondant aux activités professionnelles, ou adagio, pour ces moments précieux dévolus au plaisir de la vie. Ce mouvement à vitesse variable développé avec Dubois Dépraz demandait bien évidemment une suite logique, que nous proposons aujourd’hui avec Le Temps suspendu. »

Pour réaliser cette pièce, Hermès a fait appel à Jean-Marc Wiederrecht, fondateur d’Agenor et grand spécialiste des indications rétrogrades. « Ma rencontre avec Hermès date de plus de trois ans, explique-t-il. Et l’idée de départ était d’arrêter littéralement le temps, de le suspendre. Résultat, nous avons conçu un mouvement qui permet de sortir du temps via une simple pression sur la couronne. Les aiguilles des heures et des minutes se positionnent alors vers 12 heures et l’aiguille du quantième positionnée sur un compteur à 5 heures disparaît. Une nouvelle pression sur la couronne remet le tout à l’heure et à la date quelle que soit la durée de suspension du temps. »

Une montre ludique par excellence

En d’autres termes, les trois aiguilles sont rétrogrades, activées par un module additionnel permettant une alternance du temps réel et du temps suspendu qui fonctionne sur la base de deux roues à colonnes synchronisées, l’une pour les heures, l’autre pour les minutes et la date. « Pour bloquer le temps, on soulève donc un secteur de la montre via une roue à colonnes, soit un système relativement complexe composé de 140 pièces, poursuit Jean-Marc Wiederrecht. Cela dit, ce n’est pas la technologie qui importe mais la philosophie qui se cache derrière une montre qui donne l’heure, certes, mais qui permet de jouer avec le temps. »

Pour peaufiner son modèle, Hermès a également travaillé sur les proportions de sa bote Arceau tout en créant une nouvelle police pour les chiffres des heures dans un parfait style Hermès. Pas question en outre de fournir un mode d’emploi de la montre. Le monde des complications horlogères n’étant pas la marque de fabrique de la Maison, une prise en main suffit pour comprendre que le temps est ludique pour qui sait se l’approprier.