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Economie

L’horlogerie suisse à l’aube d’un ralentissement

mardi, 18 mars 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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Après quatre exercices record, le secteur horloger suisse devrait connaître un certain ralentissement à partir du deuxième semestre. L’Asie ne sera en effet pas capable de compenser le recul prévu au Japon, aux États-Unis et en Europe.

Lors de la récente remise des premiers brevets fédéraux suisses de Conseiller de vente en horlogerie, le parrain de la manifestation, Nicolas Hayek, président du Groupe Swatch, s’est montré des plus confiants quant à l’avenir immédiat du secteur et de sa compagnie : « toutes les branches d’activités connaissent des cycles économiques. Or pour l’instant, l’horlogerie suisse reste sur un cycle haussier qui va se prolonger cette année encore, même si le secteur financier et les États-Unis montrent des signes de faiblesse pour les erreurs commises que l’on sait, expliquait-il. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas fait les mêmes erreurs et nous ne montrons aucun signe de faiblesse. De plus, les États-Unis, premier marché pour les exportations horlogères suisses, ne sont pas en récession, sans parler du fait que ce pays a été remplacé par l’Europe à la première place des économies mondiales. Quant au Moyen-Orient et à l’Asie, ces régions vont continuer à acheter nos montres de qualité. Les mois de janvier et février ont d’ailleurs été sensationnels du point de vue des ventes, même avec un taux de change défavorable. Pour le groupe Swatch, l’effet négatif des changes se monte à environ CHF 20 millions pas mois. Sur un chiffre d’affaires mensuel de l’ordre de 650 millions, c’est tout à fait absorbable. En un mot, les bénéfices seront en hausse cette année ».

L’optimisme reste de mise

Cet optimisme est largement partagé par Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse. Selon lui, les turbulences qu’ont récemment connues les marchés financiers et qui sont en train de coûter plusieurs points de croissance à l’économie des États-Unis, n’ont pas d’incidence directe sur le secteur horloger. D’autant que la dépendance vis-à-vis du marché américain s’est considérablement réduite au profit de régions géographiques au potentiel intact de croissance. Cette année, Hong Kong devrait d’ailleurs supplanter l’Oncle Sam comme première destination des produits horlogers suisses.

C’est dire l’importance que prend désormais la Chine pour qui Hong Kong sert de portail d’entrée, notamment en raison des taxes à l’importation. « Si l’on se base sur les statistiques de ce début d’année, marquées par une croissance des exportations en janvier de 23% en valeur, voire même de 40% pour ce qui est des garde-temps de plus de CHF 3’000.- prix ex usine, il y a tout lieu de croire que le premier semestre 2008 sera parfaitement en ligne avec ce que nous avons connu l’an dernier, explique-il. On s’attend toutefois à une croissance un peu plus faible pour la seconde partie de l’année. »

Ralentissement confirmé

Forte d’un exercice 2008 démarré en fanfare, l’horlogerie suisse serait-elle prête à réitérer son exploit de l’an dernier, soit une croissance des exportations de 16,3% que la branche n’avait plus connue depuis près de 20 ans ? Rien n’est moins sûr. Selon les analystes financiers, si les six premiers mois de l’année s’inscriront en effet dans le prolongement de 2007, ils partagent l’analyse de Jean-Daniel Pasche quant au ralentissement attendu au deuxième semestre. « Les quatre années de croissance à deux chiffres que vient de connaître l’horlogerie suisse représentent une évolution exceptionnelle, expose Patrik Schwendimann, analyste financier auprès de la Banque cantonale de Zurich. Je ne pense pas qu’il soit possible de maintenir un tel rythme de croissance sur le long terme. Historiquement, la branche évolue plutôt sur une base de croissance annuelle comprise entre 6% et 7% et je ne vois aucune raison pour que cela change. Pour cette année, je m’attends donc à un ralentissement qui devrait positionner le secteur plus proche des valeurs que je viens d’indiquer. »

Les raisons du ralentissement ? Pour Patrick Schwendimann, l’affaiblissement conjoncturel en cours aux États-Unis et celui prévu en Europe, sans parler du Japon vont immanquablement se reporter sur les ventes horlogères, soit une baisse que l’Asie à elle seule ne pourra pas compenser. Idem du côté des grands groupes cotés en Bourse qui ne parviendront pas à se soustraire à ces vents contraires, soutenus par des taux de change défavorables. « Pour ma part, je table sur une croissance de l’ordre de 4% à 5% sur l’ensemble de l’année, explique Alex Nigliorini, analyste auprès d’Helvea, négociant en valeurs mobilières. Ce que l’industrie à connu ces dernières années n’était tout simplement pas tenable sur le long terme. Nous allons donc assister à un retour à la normale pour ce secteur d’activité ». Faut-il s’en réjouir au moment même où les Maisons sont en train d’augmenter leurs capacités de production à tout-va ? D’un avis unanime, l’augmentation des stocks dans les réseaux de distribution est probablement encore pire que les goulets d’étranglement que connaissent actuellement les horlogers au niveau de leur approvisionnement. Mais pourquoi l’horlogerie suisse ne réussirait-elle pas ce que les États-Unis appellent de leurs vœux les plus chers : un atterrissage en douceur…

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