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Pour une stratégie d’entreprise « durable »
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Pour une stratégie d’entreprise « durable »

vendredi, 21 octobre 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Pour que le développement durable ne soit pas qu’une question rhétorique, il doit intégrer le modèle d’affaires de l’entreprise comme un élément essentiel de sa stratégie. C’est ce qu’ont souligné les experts invités au Watch Forum, organisé en septembre à Genève par Watches and Culture.

La prise de conscience est patente. Il ne se déroule plus guère de semaines sans que les questions relatives au réchauffement climatique, à la pollution des océans ou aux problèmes énergétiques viennent alimenter le débat sur le futur de la planète et la façon de lui assurer un avenir. En bref, les principes de développement durable acquièrent une acuité d’autant plus aigüe que les catastrophes naturelles se succèdent et que les conditions de vie sur terre ne cessent de se dégrader. La situation est-elle toutefois suffisamment alarmante pour que les changements systémiques nécessaires deviennent une réalité, notamment dans les entreprises ? Probablement pas, comme le laissait entendre Bérangère Ruchat, Chief Sustainability Officer auprès du groupe Richemont : « La question qui se pose est donc de savoir ce qu’il faut faire de différent pour que les choses bougent, s’interrogeait-elle lors du Watch Forum, journée de débats organisée par Watches and Culture sur les initiatives à prendre en matière de développement durable. Cela fait des années que l’on voit des films, des reportages, des enquêtes sur la question. Mais cela ne suffit pas, essentiellement parce que le sujet est traité de manière émotionnelle. Aujourd’hui, il faut parler le langage des affaires. En ce sens, il est indispensable que la durabilité soit intégrée dans la stratégie d’entreprise, dans tout ce qu’elle fait ! »

Impact management

Et Bérangère Ruchat d’exhorter les professionnels à cesser de voyager en tout temps et dans tous les sens pour se concentrer sur ce qui doit être mesuré et appliqué aux affaires de la compagnie. Pas question toutefois de se noyer dans les chiffres et les analyses. « Quand je suis arrivée au sein du groupe Richemont, en février 2022, se souvenait-elle, les équipes en charge des questions liées à la responsabilité sociale et environnementale de la compagnie passaient leur temps à écrire des rapports. Aujourd’hui, il faut se concentrer sur l’impact ! »

Le rôle d’une entreprise ne consiste pas à rivaliser pour être la meilleure du monde mais bien la meilleure pour le monde.
Jonathan Normand

C’est exactement ce que défend Jonathan Normand, CEO de B Lab Switzerland, organisation servant de soutien à une communauté de personnes pour qui le monde des affaires est une force œuvrant en faveur de l’intérêt général. Objectif ultime : résoudre les grands enjeux que sont les inégalités dans la répartition des richesses, les injustices sociales et le changement climatique. Pour Jonathan Normand, le seul combat à mener est celui de l’« impact management ». Et qui dit « impact management » sous-entend d’avoir les bonnes personnes aux bonnes places pour éviter les lourdeurs bureaucratiques et accélérer la transition nécessaire. Dans ce contexte, la responsabilité de l’entreprise et de son ou ses propriétaires est un facteur clé pour que son rôle dans la société ne consiste pas à tirer parti de ses avantages compétitifs pour être « la meilleure du monde mais bien la meilleure pour le monde ».

Le rôle clé des données

De manière plus concrète, cela passe inévitablement par des bases de données intelligentes selon le principe que l’on ne gère bien que ce que l’on mesure. C’est exactement ce que propose FigBytes, qui a fait œuvre de pionnier en matière de solutions de gestion des données en temps réel pour lutter contre le changement climatique. « Une question est centrale », selon Kate Cacciatore, Responsable du développement durable au sein de FigBytes. En se penchant sur les processus de collecte des informations au sein d’une entreprise et la manière dont ces données sont gérées, on constate assez rapidement que la norme tient davantage à la prolifération des standards plutôt qu’à un référentiel unique et pertinent. En conséquence, les équipes en charge passent leur temps à écrire des rapports et des analyses de conformité aux exigences légales et réglementaires. « C’est là que la technologie peut aider pour éviter de se noyer dans un océan de données et disposer des bonnes informations, celles qui sont susceptibles de nourrir la stratégie d’entreprise, exposait-elle. Car c’est bien la finalité de l’exercice. » Encore faut-il que le comité de direction d’une entreprise s’approprie ces questions sur la base des bons outils, sans hésiter à renverser les dogmes du passé. « Avec une telle ouverture d’esprit, avec un tel humanisme, des choses incroyables peuvent alors se produire », assurait Kate Cacciatore.

C’est quand une industrie se sent attaquée et que les mécanismes de défense se mettent en place que des progrès notoires se manifestent en termes de durabilité.
Bérangère Ruchat

Pour que le développement durable devienne une réalité au quotidien dans la vie des entreprises, les actions collectives, les coalitions entre sociétés d’une même branche économique sont-elles un facteur de succès ? Pas nécessairement, selon les intervenants du panel. Dans certaines industries, elles ralentissent même les processus avec des phases préparatoires qui traînent sur des années. Sans parler de ces entreprises qui préfèrent déléguer les questions de durabilité au sein du groupement qu’elles intègrent plutôt que de traiter en priorité ces questions à l’interne. Les différents membres de ces associations avancent ainsi à des rythmes différents sur la voie de la durabilité, au détriment des objectifs à atteindre. « C’est quand une industrie se sent attaquée et que les mécanismes de défense se mettent en place que des progrès notoires se manifestent », précisait Bérangère Ruchat. Les « attaques » viendront-elles d’une clientèle de plus en plus sensible aux questions sociales et environnementales dans leurs achats de produits de luxe ? En tout état de cause, les études des cabinets de conseil laissent clairement entendre que les jeunes générations font effectivement preuve d’un besoin d’honnêteté dans la démarche, de transparence dans l’approvisionnement et de responsabilité dans la production de la part des entreprises qu’elles « choisissent ». Or ces exigences demandent certes un engagement individuel fort mais également une réponse collective. Notamment de la part de l’industrie du luxe, dont les valeurs éthiques et morales militent pour un comportement exemplaire. En ce sens, les initiatives qui voient le jour, à l’instar de la Watch & Jewellery Initiative 2030, qui commence à fédérer les Maisons de la branche, sont non seulement encourageantes mais très certainement nécessaires.

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