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Qui fera main basse sur Tiffany ?
Economie

Qui fera main basse sur Tiffany ?

lundi, 11 novembre 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

À 120 dollars par action, soit 14,5 milliards, l’offre faite par LVMH pour l’acquisition de Tiffany a été jugée trop basse par ses dirigeants. Désormais, la « chasse » est ouverte entre mastodontes du secteur, Richemont et Kering inclus, pour s’emparer du premier joaillier américain.

C’eût été beaucoup trop facile ! Dès lors que l’offre de LVMH pour acquérir Tiffany & Co à 120 dollars par action a été rendue publique, il était évident qu’il s’agissait là du signal du départ et non de la cloche d’arrivée d’une course devant mener à la conquête du premier joaillier américain. Car une chose est sûre, Tiffany a de quoi aiguiser les appétits. Si bien qu’une offre à 14,5 milliards a doucement fait sourire, surtout pour une compagnie qui l’an dernier atteignait un plus haut historique de 141 dollars par action à la Bourse de New York. C’est d’ailleurs ce qu’a clairement fait savoir le conseil d’administration de Tiffany, d’accord pour ouvrir ses comptes pour des travaux de « due diligence » pour autant que l’offre soit revue à la hausse. Dans ces conditions, il n’est pas certain que LVMH reste seul candidat à la reprise avec des groupes comme Richemont ou Kering en embuscade, sans compter les sociétés de capital-risque toujours à l’affût d’un bon coup, comme ce fut le cas avec Breitling.

Un fruit mûr

Tiffany & Co, qui n’a pas d’actionnaire de référence, est un fruit mûr prêt à tomber, pour autant que la transaction soit jugée favorable aux détenteurs de titres. Depuis 2017, la compagnie est en effet en phase de restructuration après avoir perdu des plumes plusieurs années durant. Or un tel processus demande du temps pour rajeunir les collections et des investissements lourds dans le réseau de distribution. Un nouveau propriétaire à même de lui fournir assistance sur le front stratégie est ainsi jugé bienvenu. D’autant que, avec ses 4,4 milliards de dollars de chiffres d’affaires 2018 pour un bénéfice opérationnel de 790 millions (18 % de marge brute), Tiffany, qui domine le marché américain de la joaillerie estimé à quelque USD 20 milliards, est une mariée susceptible d’attirer les plus beaux prétendants.

Pour LVMH, Tiffany serait son plus gros investissement devant le solde de Christian Dior acquis en 2017 pour EUR 6 milliards.

Parmi eux, LVMH, premier à sortir du bois, a certes tout pour plaire, en sachant la maestria avec laquelle le groupe de Bernard Arnault est capable de rentabiliser ses investissements. On l’a d’ailleurs constaté avec Bulgari, qui a doublé son chiffre d’affaires depuis sa reprise en 2011 avec des ventes qui ont dépassé EUR 2 milliards, selon les estimations. Tiffany serait certes son plus gros investissement, devant Bulgari, payé EUR 3,7 milliards (hors dettes), et le solde de Christian Dior acquis en 2017 pour EUR 6 milliards. Mais la compagnie, dont la capitalisation boursière a dépassé EUR 200 milliards, en a clairement les moyens avec un trésor de guerre estimé à quelque EUR 20 milliards. D’autant que LVMH a clairement le vent en poupe avec une croissance de son chiffre d’affaires de 16j% sur les neuf premiers mois de l’année. Avec la reprise de Tiffany, le géant français du luxe renforcerait considérablement sa division Montres & Joaillerie, qui n’entre pour l’instant « que » pour 9 % dans son chiffre d’affaires avec des ventes 2018 de EUR 4,1 milliards.

La place de numéro 1 mondial en jeu

Seulement, LVMH n’est certainement pas le seul géant du secteur à qui Tiffany fait de l’œil. Richemont, qui occupe une « pole position » sur le marché de la joaillerie avec Cartier et Van Cleef & Arpels, les deux premières enseignes du Groupe, laissera-t-il son concurrent lui damer le pion ? Si LVMH vient de se « déclarer », cela tient peut-être au fait que Richemont est occupé ailleurs, à savoir à l’intégration de ses récentes acquisitions, Yoox Net-A-Porter et Watchfinder.com dans l’e-commerce payés EUR 2,9 milliards en 2018, complétées par un partenariat avec le Chinois Alibaba et suivies par la très récente reprise du joaillier italien Buccellati. Question surface financière, Richemont a clairement les moyens de ses ambitions avec un disponible de l’ordre de EUR 10 milliards, dont près de 3 milliards de liquidités nettes. L’apport de Tiffany sur un marché mondial de la joaillerie encore fortement morcelé et nettement plus prometteur que l’horlogerie fait parfaitement sens. Tout comme il le fait pour Kering, qui manque encore cruellement de taille critique dans le secteur avec, pour l’instant, les Maisons Boucheron et Pomellato à son actif et des ventes de son pôle Montres & Joaillerie qui représentent à peine 7 % de son chiffre d’affaires 2018 de EUR 13,2 milliards.

Face à un vieux « briscard » comme Alessandro Bogliolo, l’actuel patron de Tiffany, qui était justement à la barre de Bulgari lors du raid de LVMH, les prétendants n’ont qu’à bien se tenir. À 120 dollars, on a assisté à une mise en bouche. Le plat de résistance sera à conquérir de haute lutte.

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