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Pierhor, spécialiste du rubis synthétique
Actualités

Pierhor, spécialiste du rubis synthétique

mardi, 20 juillet 2010
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Le marché suisse du rubis synthétique destiné à la Haute Horlogerie est concentré entre une poignée d’entreprises pour une production annuelle de quelque 300 millions de pièces. Parmi elle, l’entreprise indépendante Pierhor qui se concentre sur le haut de gamme.

La mécanique horlogère ne serait certainement pas ce qu’elle est sans le rubis synthétique, un corindon obtenu par fusion de poudres d’oxyde d’alumine, mélangées à de l’oxyde de chrome pour la couleur rouge, selon l’invention d’Auguste Verneuil en 1902. Avant cette date, Les horlogers utilisaient déjà du spinelle ou du grenat pour leurs mouvements en remplacement des bouchons en laiton et ce dès que le processus de perçage des pierres au fil de diamant a été mis au point au tout début du XVIIIème siècle. La commercialisation du rubis synthétique a toutefois représenté une avancée d’importance, non seulement en raison de son coût mais également de ses propriétés.

D’une très grande dureté (9 sur l’échelle de Mohs – le cristal le plus dur après le diamant), d’une haute résistance à l’usure et d’un faible coefficient de frottement en raison de son homogénéité, le rubis synthétique est particulièrement adapté à l’horlogerie mécanique permettant d’augmenter sensiblement la précision et la longévité des montres. Sans oublier que ce matériau est non conducteur, résistant aux acides et insensible aux écarts de températures. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nombre de rubis, de 12 à 60 selon les mouvements, a pendant longtemps été gravé sur le boitier des montres, synonyme de qualité des calibres horlogers.

Rubis synthétique © Pierhor
Rubis synthétique © Pierhor
Sécurité d’approvisionnement

Le rubis synthétique est ainsi rapidement devenu indispensable à la profession. Raison pour laquelle les grandes Maisons horlogères ont cherché à sécuriser leur source d’approvisionnement à l’image du Groupe Swatch qui possède Comadur, ou encore de Jaeger-LeCoultre, Patek Philippe et Rolex, tous trois actionnaires de La Pierrette au Brassus. Quelques entreprises indépendantes ont toutefois réussi à s’imposer sur ce marché parmi lesquelles la société familiale Gasser-Ravussin, le groupe français IMI avec son entité Cheval Frères et Pierhor, entreprise fondée en 1899 et reprise par François Durafourg en 1994. « Nous sommes une famille de tailleurs de pierre pour la bijouterie originaire de Saint Claude dans le Jura, explique François Durafourg. Mon grand-père a d’ailleurs inventé une machine pour la taille des pierres synthétiques dès que le procédé de Verneuil a permis la fabrication du matériau brut. Pour ma part, j’étais déjà actif dans le secteur de l’horlogerie quand j’ai appris que Pierhor était à vendre. Je n’ai donc pas hésité. »

Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, également spécialisée dans l’usinage de métaux durs, François Durafourg s’est surtout a attaché à diversifier la clientèle de Pierhor tout comme ses produits en ciblant clairement la Haute Horlogerie. Le Poinçon de Genève, par exemple, stipule que « tout mouvement doit être pourvu de pierres en rubis avec des trous polis, au rouage et à l’échappement. Côté pont, les pierres doivent être mi-glace et les moulures polies. » « Depuis que nous nous sommes ouverts au Poinçon de Genève, poursuit François Durafourg, nous sommes devenu une référence dans la profession si bien qu’aujourd’hui nous livrons pratiquement tout le monde en dehors d’ETA, Patek Philippe et Jaeger-LeCoultre. Même Rolex figure parmi nos clients importants. Mais cela veut dire que toute concession à la qualité nous est interdite. Nos rubis sont donc garantis au micron et les mesurons avec des appareils précis au dixième de micron . » Dans cet ordre d’idée, Pierhor travaille également d’autres pierres de la famille du corindon comme le saphir transparent ou bleu, la spinelle bleue et l’oxyde de zirconium qui a la particularité d’être autolubrifiant. Pas question toutefois de se lancer dans le rubis fritté, une pierre moulée comme la céramique, davantage adaptée aux mouvements à quartz dans la mesure où les trous ont tendance à s’évaser quand ils sont soumis à de fortes tensions.

Atelier de creusage (fabrication du huilier) © Pierhor
Atelier de creusage (fabrication du huilier) © Pierhor
Concentration du marché

« Tout mouvement horloger ne peut être meilleur que le moins bon de ses composants, aime à dire François Durafourg. En d’autres termes, si l’un des composants vient à faire défaut ou comporte un vice de forme, et même si tous les autres sont parfaits, cela signifie que le réglage va prendre beaucoup de temps. En ce sens, chez Pierhor, nous avons développé une maîtrise des anglages des pierres pour le chassage et de la parfaite concentricité des trous qui permettent d’éliminer ce besoin de réglage. » Ces exigences de savoir-faire explique, du moins en partie, la concentration du marché suisse du rubis synthétique où cinq entreprises représentent quelque 90% d’une production annuelle globale de quelques 300 millions de pièces vendues à partir des 10 centimes l’unité avec, comme gros consommateur, ETA, Rolex, Sellita, Soprod et Dubois Dépraz notamment. Concentration que l’on retrouve d’ailleurs au niveau des producteurs de brut avec Djeva en Suisse et Rubis des Alpes (RSA) en France qui monopolisent l’offre sur le continent européen. Au niveau international, c’est encore une fois la Chine qui se profile comme le principal concurrent des entreprises helvétiques, forte d’une production annuelle de quelque 900 millions de pièces.

« En termes de sous-traitance horlogère, il est évident que l’option chinoise est non négligeable, conclut François Durafourg. Raison pour laquelle nous n’avons d’autre choix que la qualité. Ce que les clients apprécient mais qui nous a obligés à intégrer toute la production sur un même site et à nous équiper de machine CNC pour compléter notre parc aussi composé de machines-outils plus anciennes mais néanmoins irremplaçables. J’ai également fondé une société spécialisée dans la production de fil pour la découpe des pierres, un élément essentiel dans notre métier. En un mot, la haute précision dans la taille des pierres destinées à l’horlogerie est certainement un défi à relever qui demande un engagement de tous les instants. »

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