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La Watch & Jewellery Initiative 2030 est sur les rails
Actualités

La Watch & Jewellery Initiative 2030 est sur les rails

mardi, 3 mai 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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9 min de lecture

C’est à Watches and Wonders qu’a eu lieu la création officielle de la Watch & Jewellery Initiative 2030. En même temps qu’elle annonçait l’arrivée de nouveaux membres, l’initiative lancée par Cartier et Kering rompait le partenariat conclu avec le Responsible Jewellery Council en raison de problèmes éthiques soulevés par les diamants russes.

Indéniablement, le développement durable s’est imposé comme un invité de choix lors du salon Watches and Wonders qui s’est tenu début avril à Genève. Tout du moins comme thème de discussion incontournable. Concrètement, en revanche, la moisson a été plus parcimonieuse. Elle n’en a pas moins donné quelques morceaux de choix. Parmi eux : la création officielle de l’association accueillant la Watch & Jewellery Initiative 2030 et ce, six mois après son lancement par Cartier, mandaté par le groupe Richemont, et par le groupe Kering. Pour mémoire, on rappellera que cette initiative s’inscrit dans le cadre des objectifs mondiaux de développement durable (ODD – SDG en anglais) détaillés par l’ONU et « s’appuie sur des actions et des organisations solidement enracinées dans le secteur, tel que le Science Based Targets (SBT), et inclut de nouveaux domaines d’intérêt tels que les objectifs climatiques fondés sur la science, la protection de la biodiversité et l’innovation autour des matériaux et des business models, dans le but d’encourager et de permettre la transformation et l’innovation de l’industrie. »

Les défis du siècle

Marie-Claire Daveu, responsable du développement durable et des affaires institutionnelles de Kering et Cyrille Vigneron, PDG de Cartier International, ont ainsi participé à une table ronde durant le salon pour informer sur les premières avancées de l’initiative et en préciser les enjeux. « Pour relever ce qui constituent clairement les principaux défis de notre siècle, même si l’on est un acteur majeur sur le marché, cela ne suffit pas, expliquait Marie-Claire Daveu. Il faut prendre des mesures au niveau de l’industrie dans son ensemble. C’est ce qui explique notre initiative. Elle fait d’ailleurs suite au Fashion Pact, qui réunit depuis trois ans plus de 250 marques du monde de la mode, réunies autour d’objectifs communs en faveur du climat et de la biodiversité. Pour faire changer les choses, il faut une approche collaborative. Mais je suis confiante dans nos chances de succès. »

Le développement durable n’est pas un concept auquel on adhère pour obtenir un quelconque avantage comparatif.

Tout laisse croire que Marie-Claire Daveu a déjà été entendue. Lancée en octobre 2021, l’initiative a déjà convaincu plusieurs grands noms de la branche comme Chanel Horlogerie Joaillerie, Montblanc, Rosy Blue et Swarovski, qui viennent s’ajouter à Cartier et aux marques du groupe Kering, à savoir Gucci Watches, Boucheron, Pomellato, Dodo et Qeelin. « Si l’on veut privilégier des solutions innovantes, personne ne peut y parvenir seul, poursuivait Marie-Claire Daveu. Il s’agit de créer un écosystème correspondant à la coalition en train de se former autour de l’initiative. Il s’agit par ailleurs de dépasser les clivages de la concurrence en sachant que le développement durable n’est pas un concept auquel on adhère pour obtenir un quelconque avantage comparatif. Ce que l’on sait en revanche c’est que le développement durable est bon pour les affaires. Raison de plus pour qu’il fasse partie de notre ADN. »

Intégrer et certifier

Reste que sur le terrain, la poursuite de ces objectifs communs implique l’intégration progressive de toute la chaîne valeur, donc de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en sachant que c’est précisément là que surgissent les difficultés lorsque l’on parle, par exemple, de diamants mais surtout de pierres de couleurs ou d’or artisanal. « C’est effectivement là que l’on rencontre les principaux problèmes, relevait Cyrille Vigneron. La production horlogère en tant que telle n’est en effet pas très gourmande en énergie avec des besoin que l’on arrive très bien à couvrir avec des sources alternatives. De plus, les montres que nous fabriquons sont par essence des produits durables, qui fonctionnent en parfaite autonomie, toujours réparables et conçus pour survivre aux générations. En ce sens, 99% de notre empreinte provient de la chaîne d’approvisionnement qui doit à son tour s’impliquer et répondre à nos objectifs communs. »

Le premier écueil pour la Watch & Jewellery Initiative 2030 a pour nom Alrosa.

Or une telle intégration doit nécessairement passer par les fourches caudines de la certification. Condition sine qua non d’une mise à niveau des différentes organisations participantes à l’initiative sur la base de critères scientifiques mesurables et raison essentielle à la conclusion d’un partenariat avec le Responsible Jewellery Council (RJC), considéré comme la référence incontournable en matière de bonnes pratiques dans l’industrie horlogère et joaillière. Ces deux facteurs combinés, à savoir la certification et la traçabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement, font toutefois qu’à peine portée sur les fonts baptismaux, l’initiative rencontrait son premier écueil. Et celui-ci a pour nom Alrosa, compagnie minière russe membre du RJC et cause de dissensions immédiates en raison de la guerre en Ukraine. Alrosa, qui est aux mains de l’Etat russe pour un tiers et de ses gouvernements provinciaux pour un deuxième tiers, accapare en effet la quasi-totalité de l’extraction de diamants sur le territoire national et représente de ce fait un acteur majeur au niveau mondial avec quelque 30% de part de marché du diamant brut. Or Alrosa est non seulement membre du RCJ mais un de ses représentants siégeait également à son conseil d’administration comme vice-président.

Rupture avec le Responsible Jewellery Council

L’invasion de l’Ukraine déclenchée le 24 février par Vladimir Poutine a bien évidemment remis ces jeux d’alliance en question, les pierres commercialisées par Alrosa passant pour des diamants de guerre destinés à financer l’effort militaire russe. En réaction, les ténors de la filière comme le groupe Richemont, Tiffany & Co, Chopard, Pandora ou le détaillant Signet annonçaient renoncer immédiatement à s’approvisionnement en diamants en provenance de Russie. Restait encore la question de l’appartenance d’Alrosa au RCJ qui n’est toujours pas réglée à ce jour étant donné les problèmes légaux soulevés par la situation. Le vice-président russe a certes quitté son poste et Alrosa suspendu son statut de membre le 1er avril dernier, mais cela n’a pas suffi. En réaction, Iris Van der Veken, directrice exécutive du RJC depuis 2019 a quitté ses fonctions et les groupes Kering et Richemont ont coupé les ponts avec le RCJ, y compris dans le cadre de la Watch & Jewellery Initiative. Cette évolution inattendue pose un double problème : celui de l’approvisionnement en diamants pour les Maisons indirectement clientes d’Alrosa dont les diamants sont essentiellement polis en Inde, donc difficilement traçables, et celui de nouveaux standards de certification pour l’initiative.

On ne peut accepter qu’une organisation ne se plie pas aux standards qu’elle a elle-même édictés en matière de gouvernance et de droits humains.

« La porte n’est pas fermée avec le RJC, expliquait Cyrille Vigneron lors de la conférence de presse d’ouverture de Watches and Wonders. D’autant qu’avec Cartier, nous avons été membre fondateur depuis 2005 et que le travail effectué depuis au sein du RCJ, qui compte aujourd’hui plus de 1500 membres, est de toute première importance. Mais une chose est sûre, on ne peut accepter qu’une organisation ne se plie pas aux standards qu’elle a elle-même édictés en matière de gouvernance et de droits humains, d’autant qu’ils font référence dans la profession. Le cas échéant nous trouverons d’autres solutions et elles existent. Quant aux questions d’approvisionnement, là également les alternatives existent et nous les trouverons. » Pour la Watch & Jewellery Initiative 2030, cela correspond à un véritable baptême du feu.

Les objectifs de la Watch & Jewellery Initiative 2020
Objectif 1 : Renforcer la résilience climatique

Le premier objectif de l’initiative consiste à s’engager dans des actions prioritaires pour réduire les émissions de carbone conformément à l’objectif de 1,5 °C d’ici 2030 et pour atteindre l’objectif « zéro émission » d’ici 2050. Les marques qui rejoignent l’initiative doivent au minimum s’engager auprès de l’initiative « Science Based Targets » (SBTi) dans un délai d’un an, afin de fixer des objectifs de réduction des émissions fondés sur des données scientifiques.

Objectif 2 : Préserver les ressources pour la nature et les communautés

Le deuxième objectif de l’initiative est de s’assurer que les modes d’approvisionnement employés par l’industrie ont un impact positif sur la nature, les espèces et les communautés. Comme engagement minimum d’ici à 2022, les marques qui rejoignent l’initiative doivent mesurer et prioriser leur impact sur la biodiversité et l’eau à travers leur approvisionnement en matières premières clés, en utilisant un cadre scientifique sérieux.

Objectif 3 : Favoriser l’inclusion dans les chaînes de valeur

En tant que groupe, tous les membres qui rejoignent l’initiative travailleront collectivement pour définir un engagement minimum pour ce pilier et identifier les certifications pertinentes pour sa chaîne d’approvisionnement.

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