Sublimes métiers d’art chez Vacheron Constantin

Le musée du Louvre, c’est 36’000 œuvres exposées à quelque 30’000 personnes par jour, qui en font le musée le plus visité au monde. Le mardi, jour de relâche, le Louvre est fermé. Mais pas pour tout le monde en ce mardi de mai où quelques privilégiés ont eu l’occasion de déambuler dans un musée désert, à la découverte de quelques-unes des pièces emblématiques de son département des antiquités. Rien de fortuit à cette visite aussi grandiose qu’impromptue. Vacheron Constantin et le Louvre, partenaires depuis 2019, avaient convié les médias pour une présentation in vivo des dernières nées de la collection Métiers d’art de Vacheron Constantin, à savoir quatre montres « Hommage aux grandes civilisation » inspirées de chefs-d’œuvre des civilisations antiques exposés au musée, fruits d’un intense travail de recherche sur les techniques artisanales et les ornementations d’époque pour faire de ces garde-temps des représentations fidèles de ces univers qui ont forgé nos civilisations. Chaque montre, éditée à cinq exemplaires, était ainsi présentée devant l’œuvre qui lui a servi de modèle, un spectacle saisissant entre l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Quatre montres pour quatre époques, chacune d’entre elles est ainsi représentée par une œuvre symbolique majeure, partie intégrante de ce patrimoine culturel légué par le génie de nos ancêtres. On trouve ainsi le Grand Sphinx de Tanis pour le Moyen-Empire égyptien (2035-1680 av. J.-C.), le Lion de Darius faisant partie d’une frise du palais de Suse, capitale de l’Empire perse achéménide (558-330 av. J.-C.), la Victoire de Samothrace pour la Grèce hellénistique des Antigonides (227-168 av. J.-C.) et un buste d’Auguste, premier princeps de l’Empire romain des Julio-Claudiens (27 av. J.-C. -68 apr. J.-C.). Chacune de ces œuvres figure ainsi sous forme d’applique en or sculpté rapportée sur le cadran. Mais la démarche métiers d’art ne s’arrête de loin pas là. Pour donner du relief à la composition, le département création de Vacheron Constantin, en collaboration avec les spécialistes du Louvre, ont imaginé pour chaque thème un cadran dévolu aux arts décoratifs des différentes époques, là également inspirés de pièces en exposition au musée :  mosaïques romaines, cercueil égyptien peint, céramiques et vases grecs peints ou sculptés en bas-relief, frise de briques à glaçure colorée d’inspiration babylonienne.

Afin d’obtenir un ensemble riche et homogène, Vacheron Constantin a imaginé un système d’emboîtage des différents éléments constitutifs de la décoration de ces pièces Métiers d’Art Hommage aux grandes civilisations. Au-dessus du mouvement prend ainsi place le cadran entouré d’une frise. Ces deux éléments distincts et concentriques sont précisément le terrain d’expression des maîtres artisans de la Maison, experts en gravure et micro-sculpture, en émail grisaille et champlevé, en marqueterie et micro-mosaïque de pierre. Sur ce cadran vient ensuite se loger un verre saphir porteur de l’applique en or sculpté représentant l’une des quatre œuvres. « Ce même verre légèrement fumé est également gravé par métallisation de textes en écritures cunéiforme, hiéroglyphe, grec ancien et latin selon le modèle, précise Vacheron Constantin. On peut y lire un extrait de la charte de fondation du palais de Darius, la transcription du cartouche du pharaon Merenptah gravé sur le sphinx de Tanis, une dédicace faite aux Grands Dieux de Samothrace découverte dans le sanctuaire de Samothrace, ainsi qu’une invocation à l’empereur Auguste gravée sur une stèle romaine retrouvée en Algérie. Une fois ces différents éléments mis en place au-dessus du mouvement, le boîtier peut ensuite être scellé avec la glace extérieure. »

Pour animer ces montres, on retrouve le calibre manufacture automatique 2460 G4/2 de Vacheron Constantin avec ses quatre disques pour l’indication en périphérie du cadran des heures, minutes, jours et dates. Cette disposition des indications horaires et calendaire permet de dégager le cadran de toute aiguille, laissant le champ libre aux métiers d’art. Au dos du boîtier, on peut observer la masse oscillante du mouvement à 237 composants cadencé à 4 Hz. Celle-ci a été étampée avec une matrice gravée main représentant la façade Est du Louvre et sa magnifique colonnade selon une estampe du 18^e siècle.

Grand sphinx de Tanis

Pour le graveur de l’applique en or sculpté représentant la tête du sphinx, l’une des difficultés, outre celle consistant à modeler des visages, résidait dans le rendu de la large barbe postiche sur un espace si retreint.  Le cadran principal est réalisé en émail dont la couleur profonde, un mélange d’émaux bleus et noirs, est obtenue après six passages au four. Les éléments de décoration du cadran sont inspirés du collier représenté sur un cercueil en cartonnage de la 22e dynastie portant l’image du défunt dans son linceul orné de nombreux motifs protecteurs, vivement colorés. La poitrine est couverte par un large collier formé de motifs géométriques et floraux, reproduits en émail champlevé et parsemés d’inclusions pour en vieillir l’aspect dans la frise extérieure. Sous ce collier, on trouve un faucon ailé à tête de bélier dont le plumage de ses ailes est reproduit en émail champlevé, sur le cadran.

Lion de Darius

L’applique représentative d’un des lions de la frise découverte au palais de Darius devait reproduire, avec toute la précision voulue, la stylisation poussée des muscles et du pelage de la crinière du fauve que l’on observe sur l’original. Comme les lions font partie d’une frise, le cadran de la montre en arrière-fond devait représenter ce décor de briques glaçurées fixées sur un mur. Pour y parvenir, les artisans d’art ont opté pour une marqueterie composée de 69 pierres de tailles et d’aspect différents. Et pour en accentuer l’aspect réaliste, ils ont choisi des fragments de pierres porteurs de veines, par définition plus fragiles que ceux qui en sont dépourvus. La frise qui entoure le cadran s’inspire, elle, du décor d’une autre œuvre très connue du palais de Darius : la Frise des archers. Cette ornementation faite d’une juxtaposition de triangles est réalisée en métal gravé et émail champlevé avec inclusions de « vieillissement ».

Victoire de Samothrace

Le drapé de la statue, agité par le vent avec une grande coulée d’étoffe qui tombe en plis profonds entre les jambes, a représenté une difficulté majeure pour le graveur chargé d’en reproduire toutes les subtilités. Le cadran principal est émaillé brun au centre. Cette teinte, très difficile à obtenir, a nécessité le mélange d’émaux rares, qui ne sont d’ailleurs plus produits, passés au four à six reprises. En périphérie, on trouve de l’émail grisaille pour représenter les frises décoratives tirées de deux vases grecs. Ces céramiques à figures rouges peintes offrent différentes ornementations à motifs de feuillage ou géométriques que l’on retrouve sur le cadran. Celui-ci est également entouré d’une frise en or gravé en pointe douce qui s’inspire de celle du Vase de Pergame, chef d’œuvre de marbre sculpté en bas-relief du 1er siècle av. J.-C.

Buste d’Auguste

L’applique en or sculpté qui reproduit ce buste d’Auguste offre un saisissant spectacle où le drapé de la cape accompagnant la cuirasse, attachée par une fibule, fait échos aux boucles de cheveux tenues par la couronne de chêne. Le centre du cadran est émaillé bleu-vert, tandis que sa périphérie est ornée d’une micro-mosaïque de pierre. C’est la fameuse mosaïque romaine du 4e siècle découverte à Lod en Israël qui a servi d’inspiration pour les motifs d’ornementation que l’on retrouve sur ce pourtour du cadran. Pas moins de sept différents types de pierres, au nombre de 660 au total, ont été utilisés pour composer cette micro-mosaïque. Pour la frise extérieure en or blanc, gravée en taille douce et patinée au four, une autre mosaïque a servi d’inspiration, celle présentant des animaux musiciens également du 4e siècle découverte à Sousse, ville portuaire de l’est de la Tunisie.