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Kaléidoscope horloger
SIHH

Kaléidoscope horloger

mardi, 29 janvier 2019
Par Flavia Giovannelli
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Flavia Giovannelli

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12 min de lecture

Longtemps, l’horlogerie de luxe s’est cantonnée dans des couleurs classiques, à quelques notables exceptions près. Or, dans le souci de se différencier ou de passer un message, les marques sont toujours plus nombreuses à découvrir les joies d’un monde tout en nuances. Confirmation au SIHH 2019.

Dans le gris de l’hiver, y a-t-il plus grande tentation que ces montres de Haute Horlogerie qui se déclinent en bleu, vert, peut-être même rose, jaune ou rouge ? Cette explosion pop permet à la fois de se distinguer de ses concurrents et de marquer symboliquement une collection spéciale, une série limitée, voire un modèle dédié à un ambassadeur de la marque. En résumé, il n’est pratiquement plus une seule Maison à s’en priver. Progressivement, la couleur a même gagné les coulisses des mouvements. Certains essaient aussi d’utiliser des matériaux particuliers, comme la céramique ou le titane déclinés dans des teintes inédites qui demandent souvent des prouesses techniques de la part des équipes de R&D.

Limelight Gala © Piaget
Limelight Gala © Piaget

Pour mémoire, les débuts de cette approche chromatique remontent à la vogue des réinterprétations de modèles vintage. Les Maisons ont alors pris soin de rester fidèles aux codes couleur d’origine dans des teintes de vert, bleu, orangé ou marron typiques des années 1960 et 1970. Le Chronographe Aquanaut de Patek Philippe, présenté avec succès au dernier Baselworld avec ses index et aiguilles orange, en offre un excellent exemple. Plus proche de nous, au dernier SIHH, Piaget a également fait toute la démonstration de son attachement aux couleurs de ces années décomplexées, notamment avec un cadran aux magnifiques zébrures en malachite vert foncé sur sa dernière Limelight Gala, quand ce n’est pas sa Possession qui prend des teintes cerise.

Honneur au bleu

Mais honneur, d’abord, à l’une des couleurs les plus populaires en Haute Horlogerie, déjà un classique, à savoir le bleu. Entre les modèles 2018 et ceux présentés en début d’année au Salon de Genève, les exemples sont légion, à commencer par Panerai, qui dévoile une Submersible Édition Guillaume Néry avec lunette en céramique bleue. Dans les mêmes tons, on a pu découvrir l’an dernier une Happy Sport Blue Edition de Chopard qui fait danser les saphirs. Ou encore le modèle IWC Tribute to Pallweber Edition, réalisé en l’honneur des 150 ans de la manufacture, qui se pare aussi d’un cadran bleu laqué. Au SIHH, Vacheron Constantin parait de bleu sa nouvelle collection Fiftysix et Jaeger-LeCoultre animait sa collection Master Ultra Thin de magnifiques cadrans en émail bleu guilloché. Autre tonalité à se frayer un chemin chez les horlogers : le vert. Ce mois-ci, il s’est fait kaki dans la ligne vintage 1858 de Montblanc ou translucide en verre de Murano avec l’étonnante pendule Medusa de MB&F + L’Épée 1839. Il s’est également immiscé en vert camouflage sur la Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet ou alors en vert anglais sur le cadran de la nouvelle Spitfire Chronographe en bronze.

Happy Sport Bucherer Blue Editions © Chopard
Happy Sport Bucherer Blue Editions © Chopard

Pour les montres joaillières, les associations de couleurs restent du pain béni. Cet automne, Parmigiani s’est ainsi associé à Gübelin Jewellery pour proposer un modèle Tonda 1950 paré de rubis. Outre les 84 pierres qui sertissent le cadran de nacre, cette pièce, proposée en édition limitée, se remarque surtout par sa masse oscillante laquée de rouge, une première dans l’histoire de la manufacture. Commentaire d’Anne-Laure Parmigiani, créatrice du design de cette montre : « Il était très intéressant de s’inspirer du monde intérieur du rubis. Il en résulte une montre féminine, qui reflète intuitivement l’élégance raffinée du bijou de Gübelin Jewellery. » On retrouve aussi des rubis sur la nouvelle interprétation de la Tank Chinoise présentée par Cartier au SIHH 2019, qui se pare également de diamants. Chez Hublot, ce sont les tourmalines Paraíba, pierres d’exception, qui sont à l’honneur en ce début d’année, après la fort remarquée One Click Calavera Catrina et ses 42 saphirs couleur arc-en-ciel dévoilée en fin d’année dernière en l’honneur du très populaire El Día de los Muertos mexicain.

Tout est possible

Une fois que le verrou a sauté, même les couleurs réputées délicates en Haute Horlogerie arrivent à s’imposer, pour peu qu’on les associe à un univers qui fait sens. Richard Mille, qui a imaginé une RM 67-02 rouge et jaune pour la nouvelle star du tennis, son ambassadeur Alexander Zverev, revient cette année avec une véritable bonbonnière multicolore au poignet. Comme toujours avec cette marque, l’attention se porte sur des matériaux particuliers, ici du Carbone TPT® associé à du Quartz TPT® décliné en divers coloris pour la composition du boîtier. Celui-ci prend ainsi des teintes insolites, comme un turquoise totalement inédit qui aura demandé un an de développement et que l’on retrouve sur la RM 07-03 Myrtille.

Une fois que le verrou a sauté, même les couleurs réputées délicates en Haute Horlogerie arrivent à se frayer un chemin.

En résumé, si presque tout devient possible, il faut aussi savoir à quel marché on s’adresse. En effet, les couleurs n’ont pas la même évocation d’une culture à l’autre. En Chine, par exemple, le rouge porte bonheur mais le vert est mal vu, ce qui est aussi le cas dans plusieurs contrées en Occident. En revanche, dans les pays islamiques, le vert est une couleur sacrée (celle du prophète), donc très recherchée. En conséquence, avant de déverser les feux de l’arc-en-ciel, l’étude des couleurs et leur sens caché évitera tout impair « diplomatique » !


 

Hublot voit rouge !

« Nos clients veulent des montres qui ne ressemblent à rien de ce qui se fait ailleurs. »

Pourquoi Hublot parie-t-il sur les couleurs vives : par souci d’être différent et audacieux ?

Raphaël Nussbaumer, Directeur Produit & Achats : Nous cherchons toujours à être les premiers, différents et uniques. Rares sont aujourd’hui les marques à se permettre de telles couleurs, mais nos clients veulent des montres qui ne ressemblent à rien de ce qui se fait ailleurs. Nous gardons cette idée en tête quand nous concevons nos produits. Pour prendre l’exemple de la Big Bang Calavera Catrina, nous nous sommes inspirés de ces têtes de mort (calaveras en espagnol) appelées Catrina, qui sont très colorées, car la fête des morts est une célébration festive au Mexique.

Big Bang Calavera Catrina © Hublot
Big Bang Calavera Catrina © Hublot
Pouvez-vous en dire plus sur les particularités ou les difficultés liées aux matériaux ?

Le développement de notre céramique de couleur rouge a pris plus de quatre ans. Hublot a toujours été précurseur avec ce matériau et avant-gardiste sur la combinaison de couleurs vives. Obtenir une belle céramique rouge par un procédé traditionnel est, de fait, très compliqué, car les pigments ont tendance à foncer avec la température. Notre département R&D a finalement réussi à combiner température et pression pour obtenir la teinte désirée. Il s’ensuit un long processus d’usinage et polissage pour obtenir une pièce d’une dureté exceptionnelle de 1’500 Vickers contre 1’200 Vickers pour les céramiques traditionnelles. En résumé, après avoir maîtrisé les couleurs de base, c’est un nouveau territoire de céramiques de couleur qui s’ouvre aux montres Hublot.

L’idée de « colorer » vos montres vient-elle de vos nombreux modèles sertis de pierres de couleurs vives ?

Les pierres serties nous permettent en effet de réaliser des pièces colorées comme avec les Big Bang Sapphire Rainbow ou Galaxy, mais on ne peut pas vraiment dire que c’est la joaillerie qui nous a menés à faire des montres colorées.


 

Bucherer voit ses partenariats en bleu

« Le bleu est la couleur de Bucherer depuis toujours. »

Le détaillant a lancé il y a trois ans la collection Blue Editions, soit une série de montres réalisées par ses partenaires et destinées aux boutiques Bucherer.

Fifty Fathoms Bathyscaphe Bucherer Blue Editions © Blancpain
Fifty Fathoms Bathyscaphe Bucherer Blue Editions © Blancpain
Pouvez-vous nous dire comment est née l’idée d’une collection autour du bleu ?

Jörg Baumann, Directeur Marketing & Business Development, Bucherer AG : L’idée de cette collection a permis de sortir en 2016 les premières montres Bucherer Blue Editions simultanément, soit 14 garde-temps exclusifs, créés en collaboration avec 9 marques horlogères de renommée mondiale. La collection comprend aujourd’hui 31 montres, toutes disponibles exclusivement chez Bucherer.

Quelle est la philosophie derrière cette collection ?

Les Bucherer Blue Editions sont l’expression unique de nos partenariats forts avec des marques reconnues. Elles soulignent également l’importance que revêt l’innovation dans notre entreprise. Il s’agit d’une collection lifestyle que les clients trouveront seulement dans nos magasins. Elle peut d’ailleurs prendre des contours complètement inattendus, comme avec la Harley Davidson Blue Edition, un modèle unique du célèbre constructeur de motos proposé avec un bijou et une montre Karl F. Bucherer intégrés dans le réservoir du bolide.

Pourquoi avoir choisi le bleu ?

Le bleu est la couleur de Bucherer depuis toujours. De plus, cette teinte évoque une multitude d’associations positives : élégance, harmonie, infini. C’est un classique intemporel. Dans l’histoire de l’horlogerie, le bleu joue également un rôle important : les aiguilles bleuies ont été utilisées très tôt. Le bleu a également été la première couleur utilisée pour les montres. Elle symbolise l’origine et en même temps la possibilité de rêver à quelque chose de nouveau.

Les nuances de bleu sont nombreuses. Qui opère les choix ?

La collection Bucherer Blue Editions se nourrit de la créativité de ses partenaires horlogers en coordination avec Bucherer. C’est donc à eux qu’il appartient d’interpréter le thème du bleu dans leur propre Blue Edition spéciale pour créer toute une variété de créations uniques. Les derniers membres de la famille sont deux exemples particulièrement réussis de la mise en œuvre très différente du bleu : l’icône Chopard Happy Sport fascine avec sa lunette en saphir. Tandis que la manufacture H. Moser & Cie a abordé la création d’une manière peu conventionnelle, mettant en scène le bleu non pas sur le cadran mais très subtilement sur les composants du calibre automatique et la doublure du bracelet.


 

Le pari pourpre de MB&F

« La plupart des horlogers évitent le violet, car il n’est pas « stable ». »

Et si la couleur servait à renforcer un message créatif ? Chez MB&F, on a choisi cette option avec la Legacy Machine No2. « Demandez aux gens leur couleur préférée et vous obtiendrez des « bleu », des « rouge », des « vert » mais très peu de « violet ». Le violet n’est pas une couleur conventionnelle et encore moins en horlogerie », commente Charris Yadigaroglou, responsable de la communication chez MB&F. Il rappelle aussi que MB&F avait déjà opté pour le violet dès 2011 sur les masses oscillantes de certains modèles comme la HM3 Frog Zr, la HM5 Carbon Macrolon ou la HM8 Only Watch.

LM2 White Gold Purple © MB&F
LM2 White Gold Purple © MB&F

Au passage, Charris Yadigaroglou précise que la plupart des horlogers évitent le violet, car il n’est pas « stable », tendant vers le bleu, voire le vert selon la lumière ou l’éclairage. « Pour nous, cet aspect changeant rend justement cette nuance plus cool ! » explique-t-il. En cette fin d’année, la LM2 White Gold Purple limitée à 12 pièces explore une dimension originale sous ses nouveaux atours. Recouvrant tout le « visage » de la Machine, le pourpre profond fait écho au mouvement LM2, tout aussi anticonformiste. Conçu par Jean-François Mojon et décoré par Kari Voutilainen, le calibre LM2 comprend deux balanciers volants et deux échappements totalement indépendants dont la moyenne de marche est déterminée par un différentiel planétaire central.

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