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Le retour du pionnier Dominique Renaud (II)
Histoire & Pièces d'exception

Le retour du pionnier Dominique Renaud (II)

mercredi, 31 janvier 2018
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Timm Delfs
Journaliste indépendante

“À l’inverse d’une montre, un cadran solaire ne s’arrête jamais.”

Journaliste indépendant basé à Bâle, Timm Delfs gère la Zeitzentrale, un magasin qui vend toute sorte d’instruments de mesure du temps. Son amour « horloger » : les cadrans solaires.

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6 min de lecture

Après un long séjour à l’étranger, Dominique Renaud, cofondateur de Renaud & Papi, est de retour en Suisse avec un nouveau mouvement mécanique dans ses valises. Revue de détail de cette nouvelle montre ressemblant à un vaisseau spatial appelée DR01 Twelve First.

Qu’est-ce qui a retenu l’attention de l’investisseur providentiel Luiggino Torrigiani dans les idées de Dominique Renaud au point qu’il décide de soutenir financièrement le projet ? En substance, telle est la question. De fait, Dominique Renaud a inventé un tout nouveau concept de balancier et d’échappement susceptibles, à son avis, de remplacer le couple balancier-spiral avec échappement à ancre suisse dont les principes fondamentaux restent encore bien enracinés dans l’horlogerie moderne depuis les inventions de Christiaan Huygens il y a 400 ans. « Bien sûr, il y a des choses intéressantes comme le nouvel échappement récemment présenté par Zenith, explique Luiggino Torrigiani. Mais la plupart de ces nouveaux mécanismes dépendent du silicium et ne peuvent être produits qu’à l’aide de nouveaux procédés de fabrication à la pointe de la technologie. Nous nous retrouvons là bien loin de l’horlogerie traditionnelle. L’échappement de Dominique Renaud, au contraire, peut être réalisé à l’aide des méthodes courantes dans l’horlogerie traditionnelle. Tout horloger digne de ce nom peut l’entretenir, le réparer si nécessaire. Ce qui sera encore le cas dans plusieurs générations. »

Luiggino Torrigiani © Dominique Renaud SA - Gianni Comporota & Stéphane Mocan
Luiggino Torrigiani © Dominique Renaud SA - Gianni Comporota & Stéphane Mocan

L’inspiration de Dominique Renaud lui est venue d’un ancien régulateur de précision Riefler datant du début du XXe siècle. La partie supérieure de l’axe de son balancier est soutenue par une lame d’acier tranchante, ou couteau, qui repose dans une rainure faite d’un matériau tout aussi résistant. Ainsi, le poids du balancier est distribué tout au long du fil de la lame et non plus seulement sur l’axe du pivot, comme c’est le cas pour les balanciers courants. « Si j’utilise des lames d’un facteur de qualité élevé à la place de pivots pour ce système de régulation, c’est pour utiliser un balancier de masse supérieure qui me donne davantage d’inertie », explique Dominique Renaud. Pionnier dans la réalisation de maquettes plastiques de grandes tailles, il a donc construit un premier modèle de sa création en plexiglas, utilisant les lames d’un cutter afin de tester la validité de ce nouveau type de pivot microscopique à très faible frottement. Comme la gravité n’était pas suffisante pour garder la lame dans sa rainure attitrée, Renaud a ajouté deux lames opposées à la première. Le résultat donne une sorte de charnière qui ne permet toutefois qu’une amplitude limitée. En choisissant cette construction à faible amplitude, autour des 30°, avec un balancier lourd, la solution passe ainsi par les hautes fréquences, soit 5 Hz pour une réserve de marche d’au moins une semaine sur la base d’un seul barillet.

DR01 (oscillateur avec couteau à lames et échappement) © Timm Delfs
DR01 (oscillateur avec couteau à lames et échappement) © Timm Delfs

À la place d’un balancier traditionnel, Renaud a ainsi inventé un résonateur à deux couteaux entrecroisés, placés dans une structure cylindrique munie d’ouvertures pour sa suspension à l’intérieur du mouvement. Renaud n’en est toutefois pas resté là. La basse amplitude du lourd balancier demandait en effet un échappement adapté. Puisant une nouvelle fois dans les inventions des siècles passés, il met alors au point un échappement dit « à coups perdus » : sur dix alternances, une seule donne une impulsion, minimisant ainsi toute perturbation sur les oscillations. Dans la foulée, Dominique Renaud imagine un système de sécurité afin de rendre son échappement résistant aux chocs, contrairement aux échappements à détente traditionnels.

Chaque client qui investit un million de francs dans l’un de ces garde-temps devient un supporter et une personne test.
Recherché : douze « personnes-tests »

« Nous sommes conscients que ce nouveau mouvement doit être testé et homologué, commente Dominique Renaud. Mais comme nous sommes une petite société, il nous est impossible de produire un nombre élevé de prototypes afin de faire des tests approfondis. C’est pourquoi nous avons décidé d’intégrer nos clients potentiels dans un processus de développement. » Luiggino Torrigiani poursuit : « Nous allons produire 12 exemplaires d’une montre hautement futuriste qui exposera tous les aspects de ce mouvement novateur à travers un boîtier cylindrique constitué de verres saphir que nous appelons le Visio-Module. De fait, chaque client qui investira un million de francs dans l’un de ces garde-temps uniques, les “Twelve First”, deviendra autant un supporter de la marque, ambassadeur du projet, qu’une personne test faisant œuvre de pionnier. Toutes les améliorations que nous allons apporter au mouvement au cours de nos prochaines recherches pourront être intégrées dans les montres. Comme la production de ces 12 modèles prendra quelques années, les diverses évolutions seront mises à profit pour tous les exemplaires déjà distribués. »

DR01 Twelve First © Dominique Renaud SA
DR01 Twelve First © Dominique Renaud SA

Le cylindre transparent qui contient le calibre est tenu par une arche en titane à porter sur un bracelet. Monté sur roulements à billes, le cylindre est parfaitement rotatif même lorsque la montre est au poignet. Le porteur peut ainsi admirer chaque détail du mouvement finement décoré, dont la platine ressemble à un bloc-moteur autour duquel sont positionnés les différents rouages. D’un côté s’affiche bien évidemment le cadran, tandis que l’autre rend visible le train d’engrenages et le barillet. À un angle de 90° se laissent admirer l’échappement et la roue de seconde, à l’opposé desquels se trouve le spiral novateur. Mais peut-on encore parler de spiral pour un composant qui ressemble plutôt à un ressort en forme d’arc positionné à l’extérieur du résonateur à lames ?

Le nom de ce garde-temps, qui ressemble bien plus à celui d’un vaisseau spatial qu’à une dénomination horlogère, devient R01 Twelve First, insinuant que Dominique Renaud nous réserve probablement encore d’autres surprises.

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