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Les organes de régulation de la montre d’hier à aujourd’hui...
Histoire & Pièces d'exception

Les organes de régulation de la montre d’hier à aujourd’hui – Xe partie

mercredi, 28 août 2019
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Vincent Daveau
Journaliste, horloger constructeur et historien diplômé

“Une heure de retard d’une jolie femme, c’est son quart d’heure d’avance. ”

Sacha Guitry

« La passion est le sel de la vie ! »

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4 min de lecture

De toutes les inventions ayant contribué à l’amélioration des montres mécaniques, celle de l’organe réglant est la plus essentielle, mais aussi la moins bien documentée. Pour corriger cette lacune, voici racontée l’histoire des échappements des origines aux nouveaux régulateurs en silicium. Dixième partie : les échappements magnétiques.

Durant les années 1960, le magnétisme a été expérimenté par certaines maisons comme Hamilton aux États-Unis ou LIP en France, qui ont développé et fabriqué des mouvements électromécaniques assez intéressants – Ventura pour Hamilton et Lip Nautic-Ski pour LIP – utilisant des balanciers excités électro-mécaniquement. Aujourd’hui disparues, ces montres à énergie magnétique sont depuis peu regardées avec un certain intérêt par des marques soucieuses de faire de l’audience. Leurs procédés, certes originaux, leur garantissent un certain succès sans toutefois que le résultat soit à la hauteur des espérances en termes de chronométrie.

TAG Heuer Pendulum
TAG Heuer Pendulum

Le « coup » de TAG Heuer avec son chronographe Grand Carrera Pendulum Concept présenté en 2010 fait partie du lot avec un balancier régulé par un champ magnétique de 6 Hz. Pour ce modèle, le mouvement devait atteindre sa fréquence de fonctionnement grâce à un champ magnétique et non plus grâce à un spiral classique. Vibrant à haute fréquence, ce cœur mécanique que l’on disait prometteur, encore appelé à être optimisé l’année suivante, a été classé sans suite.

Associer le meilleur de deux technologies

Aujourd’hui, l’échappement de référence magnétique est le calibre Spring Drive de Seiko. Le développement de ce produit, inventé au début des années 1970 par Yoshikazu Akahane, a demandé 28 ans de recherche et développement à la marque japonaise. De ces travaux est né un mouvement mécanique connu des professionnels depuis 1999 et officiellement commercialisé depuis 2005 en version automatique. Celui-ci associe un mouvement mécanique à un groupe de régulation innovant doté d’une réserve de marche de 72 heures, d’un balancier effectuant 28’800 rotations par heure et d’un organe de régulation appelé « Tri-Synchro ». Ce dernier a pour mission de conserver au balancier une rotation toujours constante en agissant électro-mécaniquement sur son axe, comme le frein magnétique des camions.

Les montres équipées d’un calibre Spring Drive sont suffisamment précises pour que Seiko garantisse un écart de marche de l’ordre de 15 secondes par mois.

Les montres équipées d’un calibre Spring Drive, toutes éditées en séries limitées et assemblées main par les meilleurs horlogers de la manufacture, sont suffisamment précises pour que la marque garantisse un écart de marche de l’ordre de 15 secondes par mois au maximum. Autrement dit, une dérive guère supérieure à celle d’une montre à quartz ordinaire. Mais comme une idée en appelle inexorablement une autre, en 2015, la manufacture Piaget présentait l’Emperador Coussin 700P : une référence produite à 188 exemplaires et dotée d’un calibre développé sur la base du brevet obtenu en 1976 par Jean-Claude Berney – Brevet CH 597 636 tombé dans le domaine public faute d’avoir été utilisé à des fins commerciales. Celui-ci concerne un calibre hybride fonctionnant, dans l’absolu, comme celui de Seiko, qui, lui, est couvert par une soixantaine de brevets actifs.

Rien n’est joué

Nous voilà arrivés au terme de l’histoire d’une aventure humaine et technique qui nous a menés du XIe siècle à nos jours. L’histoire s’écrit au quotidien, et il y a fort à parier que dans les bureaux techniques de telle ou telle Maison un horloger ou un constructeur réfléchisse au régulateur révolutionnaire de demain. On connaît les contraintes pour faire le meilleur des organes réglants ; on sait qu’il n’est pas aisé d’y parvenir ; et l’on mesure parfaitement à quel point il est difficile de l’industrialiser, même avec les dernières technologies disponibles. Mais c’est aussi là que réside toute la magie de l’horlogerie. Le métier est aujourd’hui à l’aube d’une confrontation avec de nouvelles technologies comme ce fut le cas par le passé et comme ce sera le cas dans le futur.

Forts des résultats évoqués au long de ces lignes, les maîtres horlogers ont aujourd’hui bon espoir de parvenir à faire fonctionner, sans piles, des montres purement mécaniques à hautes fréquences afin de tendre vers le Graal qu’est la perfection horaire. Nous n’y sommes pas encore, tandis que les technologies au quartz sont parvenues à tutoyer l’exactitude absolue en titillant la femtoseconde puis la nanoseconde élémentaire ! Affaire à suivre.

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