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L’horlogerie suisse continue de briller
Actualités

L’horlogerie suisse continue de briller

mercredi, 18 janvier 2023
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Les Maisons horlogères helvétiques ont connu un exercice record en 2022 avec une hausse des exportations de plus de 10 % à quelque 25 milliards de francs, selon les statistiques des douanes. Dans une économie mondiale en plein ralentissement, le secteur semble devoir durablement tirer son épingle du jeu.

On se croirait revenu aux grandes heures de l’horlogerie, tant les transactions financières et annonces fracassantes agitent à nouveau le secteur, comme ce fut le cas il y a une vingtaine d’années, en pleine période de renouveau de la montre mécanique. En un mot, l’horlogerie suisse vole de record en record et sa course sur les ailes de la croissance ne semble guère s’embarrasser d’un quelconque obstacle. La fin d’année dernière a notamment été marquée par Rolex et ses projets d’expansion dans le canton de Fribourg. La Maison genevoise vient en effet d’acquérir quelque 100’000 m² de terrain à Bulle, soit l’équivalent de 10 terrains de football, pour y implanter un nouveau site de production devisé à CHF 1 milliard, prévu pour 2’000 collaborateurs dès 2029.

Chez Breitling également, on note un changement au niveau de la composition du capital. C’est désormais le gestionnaire d’actifs suisse Partners Group qui devient son premier actionnaire, persuadé des capacités de la marque à devenir « l’un des leaders mondiaux de l’industrie horlogère », selon les termes du fondateur de Partners Group, Alfred Gantner, qui prend la présidence du conseil de la Maison. Côté transactions, on notera également celle entre Richemont, Alabbar et Farfetch destinée à transformer Yoox Net-A-Porter (YNAP) en une plateforme commerciale neutre à l’échelle de l’industrie, transaction qui se solde chez Richemont par un ajustement comptable de € 2,7 milliards.

Un secteur résilient

Ces quelques exemples montrent bien que l’effervescence est au rendez-vous au sein de l’industrie. Effervescence largement confirmée par les statistiques de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). En extrapolant sur décembre la croissance moyenne des exportations horlogères suisses obtenue sur les 11 premiers mois de l’année (+ 11,9 % à CHF 22,8 milliards), on obtient un résultat total de près de CHF 25 milliards pour 2022. Avec une telle performance, les Maisons de la branche signent un nouveau record, effaçant celui de 2021 (CHF 22,3 milliards / + 31,2 %), qui avait lui-même dépassé de justesse celui de 2014. « Cette évolution n’est en rien le fruit du hasard, expose Jean-Daniel Pasche, Président de la FH. Elle se fonde sur un secteur affichant à la fois résilience, capacité d’adaptation et force d’innovation. Sans oublier des produits hautement attractifs. »

En 2022, la branche horlogère a franchi le seuil des 60'000 collaborateurs, jamais dépassé depuis le milieu des années 1970.

Force est en effet de constater que les difficultés conjoncturelles liées à la guerre en Ukraine, à la crise énergétique, à la force du franc comme à la politique monétaire restrictive de la Banque nationale suisse due à l’inflation n’ont pas obéré la branche horlogère aussi fortement que l’ensemble de l’économie suisse, dont la croissance du PIB devrait ralentir à 2 % en 2022 et aux alentours de 1 % en 2023, selon le Secrétariat d’État à l’économie. Quant à la politique « zéro Covid » de Xi Jinping, qui a pesé sur la croissance chinoise attendue en dessous des 3 % pour l’année 2022, elle s’est traduite par une baisse des exportations horlogères de l’ordre de 13 % vers l’Empire du Milieu et encore de 10 % vers Hong Kong, en passe de perdre son statut de plaque tournante de la région. Ces contreperformances n’ont toutefois pas entamé le potentiel de la branche, même si ces destinations occupent les 2e et 3e places dans le classement des principaux marchés pour l’horlogerie suisse. Cette formidable marche en avant horlogère se reflète d’ailleurs au niveau de l’emploi dans une industrie que d’aucuns voient bientôt victime de son propre succès. La Convention patronale annonçait en fin d’année dernière l’embauche de 3’300 collaborateurs par l’ensemble des Maisons sur 12 mois, essentiellement dans la production, portant le total au-delà des 60’000 personnes, un seuil jamais franchi depuis le milieu des années 1970. Et c’est encore sans compter les 4’000 professionnels à former et recruter d’ici 2026, toujours selon la Convention patronale, sans garantie aucune de pouvoir les trouver !

Forte hausse boursière

Ce rebond horloger, synonyme de résultats financiers des plus positifs au sein des ténors de la branche, a été salué en Bourse comme il se doit. Les titres Richemont comme Swatch Group affichent ainsi des hausses de l’ordre de 30 % sur le second semestre 2022, à l’instar des principales compagnies de l’univers du luxe. Rien de fortuit à cela. Comme le montrent les statistiques horlogères, le secteur des montres mécaniques, qui représente le haut de gamme horloger, pèse de plus en plus lourd dans les exportations, pour tendre progressivement vers les 90 % du total en valeur. Cette année 2022 pourrait toutefois marquer un tournant majeur pour l’ensemble de l’industrie dans la mesure où l’on observe à nouveau une tendance positive dans les volumes des exportations, soit une hausse de 1,7 % à 14,47 millions de pièces après 11 mois, hausse qui profite notamment à l’entrée de gamme. En sachant que, en 20 ans, le nombre total de montres suisses exportées a été divisé par deux, passant de 30 millions au début des années 2000 à 15 millions en 2021, il s’agit là d’une excellente nouvelle pour un secteur économique qui doit absolument maintenir sa base industrielle.

En 2030, le marché du luxe personnel avoisinera les € 540 à 580 milliards, en progression de 60 % par rapport à aujourd’hui.

Dans ce contexte, quelles perspectives pour 2023 ? Essentiellement les mêmes que celles de l’industrie du luxe, qui dispose d’un atout de poids : la hausse ininterrompue du cercle des « consommateurs luxe ». Le nombre de personnes appartenant à cette classe fortunée est en effet passé de 330 millions en 2014 à 400 millions aujourd’hui, pour atteindre les 500 millions à l’horizon 2030, selon le dernier rapport Bain-Altagamma. Celui-ci prévoit ainsi une progression de 60 % du marché du luxe personnel, qui devrait totaliser € 540 à 580 milliards à la fin de la décennie. Simplement dit, si l’on met en rapport la population d’amateurs susceptibles d’acquérir une montre de luxe avec la production annuelle de quelque 6 millions de montres mécaniques suisses, on voit aisément de quel côté penche la balance. Un signe qui ne trompe pas : si l’on a amplement entendu les analystes financiers discourir sur le potentiel des Gafam (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft), un autre acronyme a fait son apparition. Il s’agit des Khol (Kering, Hermès, L’Oréal et LVMH), qui sont devenus le moteur « luxe » de l’indice CAC 40 de l’Hexagone en pesant désormais un quart de sa capitalisation boursière totale. Or le moteur luxe a aujourd’hui incontestablement un piston horloger vigoureux. Comme le dit l’horloger indépendant Kari Voutilainen, si la montre a « quelque chose de magique, cela tient au fait qu’il s’agit pratiquement du dernier objet mécanique que nous possédons ». Une rareté en train de faire merveille.

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