Des codes insufflés par Gabrielle Chanel, elle a tout pris. Le noir. Le blanc. L’élégance des contrastes et l’intemporalité des lignes simples. Et pourtant, si la J12 imprime dans chaque détail l’esprit Chanel, ce n’est pas sous le trait de crayon de Coco qu’elle a pris forme. Ce coup d’éclat horloger qui dure depuis 18 ans est le fruit du regretté directeur artistique de la Maison, Jacques Helleu, qui 13 ans plus tôt avait fait entrer Chanel dans le monde de l’horlogerie avec la montre Première. À l’époque, les experts de la profession étaient restés dubitatifs devant les velléités d’une maison de Haute Couture de s’inviter sur le territoire horloger. Avec la J12, toutes les barrières sont tombées.
Un matériau, une révolution
Mademoiselle Chanel aimait à dire : « Le noir tient tout. Le blanc aussi. Ils sont d’une beauté absolue. C’est l’accord parfait. » Dès son lancement, la J12 scelle cet accord en provoquant une véritable révolution stylistique dans l’horlogerie. L’utilisation de la céramique technique n’en est encore qu’à ses prémices, seule la maison Rado a jusqu’alors osé miser sur ce matériau aussi innovant que difficile à usiner avec une collection dévoilée en 1986. C’est pourtant la J12 qui lancera véritablement la tendance sur la scène horlogère avec un écho médiatique retentissant.
Comme toujours chez Chanel, le design préside à la création, la technique suit. Les questions que se pose alors Jacques Helleu sont simples. Comment sublimer le noir, si cher à Gabrielle Chanel ? Comment capturer son éclat pour mieux le faire rayonner ? La céramique s’impose rapidement comme la solution idéale. Ce matériau multiplie les avantages. Six fois plus dure que l’acier, elle est inrayable, hypoallergénique et s’ajuste naturellement à la température de la peau. Bien que sa production se révèle d’une extrême complexité, Chanel met au point sa propre formule, un mélange de poudres de dioxyde de zirconium et d’yttrium, de minéraux naturels, de pigments et d’un substrat liant chauffés à plus de 1’000 degrés. Après plusieurs étapes de polissage en machine, le résultat est saisissant. Les lignes sportives de la J12 que Jacques Helleu a voulues simples et essentielles s’habillent d’un noir absolu. La carrure de la boîte en céramique est surmontée par une large lunette sportive cerclée d’acier cannelé. Le bracelet déploie quant à lui ses trois rangs de maillons articulés avec souplesse tout autour du poignet, comme un maillage seconde peau. Côté cadran, le noir dicte là aussi sa loi, tout juste ponctué par les 12 chiffres arabes, la minuterie de chemin de fer située au centre du cadran et la mention « Automatic » indiquant la nature mécanique du mouvement.
La presse la décrit comme un véritable phénomène. Mieux, on lui alloue le statut d’"icône horlogère du XXIe siècle".
Un phénomène
Dès son entrée en scène, le succès de la J12 est fulgurant. La presse la décrit comme un véritable phénomène. Mieux, on lui alloue le statut d’« icône horlogère du XXIe siècle ». En toute logique, Chanel la décline, à peine trois ans plus tard, dans une version en céramique blanche dont l’éclat quasi opalescent rappelle les fameux camélias que Gabrielle Chanel portait à la boutonnière. Pour faire face à la demande, la maison aux deux « C » entrecroisés intègre tous les savoir-faire liés à la production de céramique dans les ateliers de sa manufacture G&F Châtelain, à La Chaux-de-Fonds. En 2005, le tourbillon de la réussite ouvre la voie à de nouvelles variations. La J12 se dote alors d’un tourbillon. Cinq ans plus tard, l’expertise horlogère s’invite de nouveau au cœur de l’icône de Chanel, qui dévoile un mécanisme rétrograde mystérieux. Dans le calendrier de la J12, l’année 2011 est également celle d’une innovation avec l’introduction de la Chromatic sculptée dans la céramique de titane qui lui confère une couleur de ciel d’orage dont les nuances varient en fonction de la lumière.
Reine de précision, reine de mode
Au fil des ans, la J12 s’est révélée sous de multiples facettes. Tour à tour en tenue de soirée sertie de diamants ou en combinaison de sport parée d’une lunette tournante unidirectionnelle bleue. Poids plume également avec la Superleggera taillée dans la céramique et l’aluminium. On l’a découverte en reine de précision, cadencée par le calibre 3125 personnalisé par Audemars Piguet pour Chanel avec un rotor en céramique high-tech noire monté sur un roulement à billes en céramique. En reine de mode aussi, plus glamour que jamais dans une version XS déclinée sur une manchette de cuir ou de sequins brodés par la Maison Lesage. En bague, également, accessoire indispensable de celles qui veulent garder le temps à portée de la main. Mais au gré de ces nombreuses versions, la J12 n’a jamais perdu son identité. Le noir, tout d’abord. Le blanc, ensuite. Et la magie de la céramique pour couronner les lignes chics et emblématiques qui l’habillent depuis 18 ans.