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L’horlogerie ou la tentation de l’art – IV
Histoires de montres

L’horlogerie ou la tentation de l’art – IV

vendredi, 9 septembre 2016
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Pierre Maillard
Rédacteur en chef d’Europa Star et cinéaste

“L’horlogerie, à la confluence de l’industrie et de l’artisanat, est un parfait miroir de son époque.”

Né à Genève en 1954, Pierre Maillard mène une double activité de journaliste horloger et de cinéaste.

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8 min de lecture

Une soudaine éclosion. Est-ce l’air du temps qui s’exprime ici ? Comme si, des noirceurs de notre époque, surgissaient autant de Skulls qui nous rappellent le transitoire de nos existences. Petit florilège de La Danse macabre avec la dernière génération des Skulls. Seriez-vous prêt à « mourir » pour ces 10 montres?

Bell & Ross BR01 Skull Bronze

Un Skull à ne pas passer à tous les poignets (46 mm, quand même) !
L’inspiration vient, raconte Bell & Ross, des jeunes parachutistes de l’US Airbone qui avaient adopté la tête de mort comme rappel et intimidation. Comme un talisman face à l’immense danger de leurs missions. Chaque pièce a sa propre coloration, selon son degré d’oxydation. « Sans que cela nuise à sa longévité », explique Bell & Ross. Mais de quelle longévité parle-t-on ?

Bell & Ross BR01 Skull Bronze
Bell & Ross BR01 Skull Bronze
Richard Mille RM052 Skull

La mort se niche-t-elle au cœur de la mécanique, ou plus exactement la soutient-elle ? Comme cette tête de mort qui fait office de ponts et de platine (en titane grade 5, matériau hautement chirurgical). L’allégorie de la mort, intégrée au mouvement pour maintenir ensemble les composants de la vie (du cerveau mécanique).

Un rappel également de cette même nature mécanique de notre architecture maxillo-faciale. L’arrière du crâne taillé faisant office de pont de centre, un peu comme sous notre propre crâne. Richard Mille est un habitué des Skulls, mais ici il a poussé plus loin sa réflexion technique et artistique.

Série limitée de 21 pièces dont 15 pièces en titane et 6 pièces uniques en or rouge ou gris, serties

Richard Mille RM052 Skull
Richard Mille RM052 Skull
Peter Speake-Marin Skull Face to Face Tourbillon

« La vie est courte et bientôt prendra fin ; la mort vient rapidement et ne respecte personne, la mort détruit tout et n’a pitié de personne. »

Peter Speake-Marin cite le livre catalan Vermell de Montserrat (1399), mais ses pièces Skulls semblent plutôt s’inspirer des brumes et des landes du pays natal de Shakespeare.

Dans une pièce précédente, il avait déjà gravé quatre crânes d’argent brillant posés en tête-bêche sur un grésil de diamants. Ici, deux Skulls encadrent un tourbillon et le prennent entre leurs mâchoires sarcastiques. Hamlet ne sait plus où donner de la tête. « Not to be… Not to be… » lui répètent les deux compères de la mort.

La Skull Face to Face Tourbillon est en édition limitée à 8 pièces.

Peter Speake-Marin Skull Face to Face Tourbillon
Peter Speake-Marin Skull Face to Face Tourbillon
Fiona Krüger Black Skull

Y a-t-il une différence entre un Skull masculin et un Skull féminin ? Question rarement posée, semble-t-il. Les ossuaires sont si pleins de viriles armées mortes que seuls les paléontologues et les policiers s’interrogent à ce sujet.

Et pourtant voici un crâne assurément féminin. Un crâne de dentelle mécanique, un gracieux masque souriant un peu narquoisement, se moquant à grandes dents blanches. La mort comme si c’était Mary Reine des Écossais (dont la célèbre montre en forme de crâne a inspiré Fiona Krüger) qui danserait le jour des morts au Mexique.

Fiona Krüger est une fine dentellière qui transforme la mort en précieux ouvrage. Elle a subtilement sculpté sa boîte crânienne recouverte de PVD noir, qui encadre un florilège délicatement entremêlé de décoration et de mécanique.

Fiona Krüger Black Skull
Fiona Krüger Black Skull
HYT Skull Bad Boy

Un fluide noir coule dans les veines de Bad Boy. Son crâne à l’aspect moiré est taillé dans de l’acier de Damas, connu depuis le Moyen Âge pour donner naissance aux plus terribles des armes blanches. Il est posé sur un lit de Clous de Paris et ses index sont en Gothic. La mort se présente sur un bracelet alligator qui se boucle avec du velcro, de préférence sur une veste en cuir de (riche) bad boy biker.

Avec un sang si noir qui absorbe toute la lumière, la Skull Bad Boy ne permet de lire le temps qu’en pleine lumière. Mais la mort ne fait pas de concession et l’obscurité sied parfaitement. L’édition est limitée à 50 pièces.

Skull Bad Boy HYT
HYT Skull Bad Boy
Hublot Classic Fusion Tourbillon Skull

La mort s’accommode de tous les matériaux, même les plus avancés. Ici, elle « fusionne » avec de l’aluminium céramisé. Pour y parvenir, elle doit prendre une décharge plasma dans un bain d’électrolyte. Elle en ressort couverte de céramique dure, dense et adhésive puis est sablée pour la faire paraître plus vieille qu’elle n’est. Elle est dès lors prête à être taillée, usinée dans les trois dimensions pour former platine et ponts en relief comme autant d’ossements qui viendront recouvrir le mouvement squelette. Le cœur-tourbillon de cette Fusion bat sous une tête de mort qui vous regarde droit dans les yeux.

Hublot Classic Fusion Tourbillon Skull
Hublot Classic Fusion Tourbillon Skull
RJ-Romain Jerome by John M Armleder

Aux yeux de John Armleder, l’artiste suisse qui a créé cette série de Skulls pour RJ Romain Jerome, « toutes ces montres donnent l’impression de se ressembler et conviennent donc parfaitement à la mort, qui est au fond la même pour tout le monde mais qui arrive à des heures différentes ».

Leur seule différence se voit aux contours du crâne appliqué sur le métal martelé du cadran, chacun laqué de sa propre et unique couleur. « Le Skull est une allégorie du passage du temps et à ce titre concerne aussi bien l’art que l’horlogerie », ajoute John Armelder. La mort est un multiple unique.

RJ-Romain Jerome by John M Armleder
RJ-Romain Jerome by John M Armleder
Daniel Strom Agonium Memento Mori, Carpe Diem watch

« Un Big Ben sorti d’un cauchemar », a-t-on dit de cette pièce de Daniel Strom. Fils du bien connu horloger Armin Strom, déjà spécialiste des montres squelettes – une affaire de famille –, il aurait, selon son père, « commencé par se teindre les cheveux en noir, puis à se peindre les ongles en noir, à porter ensuite des tee-shirts Nine Inch Nails et à éviter le soleil. On s’est inquiétés quand il s’est mis à éprouver un grand besoin de sang. Mais après en avoir goûté, il a vite abandonné cette idée et s’est tourné vers l’horlogerie ».

Daniel Strom n’aurait pu mieux choisir. On aura rarement vu montre aussi authentiquement gothique, tout droit sortie de catacombes victoriennes, sculptée à la médiévale dans de l’argent, de l’or voire du palladium piqué de diamants (éternels, eux, paraît-il). Brrr…

Daniel Strom Agonium Memento Mori, Carpe Diem watch
Daniel Strom Agonium Memento Mori, Carpe Diem watch
Hajime Asaoka with Takashi Murakami, The death takes no bribe tourbillon

Hajime Asaoka, membre de l’Académie des horlogers créateurs indépendants (AHCI), s’est associé à l’artiste japonais Takashi Murakami pour créer cette montre dont le tourbillon bat imperturbablement et semble presque faire reculer la mort derrière sa serpentine aiguille des minutes.

« La mort n’accepte pas les pots-de-vin », est-il affiché sous les deux crânes réfugiés en haut du cadran. Leurs orbites hallucinées habitées des souriantes fleurs enfantines dont Murakami s’est fait une spécialité semblent contredire cette devise. Comme apeurés derrière le serpent des minutes qui ne cesse de repasser, ils semblent prêts à laisser tomber leur mission mortifère et accepter enfin un pot-de-vin de la part du temps. Ce serait trop beau.

Hajime Asaoka with Takashi Murakami, The death takes no bribe tourbillon
Hajime Asaoka with Takashi Murakami, The death takes no bribe tourbillon
de Grisogono Crazy Skull

La mort a aussi toujours été une grotesque figure du grand carnaval humain, aux côtés des fous et des illuminés. Riez, riez, semble dire la large dentition en diamants de ce Crazy Skull couleur de diable-singe moqueur. Profitez, jouissez tant que je vous regarde. Mais ses deux yeux hypnotiques aux larges orbites au fond desquelles tourne un double temps sont là pour rappeler que le temps file encore plus vite que les rires, et qu’il rattrapera toujours les plaisirs.

Certes, il faut débourser quelque fortune pour se payer les avisés conseils d’un Crazy Skull (de $ 622 000.- à $ 810 000.-), mais face à la mort on dit que l’argent ne compte pas.

de Grisogono Crazy Skull
de Grisogono Crazy Skull
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