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Le temps raconté
Expositions

Le temps raconté

vendredi, 17 juillet 2015
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Michèle Laird
Journaliste indépendante

“La culture est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié. ”

Édouard Herriot

Michèle Laird devient journaliste après une carrière dans les arts à Paris, New York et Londres auprès d’artistes comme Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Patrice Chéreau et Claudio Abbado.

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6 min de lecture

De la division du temps à la montre connectée, le temps se laisse raconter. L’Éloge de l’heure fait le point sur les interfaces créées depuis que l’humanité a commencé à diviser et mesurer le temps il y a plus de 5’000 ans.

Parler de la lecture du temps à travers les âges, voici le défi que s’est donné L’Éloge de l’heure, l’exposition au mudac, le musée de Design et d’Arts appliqués de Lausanne. En terminant avec la montre connectée, elle flirte avec la provocation.

D’après Arnaud Tellier, conseiller historique de l’exposition et ancien directeur du musée Patek Philippe de Genève, la première division du temps serait attribuée aux Chaldéens, une tribu semi-nomade du sud de la Mésopotamie, l’Iraq actuelle, et remonterait aux environs de 3’500 ans avant l’ère chrétienne. Les Chaldéens, puis les Assyriens, avaient remarqué d’après leurs observations astrologiques que l’année était composée de 360 jours, soit le temps nécessaire pour retrouver les mêmes étoiles dans les mêmes positions dans le ciel. Ils ont alors procédé à un découpage numérique du temps avec la division de l’année en 6 périodes de 60 jours. Théon d’Alexandrie, un Grec qui commenta les écrits de Ptolémée, prétend que le système sexagésimal a été retenu car il permettait la plus grande subdivision en nombres entiers, une nécessité pour assurer la régularité des intervalles: en effet, 60 peut être subdivisé par 1, 2, 3, 4, 5, 6, ce qui n’est plus possible pour les nombres supérieurs.

La tribu a ensuite divisé la journée en 6 intervalles de temps, dont 3 pour la journée et 3 pour la nuit. Par conséquent, ces intervalles avaient des durées variables selon les saisons et l’emplacement géographique. Avec l’invention du cadran solaire, les Égyptiens ont fixé le nombre d’intervalles à 12, vraisemblablement pour reproduire le nombre de lunaisons par année solaire. Suivant leur exemple, les Grecs et les Romains les dédoublèrent pour instituer 12 intervalles pour le jour et 12 pour la nuit, toujours variables. Le système sexagésimal expliquerait également la division des intervalles eux-mêmes : les heures en 60 minutes et les minutes en 360 secondes, tout comme la division du cercle en 360 degrés.

 

C’était déjà du design avant l’heure.
Fabienne Xavière Sturm
Précision mécanique

Il a fallu ensuite attendre l’invention de l’horlogerie mécanique aux 13e et 14e siècles pour ancrer l’heure dans une durée fixe. Les premières horloges auraient été inventées pour cadencer les cycles de prière dans les monastères, surtout la nuit, précise Tellier. L’affichage de la subdivision des heures en minutes n’est intervenu que beaucoup plus tard, grâce à l’invention du pendule et du spiral réglant, respectivement en 1660 et en 1675, deux inventions de Christiaan Huygens, mathématicien, astronome et physicien néerlandais qui s’était largement inspiré des travaux de Galilée.

Cocommissaire de l’exposition avec Chantal Prod’Hom, le directrice du mudac, Fabienne Xavière Sturm, qui a longtemps dirigé les collections du musée de l’Horlogerie à Genève, rappelle que la fabrication des garde-temps était à l’origine réalisée intégralement par les horlogers et ce, jusqu’à l’apparition d’établisseurs en horlogerie, des marchands qui confiaient les étapes de la fabrication à de multiples corps de métier : orfèvres, émailleurs, graveurs, ciseleurs, poseurs de paillons… « C’était déjà du design avant l’heure », sourit-elle. Sur ces bases, Genève est rapidement devenue une plaque tournante dans le domaine de l’horlogerie, notamment grâce à la proximité du Jura et son rude climat. Pour rester occupés pendant les longs mois d’hiver, où leurs activités étaient réduites, les fermiers se sont mis à la fabrication horlogère, développant au passage de précieux savoir-faire.

L’arrivée de la montre connectée devrait obliger les marques horlogères traditionnelles à se bouger…
L’avenir de la montre

En terminant la sélection avec l’Apple Watch, l’exposition n’esquive pas une discussion sur l’avenir de la montre. Alexis Georgacopoulos, directeur de l’Écal, l’École cantonale d’art de Lausanne, dont une jeune équipe a assuré la scénographie de l’événement, remarque que ses élèves ne portent quasiment pas de montres, même si les modèles des années 1960 et 1970 au design « fort » semblent revenir au goût du jour. Quant à l’Apple Watch, il estime que son succès dépendra de sa capacité à être renouvelée aussi souvent qu’un téléphone mobile. Et d’ajouter, non sans provocation, que l’arrivée de la montre connectée devrait obliger les marques horlogères traditionnelles à se bouger…

L’Éloge de l’heure

La Fondation de la Haute Horlogerie (FHH) est partenaire de l’exposition qui présente 150 objets provenant de toute l’Europe. Les pièces historiques sont issues de collections privées comme de collections publiques majeures, notamment du Musée international d’Horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds, du musée de l’Horlogerie Beyer Zurich, du musée d’Horlogerie du Locle – Château des Monts, du musée du Louvre de Paris ou encore du musée des Arts décoratifs de Paris, ainsi que des collections patrimoniales de grandes maisons horlogères comme Vacheron Constantin, IWC, Audemars Piguet,  ou Jaeger-LeCoultre. La scénographie a fait l’objet d’une collaboration avec l’Écal. Elle est signée d’une équipe menée par le designer industriel Adrien Rovero.
Mudac – Lausanne
27 mai-27 septembre 2015
> www.mudac.ch

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