Coiffée au poteau en pleine célébration des 60 ans de son savoir-faire dans le domaine de l’extra-plat, Piaget avait laissé le record de la montre automatique la plus plate au monde lui échapper en 2017. Sur la première marche du podium, une Octo Finissimo signée Bulgari, tout en finesse, angles acérés et proportions taillées au cordeau, attirait tous les regards sur sa silhouette aux mensurations parfaites : 5,15 mm d’épaisseur. Jamais dans l’histoire de la montre mécanique on avait fait mieux. Et pourtant. Si Piaget se défend de faire la course aux records, pour commencer l’année 2018 avec panache, la Maison s’en arroge deux nouveaux : celui de la montre mécanique à remontage automatique la plus fine au monde avec l’Altiplano Ultimate Automatic et celui de la montre mécanique – manuelle – la plus plate du marché avec l’Altiplano Ultimate Concept et ses 2 mm d’épaisseur.
Du 900P au 910P, trois ans de travail
Première illustration de la suprématie retrouvée de Piaget, l’Altiplano Ultimate Automatic s’impose du haut de ses 4,30 mm d’épaisseur. Pour conquérir ces quelques minuscules dixièmes de millimètre, les concepteurs, ingénieurs et horlogers de Piaget ont travaillé d’arrache-pied pendant près de trois ans, dans le sillage du révolutionnaire mouvement manuel 900P. Objectif : décliner dans une version automatique ce concept innovant basé sur la fusion de l’habillage et du mouvement. Le défi principal a consisté à trouver le parfait équilibre entre finesse et fiabilité. Comment produire des roues de seulement 0,12 mm de hauteur – quand une roue classique en mesure 0,20 – sans pour autant sacrifier sa solidité ? De quelle manière intégrer la masse oscillante pour optimiser au maximum l’espace ? Comment pallier les inconvénients liés à la déformation naturelle de la glace ?
Une à une, pas à pas, chacune de ces questions a été résolue afin d’intégrer au mieux les 219 composants au cœur du boîtier. À l’instar de l’Altiplano 900P, le boîtier sert ainsi de platine au mouvement. Sa construction a été inversée, présentant des ponts, le barillet suspendu et le train de rouages côté cadran. Afin de protéger les aiguilles de la déformation de la glace, ces dernières sont décentrées et intégrées dans la hauteur du calibre. Enfin, la masse oscillante en or PVD noir est ingénieusement placée en périphérie du mouvement.
2 mm d’épaisseur pour un deuxième record
Comme pour rappeler son autorité à ceux qui se risqueraient à venir jouer sur son terrain de prédilection, Piaget profite du SIHH pour s’arroger un second record de finesse. Avec l’Altiplano Ultimate Concept et son indiscutable taille mannequin, la manufacture donne à nouveau du relief à la saga de l’extra-plat et repousse les limites de l’infiniment petit. Avec ses 2 mm, à peine plus épaisse que quelques feuilles de papier, cette élégante occupe désormais le haut de l’affiche. Pour mettre au point ce garde-temps, le plus plat au monde, Piaget a fait appel à la créativité pragmatique de trois ingénieurs. Quatre ans durant, main dans la main avec les horlogers, les designers, les constructeurs de boîtes et de mouvements, ils ont mis au point des solutions inédites et déposé pas moins de cinq brevets. Pour éviter les déformations, le boîtier est taillé dans un nouvel alliage ultra-rigide à base de cobalt. Une fois encore, le fond du boîtier sert de platine au mouvement. Quant aux composants, ils sont eux aussi réduits à l’essentiel, notamment la glace, qui subit un régime minceur drastique en passant de 1 mm – pour un garde-temps classique – à 0,2 mm.
Royal Oak est dans la course
On ne peut que saluer le développement de ces deux garde-temps qui réaffirment avec force l’indéniable expertise de Piaget. Mais dans les allées du Salon, d’autres Maisons ne se sont pas privées de participer à la chasse aux records. Chez Audemars Piguet, la Royal Oak RD#2 Perpetual Calendar Ultra-Thin multiplie les superlatifs. Avec un boîtier en platine de seulement 6,30 mm d’épaisseur et un mouvement d’une finesse affolante – tout juste 2,89 mm – pour un tel degré de complication mécanique, cette élégante s’impose comme le calendrier perpétuel à remontage automatique le plus fin au monde.
À quelques millimètres de là, Vacheron Constantin s’essaie aussi à l’exercice en dévoilant une très élégante Overseas ultra-plate quantième perpétuel. Vue de profil, cette pièce surmontée de la fameuse lunette à six pans rappelant la croix de Malte emblématique de Vacheron Constantin fait montre d’une minceur hors norme avec une épaisseur de 8,10 mm. Une vraie prouesse quand on mesure la complexité d’un mouvement à quantième perpétuel indiquant le jour de la semaine, la date, le mois, l’année bissextile et les phases de lune.
Loin des trompettes de la renommée, en marge des grandes annonces, les amateurs de raffinement et de discrétion ne manqueront pas de succomber aux charmes discrets de la Saxonia Plate signée A. Lange & Söhne. Pour cette heure/minute en or blanc joliment ornée d’un cadran en verre aventuriné, ni record de minceur ni développements techniques hors pair mais une simple élégance. Ici, la finesse se présente en gage de raffinement et d’esthétique, et c’est déjà beaucoup. Pour les autres, pour tous ceux dont l’évocation de la technique pure suffit à faire monter l’adrénaline, ou ceux qui avouent un certain esprit de compétition, l’édition 2018 du SIHH a décidément bien relancé la course aux records. De quoi se pâmer d’admiration… jusqu’à nouvel ordre.