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Le Brexit fait monter les stocks de montres au Royaume-Uni
Economie

Le Brexit fait monter les stocks de montres au Royaume-Uni

lundi, 6 mai 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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4 min de lecture

Entre la France et ses gilets jaunes et le Royaume-Uni en partance de l’Europe, le contraste est flagrant en matière d’exportations horlogères. Alors que la première pâlit, le second croule sous les stocks.

Pour qui jette un œil sur les chiffres des exportations horlogères suisses de ce début d’année, point n’est besoin de s’y attarder longtemps pour remarquer que le Royaume-Uni se détache clairement du lot. De mémoire d’horlogers, on n’avait jamais vu cela, d’autant que la progression suit un tempo proprement ahurissant. Que l’on en juge : les expéditions de produits horlogers suisses vers les contrées de l’Union Jack ont enregistré une hausse de 23,6 % en janvier, suivie d’un bond de 58,3 % en février et encore de 76,4 % en mars ! Sur le premier trimestre, cela donne une croissance cumulée de 52 % en valeur, voire de 62 % pour les montres de plus de CHF 1’500 (prix ex usine), positionnant le pays au 4e rang des principales destinations horlogères suisses, derrière les États-Unis, Hong Kong et la Chine. En comparaison, la France et ses gilets jaunes fait pâle figure pour afficher un recul de 5,4 % sur les trois premiers mois de l’année, après un second semestre 2018 atone.

Londres, locomotive des exportations.

Inutile de gloser longtemps pour trouver les raisons d’une telle envolée outre-Manche. Elles se résument en un mot : le Brexit et les tourments attendus d’une sortie de l’Union européenne sans accord qui ont hanté les esprits durant tout le premier trimestre. En d’autres termes, les horlogers ont pris les devants afin de ne pas être pris de court par toutes les tracasseries administratives attendues en cas de « no deal ». « Certaines marques cherchent à se prémunir contre des problèmes pratiques concernant les formalités et risques de congestion aux douanes », commentait Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse à Baselworld. Hublot fait précisément partie de celles qui ont pris le parti d’augmenter leurs stocks pour éviter les blocages aux frontières, reconnaissant le rôle de Londres en tant que locomotive des exportations, selon les mots de son directeur, Ricardo Guadalupe.

Hong Kong bis ?

À cette situation particulière s’ajoute la question de la livre sterling. « Il y a peut-être aussi une anticipation sur l’évolution des taux de change, poursuivait Jean-Daniel Pasche. Selon les réactions des marchés financiers, une éventuelle chute de la livre pourrait doper ponctuellement les achats de produits de luxe à Londres. » C’est exactement ce qui s’était produit en 2016 à l’annonce du Brexit, synonyme d’une perte de valeur quasi immédiate de quelque 15 % de la monnaie britannique contre les principales devises et donc d’une ruée sur les montres suisses de la part des touristes étrangers. Les statistiques horlogères de l’année en sont l’exact reflet. Alors que les exportations 2016 subissaient un grave contrecoup avec une baisse globale de 10 %, le Royaume-Uni tirait parfaitement son épingle du jeu pour faire état d’une hausse de 3,7 % sur l’ensemble de l’année.

On se souvient de ce qui s’est passé à Hong Kong lorsque le marché croulait sous les invendus.

Maintenant que le Royaume-Uni dispose jusqu’au 31 octobre pour trouver la solution à ses incessants atermoiements politiques, que va-t-il se passer ? Car une chose est sûre, les ventes au client final n’ont de loin pas suivi la tendance. Selon les pointages effectués par l’institut d’études de marché GfK, après une hausse de 7 % en janvier et encore de 5 % en février, la valeur des ventes au détail de montres en Grande-Bretagne a subi un recul de 1,5 % en mars. Quant aux effets de change, autant dire que le coup de pouce n’est pas au rendez-vous avec une valorisation de la devise britannique de 4 % contre euro depuis le début de l’année. En d’autres termes, les stocks s’accumulent aujourd’hui dans les réseaux de vente au détail britanniques. Or on se souvient parfaitement de ce qui s’est passé à Hong Kong il y a quelques années lorsque le marché croulait sous les invendus. Dans un premier temps, les exportations horlogères suisses y ont chuté de 23 % en 2015, puis de 25 % en 2016, forçant dans un deuxième temps les horlogers à racheter leurs montres. Décidément, le Brexit n’a pas fini de faire des vagues.

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