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« Naissance d’une montre 2 », la dernière ligne droite
Culture

« Naissance d’une montre 2 », la dernière ligne droite

mercredi, 24 juin 2020
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Sous l’égide de la Fondation Time Æon, qui œuvre à la préservation des savoirs horlogers, le projet « Naissance d’une montre 2 » est en bonne voie. Fruit d’une collaboration entre Oscillon, Urwerk et Greubel Forsey, cette pièce unique en est aux finitions et réglages. Objectif : une vente aux enchères à Hong Kong le 21 avril 2021.

Une montre mécanique faite 100 % à la main. Une utopie à l’ère des machines à commande numérique qui répondent à des plans informatisés réalisés après simulation sur ordinateur et prototypage par imprimante 3D ? Certainement pas ! Peu nombreux sont toutefois les horlogers encore capables de réaliser une telle prouesse. Ce qui relevait pourtant de leur quotidien il y a à peine 50 ans est en train de disparaître progressivement. Comme l’industrie n’a pratiquement plus besoin de ces connaissances et de ce tour de main, les savoirs traditionnels se perdent au profit de compétences d’« opérateurs ». Une érosion qui remonte d’ailleurs toute la chaîne de création de valeur jusqu’à l’enseignement prodigué dans les écoles d’horlogerie. Inadmissible, selon Time Æon, une fondation précisément constituée pour préserver ces savoirs et savoir-faire considérés comme un préalable à l’excellence horlogère.

Nouveau projet, nouveaux acteurs

À la barre de ce mouvement de résistance, des noms d’horlogers qui font référence : Felix Baumgartner, Philippe Dufour, Stephen Forsey, Robert Greubel et Vianney Halter, récemment rejoints par David Bernard et Dominique Renaud. Et pour bien montrer que Time Æon n’est pas un salon où l’on cause, un premier projet d’envergure voyait le jour sous le nom de code « Naissance d’une montre ». Projet qui impliquait Philippe Dufour et Greubel Forsey, chargés d’apprendre au jeune horloger Michel Boulanger à réaliser une montre entièrement sur l’outillage d’autrefois. Pari tenu, au-delà même de toute espérance dans la mesure où le prototype s’est vendu 1,5 million de dollars aux enchères à Hong Kong. Une série limitée de 11 pièces devait suivre. Fort de ce premier succès consacrant le bien-fondé de la démarche, Time Æon n’allait pas en rester là. Place donc à « Naissance d’une montre 2 ». Mêmes objectifs, consistant à valoriser le travail ancestral de l’horloger, mais nouveaux acteurs avec l’entrée en scène d’Urwerk et de son constructeur Oscillon aux côtés de Greubel Forsey.

Cyrano Devanthey (gauche) et Dominique Buser, confondateurs d'Oscillon
Cyrano Devanthey (gauche) et Dominique Buser, confondateurs d'Oscillon

« En 1997, aux débuts d’Urwerk, nous avions une certaine vision de l’horlogerie, beaucoup de temps et peu de moyens, explique Felix Baumgartner, fondateur de la Maison avec le designer Martin Frei. Cela veut dire que nos premiers prototypes, nous les avons réalisés à la main sur des machines traditionnelles. Mon père, qui était restaurateur de pendules anciennes, ne travaillait pas autrement. J’ai ainsi grandi dans un univers où le travail à la main avait tout son sens. Alors si les montres Urwerk ont également recours aujourd’hui aux dernières technologies et aux nouveaux matériaux, nous n’avons jamais vraiment abandonné notre manière de faire des origines. Notamment grâce aux constructeurs d’Urwerk, Dominique Buser et Cyrano Devanthey, avec qui je travaille depuis une quinzaine d’années, dès la réalisation de l’Opus 5 d’Harry Winston, et qui sont justement des passionnés de machines anciennes. Ils les restaurent et les utilisent pour créer des montres comme il y a cent ans sous le nom de leur manufacture Oscillon. Alors quand j’ai eu connaissance du premier projet “Naissance d’une montre” en discutant avec Robert Greubel, j’ai tout de suite compris que nous étions sur la même longueur d’onde. D’où l’idée d’écrire un deuxième chapitre de cette histoire. »

L’innovation en prime

« Naissance d’une montre 2 » devient ainsi une aventure tripartite entre Greubel Forsey, chargé de l’architecture du mouvement sur la base d’une idée technique de Dominique Buser, Uwerk, pour le design du boîtier et la conduite du projet, et Oscillon, à la manœuvre pour la construction. « Cette question du fait-main nous a interpellés depuis la fin de nos études, précise Dominique Buser. Cyrano Devanthey et moi-même n’étions pas d’accord sur la faisabilité d’une pièce entièrement réalisée selon les techniques d’autrefois. Nous nous sommes donc lancé une sorte de défi pour savoir lequel de nous deux avait raison. Un défi un peu fou, si on veut bien, vu les cinq ans passés à la création de la première série de nos montres baptisées “L’instant de vérité”. Nous avions clairement sous-estimé le temps nécessaire pour de telles réalisations. Nous sommes par exemple en train de terminer une série de quatre pièces pour un client asiatique qui nous aura demandé trois ans de travail. Quand nous avons entendu parler de “Naissance d’une montre”, nous étions presque au bout de la démarche sur nos premières pièces. Nous sommes donc entrés en contact avec Greubel Forsey par l’intermédiaire de Felix Baumgartner pour comprendre très vite que nous avions la même passion, la même fascination pour les techniques horlogères traditionnelles. »

Naissance d'une montre 2
Naissance d'une montre 2

C’est donc l’idée technique à la base des montres Oscillon qui est reprise, à savoir celle d’un mécanisme à force constante exercée à partir de deux barillets reliés par différentiel planétaire, une première en horlogerie. « Le système reste le même, c’est vrai, commente Dominique Buser. Mais comme le mouvement est renversé, avec une grande réserve de marche au dos et le balancier côté face, nécessitant une inversion des rouages, on peut dire qu’il s’agit d’une nouvelle construction pour laquelle nous avons réalisé pas moins de quatre versions successives. » « C’est bien la preuve que l’on peut également être inventif lorsque l’on travaille à la main, renchérit Felix Baumgartner. Par rapport au premier projet, avec lequel nous partageons les mêmes objectifs en termes de qualité et de transmission des savoirs horlogers, nous apportons l’innovation ! » Après deux ans d’efforts visant à réaliser deux pièces, une montre école réservée à Time Æon et une « Naissance d’une montre 2 » destinée à la vente, la phase de production est quasi à son terme avec les dernières finitions et les ultimes réglages à réaliser. Si le Covid-19 le veut bien, un tour du monde de présentation est ensuite prévu avec, en point d’orgue, une vente aux enchères le 21 avril 2021 à Hong Kong. À n’en pas douter, les élèves de Dominique Buser et Cyrano Devanthey à l’École d’horlogerie de Granges vont encore entendre parler de la « Naissance d’une montre ».

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