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Les bénéfices de la circularité
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Les bénéfices de la circularité

mardi, 11 octobre 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

L’économie circulaire est souvent citée en exemple comme levier du développement durable. Au Watch Forum organisé par Watches and Culture, les CEOs de Panerai et Ulysse Nardin sont venus parler de leurs expériences sur la base des explications éclairées du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable.

L’économie circulaire est aujourd’hui largement considérée comme une réponse adéquate aux problèmes de la planète en matière environnementale. Contrairement à un système économique linéaire, encore largement répandu, où l’on jette ce que l’on a produit et consommé, le principe de circularité veut que l’on réintègre au maximum les matériaux et produits dans un circuit qui fonctionne en boucle. Celui-ci englobe l’entier du spectre, de l’extraction des matières premières à la conception et la production, en passant par la consommation, aussi longue que possible, et le recyclage. « Ce type d’organisation génère moins de déchets et donc moins de pollution, utilise des matériaux de longue durée et permet de valoriser au mieux les ressources, précise Irene Martinetti, spécialiste de l’économie circulaire au Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD), une plateforme réunissant quelque 250 entreprises qui cherchent à accélérer la transition vers un monde durable. Un tel système est ainsi régénérateur dans la mesure où les matières premières primaires sont remplacées par des matières secondaires issues du recyclage et où les produits sont susceptibles de connaître plusieurs vies. Ce qui représente de nouvelles opportunités d’affaires comme de nouvelles sources de revenus pour les entreprises. »

Irene Martinetti, Circular Economy World Business Council pour le développement durable / Crédit photo © Loïc Herin
Le recyclage sera la norme

Sur ces bases posées par le WBCSD, les CEOs de Panerai et Ulysse Nardin sont venus exposer leurs propres expériences au Watch Forum, journée d’échanges et de débats organisée par Watches and Culture sur le thème de la durabilité. Objectif : éveiller les consciences pour inciter à l’action, exemples concrets à l’appui. Ces exemples, parmi les Maisons horlogères, Panerai et Ulysse Nardin en ont offert de probants, en raison des multiples initiatives qui leur ont déjà valu un large écho en matière de développement durable. Chez Panerai, la réflexion sur le développement durable a commencé avec l’aventurier Mike Horn, ambassadeur de la marque, dont le gouvernail endommagé et bon pour la ferraille a été recyclé pour faire cinq boîtiers de montre. « C’était il y a quatre ans, et nous n’avions pas la moindre idée de ce que pouvaient impliquer le développement durable et la circularité pour une Maison comme la nôtre, exposait Jean-Marc Pontroué, CEO de Panerai. Nous sommes donc partis d’une feuille blanche avec ces premiers boîtiers recyclés. Qui nous ont amenés à réfléchir à des bracelets recyclés… En un mot, nous avons commencé au bas de l’échelle. »

Notre plan d’affaires repose sur une production recyclée à 100 % pour nos montres en acier d’ici 2025.
Jean-Marc Pontroué

Depuis ces premiers tâtonnements, qui ont débuté lors des séances sur les produits, la Maison a tracé son chemin, notamment avec des matériaux comme l’or, le titane et l’acier recyclés. Un cheminement qui l’a conduite à présenter en 2021 la Submersible eLab-ID, une montre concept recyclée à 98,6 %, y compris le mouvement et la matière luminescente du cadran. Pas question toutefois de taire la recette de cette innovation. Pour ce projet, qui a posé un certain nombre de problèmes afin de réunir les 10 entreprises d’accord pour travailler sur des volumes qui se mesurent en kilos et non en tonnes et qui, pour nombre d’entre elles, n’avaient jamais fait de sous-traitance horlogère, Panerai a voulu agir en toute transparence. Le protocole mis en place pour la réalisation de cette Submersible est à la disposition de toute Maison intéressée par ce réseau de compétences. Les premiers contacts ont déjà eu lieu. « C’est vrai qu’une telle démarche représente des investissements, poursuivait Jean-Marc Pontroué. Mais notre plan d’affaires repose sur une production recyclée à 100 % pour nos montres en acier d’ici 2025. C’est à ce moment-là que l’on pourra parler d’économie d’échelle et de retour sur investissement. Personnellement, je suis persuadé que de tels produits seront bientôt la norme. » Et le CEO de Panerai d’évoquer nos routes qui se peuplent progressivement de voitures électriques et de modèles à moteur hybride, pratiquement inexistants il y a seulement 10 ans.

Une réflexion à 360°

« Pour ce qui est de matériaux recyclés, nous sommes arrivés à un prix de revient équivalent à celui de… l’or sur l’un de nos projets, avertissait Patrick Pruniaux, CEO d’Ulysse Nardin. Ce qui doit nous rappeler les contingences de l’horlogerie en termes de volumes. Chez Ulysse Nardin, nous avons décidé de limiter la production à 50’000 pièces par an. Cela doit aussi nous rappeler à quel client nous voulons nous adresser et quelle est la fonctionnalité de nos produits. Est-ce que cela fait du sens de vouloir une montre recyclée à 100 % ? Pourquoi pas 80 % ? La question mérite d’être posée, en sachant que la branche horlogère est un secteur à faible impact environnemental, que nos garde-temps sont de petits objets, faits localement pour l’essentiel, et d’une durée de vie extrêmement longue, si ce n’est éternelle. En un mot, je dirais que nos produits ne vont pas changer le monde, mais cela ne nous empêche pas d’avancer sur la circularité et les questions environnementales qui me tiennent particulièrement à cœur. »

Le prix de revient des matériaux recyclés peut se comparer à celui de… l’or.
Patrick Pruniaux

La circularité en termes de produits repose en effet au sein des deux Maisons sur une réflexion plus large. Chez Ulysse Nardin, cela fait longtemps que la chaleur du parc machines est récupérée pour le chauffage des locaux ; la Maison a proscrit les plastiques à usage unique ; et tous les emballages sont recyclés à 100 %. Même souci chez Panerai, dont l’usine, recouverte de panneaux photovoltaïques, est chauffée par géothermie. Tous les décors des boutiques de la Maison transitent par bateau et les emballages sont recyclés à 100 %. Sans parler du plastique, qui est totalement banni au niveau du groupe Richemont, auquel appartient Panerai, où c’est désormais le carton qui a droit de cité. En termes de circularité, après avoir mesuré la performance environnementale des solutions de recyclage mises en place pour la Submersible eLab-ID, et ce grâce à la méthodologie d’Analyse de cycle de vie, la Maison a acquis la certitude que certaines d’entre elles avaient des impacts significativement positifs. Des solutions que Panerai est donc en train de déployer plus largement sur sa gamme de montres.

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