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Les organes de régulation de la montre d’hier à aujourd’hui...
Histoire & Pièces d'exception

Les organes de régulation de la montre d’hier à aujourd’hui – VIIe partie

mercredi, 8 mai 2019
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Vincent Daveau
Journaliste, horloger constructeur et historien diplômé

“Une heure de retard d’une jolie femme, c’est son quart d’heure d’avance. ”

Sacha Guitry

« La passion est le sel de la vie ! »

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7 min de lecture

De toutes les inventions ayant contribué à l’amélioration des montres mécaniques, celle de l’organe réglant est la plus essentielle, mais aussi la moins bien documentée. Pour corriger cette lacune, voici racontée l’histoire des échappements des origines aux nouveaux régulateurs en silicium. Septième partie : échappements mécaniques à haute fréquence et échappement coaxial.

En 1969, si le monde horloger ne croyait plus guère aux hautes fréquences mécaniques, il tentait en revanche d’industrialiser d’autres modes de régulation faisant appel à des hyper hautes fréquences. Bulova avec son calibre Accutron et son diapason vibrant à haute fréquence avait clairement fait avancer l’industrie. C’est donc avec le quartz que le métier allait prendre un vrai tournant. L’arrivée de nouvelles technologies autorisant la découpe fine et profonde des matériaux permettait désormais d’industrialiser des barreaux de quartz qui, dans un premier temps, avaient été taillés à la main par des artisans experts sous binoculaire. Dans cette course contre la montre, le Centre électronique horloger (CEH) de Neuchâtel est parvenu à mettre au point le calibre Beta 21 en 1967 tandis que Seiko, à partir du 25 décembre 1969, commençait à livrer l’Astron, la première montre à quartz analogique de série.

Montre Calibre Beta 21 CEH (Centre Electronique Holorloger) Electroquartz f8192 Hz
Montre Calibre Beta 21 CEH (Centre Electronique Holorloger) Electroquartz f8192 Hz

L’horlogerie avait découvert une nouvelle dimension. Le balancier à oscillation allait être remplacé par un rotor effectuant des rotations sous l’impulsion de l’électricité circulant dans le stator. Dans cette compétition où la Suisse, il est vrai, était dépassée, il revient tout de même à la manufacture Girard-Perregaux d’avoir imposé la fréquence de 32’768 Hz pour tous les calibres à quartz du marché. Pour mettre définitivement à genoux un métier déjà atteint de plein fouet par la crise, il ne restait plus qu’à dématérialiser l’affichage de l’heure en supprimant les rouages et les régulateurs physiques (rotors, stators). En inventant les écrans à affichage par cristaux liquides (LCD ou Liquid Crystal Display), le monde horloger était parvenu à se passer des systèmes de régulation mécanique pour l’affichage du temps. Les régulateurs par balancier et échappements libres semblaient bel et bien voués à disparaître… C’était pourtant sans compter la passion des hommes pour la belle mécanique qui, après avoir expérimenté l’hyper-précision inhumaine, ont pardonné aux belles montres classiques leur franche imprécision !

Galet Micro-Rotor Échappement Naturel

La haute fréquence mécanique

Depuis la vulgarisation du quartz et le retour en grâce de la mécanique, peu de marques se sont prêtées au jeu des hautes fréquences pour des produits de série. En dehors de Zenith, dont le calibre El Primero demeure impérial dans son domaine d’application, surtout depuis la mise au point de la fonction Striking (foudroyante sur la trotteuse de chrono), il revient à TAG Heuer l’honneur d’avoir relancé la compétition avec la présentation, en 2006, du chronographe Calibre 360. Avec un rendement de 360’000 alternances par heure pour le balancier de son module additionnel dédié aux mesures chronographiques, l’engin permettait d’atteindre, à la pointe de l’aiguille, une précision de lecture au 1/100 de seconde. À n’en pas douter, dès 2006, l’emploi d’organes de régulation à hautes fréquences revenait sur le devant de la scène. La manufacture Audemars Piguet mettait ainsi au point un échappement original pouvant vibrer, sans dommages, à haut rendement. Contre toute attente, ce régulateur mixant ancre et détente – inspiré de l’horloger du XVIIIe siècle Robert Robin – n’a malheureusement pas connu le débouché qu’on aurait pu lui espérer. En 2010 également, la maison Breguet dévoilait son nouveau chronographe Type XXII, dont le régime du balancier atteint 72’000 alternances par heure avec un groupe de régulation intégrant des composants usinés en silicium (roue d’ancre, spiral) ne nécessitant pas de lubrification.

En 2011, deux produits devaient bouleverser le monde des hautes fréquences horlogères.

Pour la petite histoire, on retiendra que ce lancement, légèrement anticipé, a permis à la marque de devancer celui attendu du chrono Zenith El Primero VPH 72000 et celui que Chopard devait initialement faire au public durant Baselworld 2011. Seulement, cette année-là, deux produits devaient bouleverser le monde des hautes fréquences horlogères : le chronographe TAG Heuer Carrera Mikrograph, au calibre automatique de manufacture équipé de deux balanciers vibrant l’un à 28’800 alternances par heure et l’autre à 360’000 vibrations par heure, et, toujours chez TAG Heuer, le Mikrotimer Flying 1000 Concept Chronograph, un prototype révolutionnaire capable de mesurer le 1/1 000 de seconde grâce à un régulateur inspiré de ceux des compteurs de sport. Aiguillonné par ces succès, Montblanc présentait au SIHH 2012 le TimeWriter II, un chronographe bi-fréquence doté, lui aussi, d’un mouvement emportant deux balanciers vibrant à des régimes différents.

TimeWriter II Chronographe Bi-Fréquence 1000 © Montblanc
TimeWriter II Chronographe Bi-Fréquence 1000 © Montblanc
Les échappements de nouvelle génération

Dans un monde horloger qui semblait avoir fait le tour de la question, certains développeurs n’ont cessé de croire en la potentialité d’un nouvel échappement plus performant, plus précis, moins gourmand en énergie et plus endurant grâce à une lubrification optimisée, voire supprimée, qui rendrait obsolète l’incontournable échappement à ancre. Parmi les plus efficaces ayant vu le jour ces dernières années, on retiendra d’abord celui mis au point par George Daniels, le génial horloger anglais dont les écrits et les travaux ont aiguillonné toute une génération d’apprentis devenus pour la plupart des maîtres du métier. Parmi tous ses travaux, l’échappement dit « coaxial » est l’un des plus aboutis. On notera toutefois, par souci de transparence avec l’histoire, que ce développement se rapproche de celui proposé par Charles Fasold, un horloger américain originaire de Dresde, en Allemagne.

On notera que l’échappement coaxial a évolué en tout juste 20 ans.

Revendu à Omega et fiabilisé pour une production en grande série depuis 1999, cet organe équipe depuis quelque temps l’essentiel des montres haut de gamme mécaniques de la marque. On notera que l’échappement coaxial a évolué en tout juste 20 ans, rendu notamment insensible aux champs magnétiques. Il a ainsi été doté d’un balancier Si14 avec vis de réglages internes placées de façon horizontale et d’un spiral en silicium. Il a également reçu une nouvelle roue d’impulsion dont les dents en virgule sont censées améliorer le rendement. Cet échappement innovant, dont certains éléments constitutifs ne sont pas sans rappeler ceux d’un échappement à détente (voir le parallèle présenté sur le site Omega), était prévu à l’origine pour fonctionner sans lubrification. Si l’absence de lubrification n’est plus vraiment à l’ordre du jour, il est indéniable que cet échappement au rendement élevé offre des réglages durables, considérés par les spécialistes de chronométrie comme très satisfaisants.

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