>SHOP

restez informés

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir des infos et tendances exclusives

Suivez-nous sur toutes nos plateformes

Pour encore plus d'actualités, de tendances et d'inspiration

Post tenebras lux
Histoire & Pièces d'exception

Post tenebras lux

mardi, 5 janvier 2016
Par Louis Nardin
fermer
Editor Image
Louis Nardin
Journaliste et consultant

“De l’audace, toujours de l’audace.”

Georges Jacques Danton

« Une montre de qualité concentre de la créativité, des compétences techniques et scientifiques rares, des gestes anciens. Elle touche au désir d’être unique, de se distinguer, d’afficher un savoir, une puissance, un goût. Une montre raconte plusieurs histoires à la fois, dont les détails et les secrets font la saveur. »

Lire plus

CLOSE
5 min de lecture

De la chandelle au Super-LumiNova, l’horlogerie a eu recours à différentes méthodes pour permettre de lire l’heure dans l’obscurité. Tour d’horizon.

Nous sommes à la fin du XVIIe siècle et le pape Alexandre VII piétine d’impatience dans l’attente de l’une des dernières trouvailles du génie italien : une horloge nocturne ! Inventée par les frères romains Matteo, Pietro Tommaso et Giuseppe Campani, celle-ci logeait une bougie à l’intérieur d’un mécanisme permettant de lire l’heure dans l’obscurité. Pour y parvenir, un disque ajouré des heures et de ses fractions tournait à la place des aiguilles indiquant le temps par transparence. Quelque trois siècles plus tard, soit en octobre dernier, HYT apportait sa propre pierre à l’édifice avec une H4 dotée d’une microgénératrice électrique intégrée. Entre-temps, les montres sont passées par les chemins de la radioactivité, avant qu’elles n’adoptent des solutions moins nocives, toujours dans le but d’être lisibles en toute circonstance.

En 1898, Pierre et Marie Curie isolent le radium, le métal le plus radioactif à l’époque qui rendra possible la production de matière luminescente.
Égarements radioactifs

Au début du XXe siècle, les garde-temps portatifs commencent leur mutation à grande échelle pour passer de la poche au poignet. Mais la question de lire facilement l’heure dans l’obscurité n’est pas résolue pour autant. Comme ils étaient en train de le faire pour le chronographe, les industriels horlogers cherchent à simplifier la fabrication des calibres à répétition minutes, à l’instar de Le Phare, par exemple. C’est que, à défaut de lire l’heure, on pouvait l’entendre. Une découverte scientifique va toutefois briser cet élan. En 1896, le physicien français Henri Becquerel découvre la radioactivité, à savoir la capacité qu’ont certains atomes d’exciter d’autres matières de façon constante. Deux ans plus tard, Pierre et Marie Curie isolent le radium, le métal le plus radioactif à l’époque. Grâce à lui, il devient possible de produire de la matière luminescente, capable donc d’émettre de la lumière.

C’est une véritable révolution pour l’horlogerie, qui commence à enduire aiguilles et index de cette nouvelle substance. On ignore alors largement les dangers de la radioactivité et le radium devient la norme. Ce n’est que vers la fin des années 1930 que l’on commence de fait à comprendre les effets nocifs dus aux contacts avec des matières radioactives. Il faudra toutefois attendre 1963 pour que leur usage devienne extrêmement réglementé en Suisse. Le radium est ainsi rapidement remplacé par du tritium, notamment sous la pression populaire. Fonctionnant sur le même principe physique mais sans émission de rayons aussi nocifs, le tritium sera néanmoins voué au même sort que le radium, sauf sous sa forme gazeuse. Encapsulé avec de la matière luminescente dans des microtubes en verre scellés au laser, il continue d’être utilisé par des marques comme Luminox, Ball Watch ou encore Traser.

En matière de luminescence, l’alternative aux substances radioactives est relativement récente pour dater de 1992.
Poudre et résine

L’alternative aux substances radioactives est relativement récente. En 1992, Albert Zeller, propriétaire de l’entreprise RC Tritec, se met en quête d’une solution devant lui permettre de poursuivre ses activités dans la fabrication de matière luminescente destinée à l’horlogerie. En partenariat avec l’entreprise japonaise Nemoto, il développe alors une nouvelle matière totalement inoffensive : le LumiNova. Contrairement aux substances radioactives, les cristaux de LumiNova absorbent l’énergie des rayons UV qui augmentent leur état vibratoire. Ils restituent cette énergie sous forme de lumière lorsque la matière se trouve dans l’obscurité. Il n’en fallait guère plus pour que l’industrie horlogère dans son ensemble adopte sans tarder cette nouvelle invention.

Sous sa forme prête à l’emploi, la matière luminescente peut coûter jusqu’à CHF 43.- le gramme, soit un prix équivalent à celui de l’or !

Constituée de pigments, d’une granularité différente selon le type de couleur, cette matière luminescente est mélangée à des résines, au nombre d’une trentaine selon l’effet désiré, avant d’être appliquée minutieusement sur le cadran. Sous sa forme prête à l’emploi, la matière peut coûter jusqu’à CHF 43.- le gramme, soit un prix équivalent à celui de l’or. L’entreprise Billight a pour sa part développé son propre mode de production où la matière est coulée dans des micromoules en polyester pour former de petits blocs. Plus volumineux, ils garantissent un plus grand dégagement de lumière. Principal fournisseur helvétique, RC Tritec continue ses recherches pour améliorer les performances de ses produits. Ce printemps, elle a dévoilé le Swiss Super-LumiNova Grade X1 GL, qui se révèle à 91 % plus performant après 12 heures de non-exposition que son prédécesseur, le Swiss Super-LumiNova. Hors de Suisse, le fabricant Ambient Glow Technology, en association avec Black Badger Advanced Composites, a inventé sa propre substance. Elle a fait le succès de la collection Korona K0 Northern Light, lancée de printemps par Sarpaneva.

Fée électricité

Pour sa nouvelle H4, HYT a choisi de développer une solution novatrice. En partenariat avec Preciflex, également fournisseur des capillaires d’affichage de l’heure par deux liquides, la Maison a mis au point une microgénératrice logée directement dans la montre. L’énergie est produite par le porteur lui-même, qui charge ce système fort de 80 composants en remontant la couronne dédiée. Un bouton-poussoir permet de libérer l’électricité qui ira alimenter deux leds s’allumant alternativement et à haute vitesse. Très horloger dans sa conception et son fonctionnement, le système inonde de lumière le cœur de la montre.

Haut de page