Au troisième jour du Salon et compte tenu du contexte, nous pouvons afficher une certaine satisfaction. Les commentaires sur nos produits sont positifs, tout comme le sont les commandes. Après deux jours, nous avions déjà rempli nos objectifs fixés pour cette édition du SIHH. Cela dit, nous avons déjà senti un changement ces derniers mois, notamment auprès de nos partenaires. En termes de ventes au détail, décembre a même été le meilleur mois jamais réalisé par Jaeger-LeCoultre. Il est vrai que notre réseau de boutiques en propre s’est étoffé mais pas depuis un an et demi. Si l’on excepte Tokyo, il n’y a pas eu d’ouvertures majeures durant ce laps de temps. Avec 93 boutiques Jaeger-LeCoultre de par le monde, nous avons grosso modo atteint la taille que nous nous étions fixée. Mais pour en revenir à la conjoncture, après un bon mois de décembre, les résultats de janvier devraient confirmer ces nouvelles dispositions des marchés.
Il ne faut pas surréagir à tout. Le marché horloger n’est pas en pleine déliquescence, comme on a pu l’entendre. Avec les années d’euphorie, les Maisons sont devenues trop gourmandes. Certes, nous avons subi un revers cette dernière année. Et nous sommes revenus aux niveaux connus en 2013 et 2014. Mais je rappelle que ces années-là nous sabrions le champagne en célébrant des années records. Alors ne cédons pas au catastrophisme. L’appétence pour le luxe reste élevée. À l’heure actuelle, les liquidités dans les marchés sont abondantes et les rendements sont faibles. À nous de rassurer la clientèle sur la valeur ajoutée de nos produits, leur qualité et leur légitimité. Il y a clairement des opportunités à saisir.
Lancée en 2012, la gamme féminine Rendez-Vous représente aujourd’hui 45 % de notre chiffre d’affaires.
Depuis trois ou quatre ans, nous nous sommes montrés très vigilants, en conformité avec notre statut de manufacture. Nous avons donc pu nous limiter à quelques rachats partiels de stocks, généralement sur des produits de peu de valeur, pour nettoyer certains segments de marché. Pour prendre un exemple, nous commercialisons actuellement des répétitions minutes de quatrième génération. Or certains détaillants en étaient encore à la deuxième. Nous reprenons donc ces pièces. Les boîtiers sont fondus et les mouvements détruits.
Non, je pense que nous nous déployons sur l’ensemble des segments. Notamment vers le très haut de gamme, avec une Hybris Artistica à près de CHF 300 000. Ou encore avec notre Geophysic Tourbillon Universal Time, proposée à CHF 150 000. Nous pensions que l’ère du tourbillon tendait à sa fin. Le succès de ce modèle qui en offre une interprétation originale sous la forme d’un tourbillon volant orbital tend à démonter le contraire. Nous en avons d’ailleurs déjà écoulé cinq fois plus que prévu. Cette pièce est notre troisième meilleure vente.
Sans surprise, il s’agit des montres de notre collection féminine Rendez-Vous, sur laquelle nous insistons cette année. Les Reverso viennent en deuxième position. Lancée en 2012, la Rendez-Vous représente aujourd’hui 45 % de notre chiffre d’affaires. Cela nous conforte dans l’idée que nous avons eu raison de créer cette ligne véritablement dédiée à la femme avec des pièces simples, élégantes et à petites complications. Il n’était pas question de décliner nos montres masculines en petits modèles. C’est pourquoi nous avons créé un univers propre aux amatrices d’horlogerie. Il y avait clairement un marché à prendre. Marché qui garde d’ailleurs tout son potentiel si l’on en juge de l’offre sur ce segment. Personnellement, je pensais que la Rendez-Vous allait être fortement concurrencée. Mais, je constate que la force de nos produits reste intacte.
Pour l’instant, l’acquisition en ligne de montres Jaeger-LeCoultre ne représente que 3 % de nos ventes.
Je n’irai pas par quatre chemins. Personnellement, je suis de la vieille école et je pense que les amateurs prêts à investir CHF 10 000 à 20 000 dans une montre voudront probablement l’essayer à leur poignet. Quoi de plus naturel si l’on veut que l’émotion parle ? Je pense également qu’ils ont droit à une forme d’accueil privilégié de notre part. Nous parlons là de sommes déjà conséquentes. Cela dit, nous aurions tort de fermer la porte à ce type de solution. C’est pourquoi nous sommes présents sur quatre continents avec une offre disponible en ligne. Mais pour l’instant, ce canal ne représente que 3 % de nos ventes ! Attendons donc encore un peu avant de parler de solution d’avenir.