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La montre écolo chic, une utopie ?
Lifestyle

La montre écolo chic, une utopie ?

vendredi, 13 novembre 2020
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Marie de Pimodan-Bugnon
Journaliste indépendante

“Il faut absolument être moderne.”

Arthur Rimbaud

De la passion, beaucoup de curiosité et une bonne dose d’émerveillement ! La recette essentielle pour raconter les mille et une facettes de l’horlogerie…

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8 min de lecture

Une montre de luxe plus vertueuse, plus écolo, plus green ? Le bout du tunnel n’est peut-être pas si loin. Doucement mais sûrement, quelques marques commencent à produire des montres qui intègrent des matériaux éthiques, recyclés ou upcyclés. Point de situation…

« Plus de 50 % des consommateurs tiennent compte du facteur durabilité quand ils achètent une montre. » Au chapitre de l’écologie, tel est le constat de l’étude Deloitte 2020 sur l’industrie horlogère suisse. Une préoccupation toute naturelle pour les amateurs d’horlogerie, à l’heure où aucun secteur industriel ne semble désormais plus épargné par les enjeux liés à la protection de l’environnement. « Les consommateurs tiennent de plus en plus compte des écolabels d’une marque pour prendre une décision d’achat éclairée, poursuit l’étude. C’est en particulier le cas des acheteurs des générations Y et Z, connus pour être des consommateurs responsables. L’industrie horlogère suisse reconnaît également l’importance croissante de la durabilité et de l’éthique tout au long de sa chaîne de valeur, que ce soit sous la forme du recyclage/upcyclage, de l’approvisionnement responsable, de la recherche d’alternatives aux produits d’origine animale ou de la réduction de son empreinte carbone globale. »

Si la prise de conscience des horlogers semble bien réelle, le passage du concept au produit fini se manifeste plus difficilement de manière tangible. Et, alors que la recherche sur les matériaux technologiques bat son plein dans les manufactures, pourquoi si peu de montres de luxe peuvent-elles se targuer de recevoir la palme de la durabilité ?

Traçabilité = responsabilité

Chopard figure parmi les premières marques engagées pour un luxe plus éthique. Depuis 2013, l’entreprise familiale développe une stratégie plus responsable qui repose notamment sur ses méthodes d’approvisionnement, assurant aujourd’hui que 100 % de l’or raffiné qu’elle achète provient de sources qui satisfont aux normes des meilleures pratiques environnementales et sociales internationales. Il s’agit d’une part d’or artisanal extrait de petites mines artisanales participant aux programmes Fairmined, Fairtrade et de la Swiss Better Gold Association (SBGA) ; de l’autre, d’or certifié par la Chaîne de Traçabilité du Responsible Jewellery Council. Aux efforts entrepris par Chopard en termes de traçabilité s’ajoute un recyclage de 70 % des déchets d’or issus de la production dans sa propre fonderie. Un bel exemple censé produire un effet boule de neige sur le reste de l’industrie. « Un nombre croissant de marques de montres et de fournisseurs suisses sont membres du RJC », ajoute Deloitte.

Selon Deloitte, l’industrie horlogère manque de transparence sur ses pratiques responsables.

Un bon point pour l’image de l’industrie horlogère, qui, d’après l’étude, manque cependant encore de transparence sur ses pratiques. L’étude précise que « près de 90 % des cadres interrogés estiment que la durabilité est une question importante pour l’industrie horlogère suisse. Cependant, seule la moitié d’entre eux communique activement sur ses initiatives et moins d’un tiers publient un rapport sur la durabilité ». En 2018, IWC est devenue la première maison horlogère suisse de luxe à produire un rapport de durabilité conforme aux normes de la Global Reporting Initiative (GRI). De quoi démontrer officiellement que les efforts de la marque de Schaffhouse paient : IWC assure aujourd’hui avoir diminué de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre et réduit de 30 % le volume et le poids moyens de ses emballages.

Montre durable, un avenir à construire

Mais revenons à nos moutons : les montres ! Dans l’entrée de gamme, on ne peut que saluer la philosophie responsable de la marque Awake – la griffe française repérée au poignet d’Emmanuel Macron – et ses matériaux aussi innovants que respectueux de l’environnement. Son RE:FN-S1® fabriqué à partir de filets de pêche, son biopolymère produit à partir de ricin, son éco-titane, son textile en fibre de canne à sucre ou encore son nylon issu du plastique repêché dans les océans parlent d’eux-mêmes. On peut également applaudir l’initiative de Swatch illustrée par la collection « 1983 » composée de nouveaux matériaux biosourcés extraits de graines de ricin et ses emballages biodégradables fabriqués à partir d’un mélange de fécule de pomme de terre et de tapioca.

Ocean Limited Edition © Baume
Ocean Limited Edition © Baume

Dans le secteur des montres de luxe, les exemples se font plus rares. Dès 2018, la marque Baume s’était illustrée brillamment en proposant des garde-temps au look cool produits à partir de matériaux recyclés ou upcyclés et en bannissant l’utilisation de peaux d’animaux et de métaux précieux. Après quelques balbutiements, l’aventure se poursuit depuis mai 2020 au sein de la marque Baume & Mercier, où Baume occupe brillamment le terrain de l’éco-responsabilité. Pour exemple, le lancement de son premier modèle (depuis son intégration officielle à Baume & Mercier), la montre Baume Ocean Limited Edition, dont le boîtier est réalisé à partir d’une coiffe de plastique récolté par l’ONG Waste Free Oceans. Son bracelet interchangeable est quant à lui produit en plastique recyclé. Ultime détail : la montre est livrée dans un packaging composé de papier carton recyclable et de feutrine en polyester recyclé.

Collection Superocean Outerknown et Outerknown econyl Nato strap © Breitling
Collection Superocean Outerknown et Outerknown econyl Nato strap © Breitling

En 2019, c’était au tour de Breitling de s’illustrer à travers son partenariat avec la marque de vêtements éco-responsables Outerknown créée par le surfeur Kelly Slater. Le fruit de leur rencontre se vérifie au poignet avec la Superocean Heritage Chronograph 44 Outerknown, prolongée par un bracelet NATO en fil Econyl® constitué de matériaux issus exclusivement de déchets de nylon récupérés, entre autres, des filets de pêche abandonnés dans les océans.

ScubaTec Black © Carl F. Bucherer
ScubaTec Black © Carl F. Bucherer

Autre illustration chez Carl F. Bucherer avec la ScubaTec Black lancée dans le cadre de son partenariat de longue date avec Manta Trust. « La notion de durabilité, qui fait partie intégrante de notre philosophie d’entreprise, s’exprime dès le processus de fabrication du nouveau modèle, explique Sascha Moeri, CEO de la marque. La garniture textile du bracelet en caoutchouc noir est fabriquée à 100 % à partir de bouteilles en plastique repêchées en mer puis recyclées. Ainsi, chaque garde-temps contribue activement à la préservation de nos ressources. »

Diver Net © Ulysse Nardin
Diver Net © Ulysse Nardin

Dernier exemple en date, Ulysse Nardin, qui vient de poser les premiers jalons concrets de son engagement dans l’économie circulaire au service de la protection des océans. En octobre, la marque lançait son R-Strap, un bracelet lui aussi fabriqué en filets de pêche recyclés et adaptable aux montres Diver, Marine et Freak X. Il y a quelques jours, peu avant le départ du Vendée Globe, dont elle est Chronométreur Officiel, la marque a dévoilé une nouvelle concept watch baptisée Diver Net. Signes distinctifs ? La boîte, la carrure, le fond et le décor de la lunette sont confectionnés à partir d’un matériau créé par les designers bretons de Fil&Fab, qui récupère les filets hors d’usage et les transforme en granulés de polyamide. Au lieu de la traditionnelle glace saphir, la Diver Net présente une glace en céramique transparente, une solution présentant un plus faible impact environnemental. En guise de bracelet, Ulysse Nardin opte naturellement pour un textile 100 % en PET marin. Le hic ? Comme toute concept watch, cette montre ne sera pas commercialisée. Mais elle a le mérite de démontrer qu’un autre modèle de production est possible, que l’horlogerie peut se dessiner un avenir plus green. D’autres montres de luxe la suivront-elles bientôt dans son sillage ?

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