Lever de rideau chez Jaeger-LeCoultre

Lors de la présentation de ses nouveautés au salon Watches&Wonders, Jaeger-LeCoultre a bien tenté d’appâter l’assistance avec deux nouvelles déclinaisons de la ligne féminine Rendez-Vous Ivy, l’une à secret et l’autre à tourbillon, les visiteurs présents sentaient bien que le plat de résistance était pour plus tard. Même la Master Ultra Thin Squelette au tour de cadran guilloché et décoré émail Grand Feu n’a pu faire mieux que de servir de hors-d’œuvre. Cela faisait des mois, en effet, que la manufacture du Sentier promettait une nouvelle collection fraîchement sortie de ses ateliers sans toutefois en dévoiler la première vis. À Hong Kong, les impatients ont été comblés avec la présentation en bonne et due forme des deux premières pièces de la collection Geophysic, une Seconde Vraie et une Temps Universel, qui explorent une gamme de prix inexploitée jusqu’ici par la Maison et qui se situe entre les techniques Duomètre et les classiques Master.

En gestation depuis trois ans, le concept de ces nouvelles Geophysic aura demandé deux années de travail pour en peaufiner le contenu horloger. Car il était hors de question pour Jaeger-LeCoultre de redonner vie sans valeur ajoutée à ce modèle de 1958 qui fait partie des garde-temps emblématiques de la marque. Comme la Maison le précise, « son nom est celui d’une montre qui appartient aussi bien à l’histoire universelle qu’au patrimoine de la Manufacture. En 1958, l’année géophysique internationale, Jaeger-LeCoultre crée pour les scientifiques en mission un chronomètre d’une résistance extrême puisque capable d’affronter les champs magnétiques du pôle Nord sans perdre de sa précision ». Quand la manufacture a présenté l’an dernier une montre « hommage » à sa Geophysic réalisée en une série limitée équipée d’un calibre d’origine, les plus malins auraient certes pu penser que le meilleur était encore à venir. D’autant que, de cette série limitée, il ne reste que quelques miettes.

Sur les traces des pionniers de l’exploration

« Il était important pour nous de préparer le terrain, précise Daniel Riedo, CEO de Jaeger-LeCoultre. Il nous fallait rappeler ce que représentait cette pièce à l’époque pour nous permettre de raconter l’histoire de la Geophysic du XXIe siècle que nous lançons aujourd’hui au niveau mondial et qui est d’ores et déjà disponible en boutique. Cette montre incarne à merveille la philosophie de Jaeger-LeCoultre en termes de développement de produits. Si nous avons lancé nos deux gammes Hybris Mechanica et Hybris Artistica, ce n’est pas seulement pour démontrer tout le savoir-faire de la Maison dans l’univers des grandes complications et des métiers d’art. Le travail réalisé en amont, si je puis dire, doit également servir nos autres collections. Ce qui est le cas de cette Geophysic dont l’échappement balancier-spiral, le Gyrolab, provient des recherches effectuées pour la Master Compressor ExtremeLab 1 afin de réduire les frottements dans l’air. Idem pour ce qui est des finitions du mouvement et de la masse oscillante ajourée. Elles sont directement inspirées de nos Artistica. »

Le résultat se traduit donc par deux modèles à seconde morte, l’un des deux étant également conjugué avec un dispositif d’heures universelles par disques ingénieux de simplicité dans son fonctionnement. « Telle est effectivement la philosophie qui sous-tend cette collection destinée aux amateurs éclairés désireux d’un modèle qui s’affranchit de lignes par trop classiques et qui dispose d’un réel contenu horloger. Le calibre que nous avons développé est en effet un mouvement de base qui va nous permettre d’élargir la gamme non pas dans le domaine des grandes complications mais plutôt avec des fonctions “intelligentes”. Et dans ce registre, les idées ne manquent pas. » Pour Jaeger-LeCoultre, il était plus que temps de concrétiser l’essai de la Geophysic. Au menu du prochain Salon international de la Haute Horlogerie de Genève, les 85 ans de la Reverso occuperont en effet les esprits. D’autant que la marque annonce d’ores et déjà une refonte complète de cette collection avec la présentation d’une trentaine de nouveaux modèles. À chaque salon son temps fort. Celui de Hong Kong, pour Jaeger-LeCoultre, a eu comme figures tutélaires les pionniers de l’exploration.