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La Fédération horlogère traque la contrefaçon sur le terrain
Culture

La Fédération horlogère traque la contrefaçon sur le terrain

lundi, 19 juillet 2010
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Lors du récent salon Environnement professionnel Horlogerie Joaillerie, Michel Arnoux, chef du service anticontrefaçon de la Fédération de l’industrie horlogère suisse est venu parler des expériences menées par son organisation sur le terrain.

On ne saurait plus évoquer l’univers de la Haute Horlogerie sans parler de la contrefaçon. Pour preuve, le dernier salon Environnement Professionnel Horlogerie Joaillerie, tenu en juin à Lausanne, consacrait un après-midi à la question avec plusieurs professionnels venus d’horizons différents. Parmi eux, Michel Arnoux, chef du service anticontrefaçon de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) qui a détaillé quelques initiatives prises par son organisation pour lutter contre un fléau qui aboutit quasi immanquablement au crime organisé.

Quelques chiffres

Mais quelques chiffres d’abord pour poser le décor. Selon les statistiques rapportées par Michel Arnoux, le marché global de la contrefaçon a passé de 100 à plus de 250 milliards de dollars entre 2000 et 2007. A ces niveaux, il représente 2% du commerce mondial tel que calculé par l’OCDE et coûte quelque 200’000 emplois, dont la moitié en Europe. En termes de produits et selon les saisies douanières, ce sont les textiles qui arrivent en tête avec plus de 60% du chiffre d’affaires mondial de la contrefaçon, suivis par les montres (10,4%), ce dernier segment ayant enregistré une croissance de 13% entre 2007 et 2008.

Pour ce qui de la provenance des contrefaçons horlogères, 84% ont pour origine la Chine, suivie par Hong Kong (10%) et la Thaïlande (2%). La production de fausses montres suisses avoisine les 40 millions de pièces par an, contre 25 millions de produits originaux, pour un chiffre d’affaires de l’ordre du milliard de franc suisse ($ 0,95 mia) ou 5% des ventes de cette industrie.

Destruction de montres contrefaites en Suisse © FH
Destruction de montres contrefaites en Suisse © FH
Opérations Dong et Tepito II

Devant l’ampleur du problème, la FH n’est pas restée les bras croisés avec 45 marques parmi ses 500 membres participant au groupement anti-contrefaçon et 25 formant la cellule Internet. La FH dispose d’un laboratoire d’analyse qui se penche sur un millier de pièces par année et d’une base de données pointue lui servant de référence dans ses initiatives. Parmi elles, l’« Opération Dong ». « A partir d’une contrefaçon achetée à Pise en Italie et grâce aux examens qui nous lui avons fait subir, nous avons pu déterminer que le produit provenait de Chine au niveau de ses composants qui étaient envoyés en Italie, exposait Michel Arnoux. Nous avons alors alerté la Guardia di Finanza, ce qui nous permis de mettre les revendeurs sur écoute et de localiser une villa située dans la banlieue où une trentaine de Chinois faisaient l’assemblage des montres. »

Autre exemple mis en exergue par Michel Arnoux : l’« Opération Tepito II » au Mexique. « Un raid de la FH, poursuivait-il, sur la base de forts soupçons pesant sur la redistribution de gros volumes de montres contrefaites. Nous avons d’abord dû obtenir une procuration de la part du pool des marques concernées de la Fédération afin d’établir une plainte pénale. Nous avons ensuite pris contact avec les autorités locales pour mettre sur pied une opération de police forte de 300 hommes qui nous a permis de saisir 90’000 montres. Mais attention, tout cela s’est déroulé à 1h du matin avec des professionnels armés car ces gens là n’hésitent plus à défendre leur marchandise. Comme l’implication du crime organisé est de plus en plus forte, la lutte anti-contrefaçon devient également de plus en plus dangereuse. »

La loi et l’application de la loi

Dans la mesure où de nombreux pays considèrent la contrefaçon comme un crime mineur, « il nous faut des dossiers en béton qui vont permettra à la police locale de se mettre en valeur, précisait Michel Arnoux. Nous faisons donc tout le travail préalable, y compris les enquêtes sur le terrain, pour trouver les ateliers en vue de les fermer. C’est souvent le mieux que l’on puisse obtenir à défaut d’arrestations. »

En Chine, il y a la loi et l’application de la loi, deux choses distinctes…

La FH s’est également beaucoup investie pour endiguer l’offre pléthorique de contrefaçons sur Internet. L’an dernier, elle a ainsi pu faire retirer 179’000 enchères en ligne afin de diminuer la visibilité de ces produits factices. La traque est également au menu. La Fédération a par exemple travaillé à partir d’analyses faites sur les bons de livraison qui, bien évidemment, donnent une adresse fictive de l’expéditeur mais comportent souvent un code chiffré servant à l’identification des produits par les contrefacteurs. « Sur six mois, nous avons ainsi pu déterminer que 8’276 pièces provenaient de la même source. Pour donner un ordre de grandeur, la vente de ces produits représente un gain de 14’000 francs (US$ 13’200) par mois ! En utilisant le même procédé à partir des bons de commandes et grâce aux réseaux sociaux, nous avons également pu remonter, après filature et saisie des stocks intermédiaires, jusqu’à un important atelier de contrefaçons en Chine. Mais dans ce pays, il faut savoir que toute intervention policière doit être orchestrée au moment où les contrefaçons sont encore sur l’établi sinon cela ne sert à rien. En Chine, il y a la loi et l’application de la loi, deux choses distinctes… »

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