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Le mythe de la crise du quartz
Histoire & Pièces d'exception

Le mythe de la crise du quartz

lundi, 7 mars 2011
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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4 min de lecture

Dans un article paru dans le quotidien suisse Le Temps, Pierre-Yves Donzé, chercheur associé à l’université d’Osaka, démontre que la crise horlogère de 1975-1985 n’est pas due au déferlement des montres à quartz japonaises. Depuis la fin de la guerre, la Suisse « s’était endormie sur ses lauriers ».

L’essor des montres à quartz japonaises responsable du déclin de l’horlogerie helvétique pendant la décennie allant de 1975 à 1985 ? « Une légende ! » s’exclame Pierre-Yves Donzé dans une longue analyse sur le sujet publiée dans le quotidien suisse Le Temps. Comme le rappelle ce chercheur associé à l’université d’Osaka, la plupart des historiens expliquent cette crise comme une conséquence de l’arrivée sur le marché de montres à quartz, une innovation en laquelle les patrons horlogers suisses n’auraient pas cru. Et Pierre-Yves Donzé de proposer une analyse comparative avec Seiko qui met en évidence l’« inadéquation du propos ».

Une avancée technologique hors de cause

« D’une part, le fait que ce soit Seiko qui lance sur le marché la première montre à quartz du monde le jour de Noël 1969 n’est pas le reflet d’une avancée technologique mais le fruit d’une stratégie visant précisément à imposer l’image de leader en termes de technologie et de précision, explique-t-il. Les entreprises suisses suivront peu après. La question de la primauté et du retard n’a ainsi aucune relation avec la maîtrise technologique. D’autre part, bien qu’elles soient des promoteurs des montres à quartz, les entreprises horlogères japonaises ne réalisent que lentement le passage vers ce nouveau produit. »

La révolution du quartz se produit ainsi chez Seiko à un moment où la crise est déjà profonde en Suisse^.
Pierre-Yves Donzé

En un mot, ce n’est que durant les années 1980 que les montres électroniques assoient leur triomphe avec le passage d’une production de 25,5 millions de pièces en 1980 à 118,6 millions en 1990 au niveau mondial. « La révolution du quartz se produit ainsi chez Seiko à un moment où la crise est déjà profonde en Suisse, précise le chercheur. La chute des exportations horlogères suisses en 1975-1985 ne peut donc pas s’expliquer par un changement de la demande sur le marché mondial à la suite de l’apparition de montres électroniques, le Japon voyant une poursuite de sa production de montres mécaniques jusqu’au moment où l’industrie horlogère suisse connaît sa renaissance, dans la seconde partie des années 1980. »

L’atout des systèmes de production

Pour Pierre-Yves Donzé, c’est plutôt au niveau des systèmes de production qu’il faut chercher l’origine de la crise. Les garde-temps mécaniques vont être l’objet d’une profonde mutation dans les années d’après-guerre avec l’introduction d’une production de masse des montres bas de gamme dites « Roskopf ». « En 1960, les entreprises horlogères suisses maîtrisent certes ce type de fabrication mais, à l’exception de Rolex, elles ne l’adoptent pas pour les produits de qualité, dit-il. Il y a là une véritable bipolarisation. […] Or, c’est précisément la fusion de ces deux modèles, soit la production en masse de montres de qualité, qui permet aux fabricants japonais de s’imposer sur le marché mondial comme les véritables challengers de la Suisse. Les montres mécaniques de qualité produites en masse permettent au Japon de mettre en cause la position de domination de la Suisse sur le marché mondial au cours des années 1960 et 1970. »

Une rationalisation qui a permis ensuite de se focaliser sur le marketing et d’orchestrer le grand retour sur le marché mondial.
Pierre-Yves Donzé

Et Pierre-Yves Donzé de conclure : « La réaction des horlogers suisses au milieu des années 1980 est connue surtout par la création de la SMH en 1983 [Swatch Group depuis 1998] et le lancement de la Swatch. Cependant, la stratégie adoptée par Nicolas G. Hayek repose aussi sur une profonde restructuration du système de production, avec la généralisation à l’ensemble de l’industrie du système de production en masse, qui était limité aux montres bas de gamme jusque-là. Une rationalisation qui a permis ensuite de se focaliser sur le marketing et d’orchestrer le grand retour sur le marché mondial. »

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