Mon père était coiffeur. Il n’arrêtait pas de me répéter : « Coiffeur, c’est un métier d’avenir, tu ne seras jamais au chômage. » Moi, ça me branchait pas des masses. Le problème, c’est que j’avais fait les quatre cents coups à l’école. J’avais été viré de plusieurs établissements. Plus personne ne voulait de moi. Jusqu’au jour où mon paternel m’a trouvé un bahut en Suisse, pas très regardant sur le profil des candidats. Du moment qu’on payait, le directeur aurait pris n’importe qui. Même le fils de Frankenstein ! Mon père m’a donc envoyé en Suisse pour prendre des cours de coiffure. Il pensait que je pourrais m’épanouir dans ce métier. Comme j’étais quasiment le seul gars de cette section, je n’avais que des jolies Suissesses autour de moi. On se bécotait derrière le bac de rinçage ! Pendant mes heures perdues, je me baladais avec elles dans les beaux quartiers de Genève. Un jour, je suis tombé sur une vitrine dans laquelle étaient exposées des montres d’un chic inouï. J’avais les yeux écarquillés et je me suis mis à rêver. J’espérais qu’un jour je serais en mesure de m’en offrir une.
Vrai : 100 000 dollars pour mon scénario. À l’époque, je ne disposais que de 106 dollars sur mon compte en banque. J’étais tellement fauché que j’ai même failli vendre mon chien ! Finalement, j’ai pu le garder en obtenant 360 000 dollars pour mon histoire. J’ai même pu incarner le personnage que j’avais imaginé. Chose qu’aucun producteur ne voulait me laisser faire. Mais dans le milieu de l’entertainment, il ne faut jamais lâcher prise. Pour preuve : en 1976, j’ai décroché l’oscar du meilleur film avec Rocky !
Déjà, j’ai payé les dettes qui s’étaient accumulées. Ensuite, j’ai offert des cadeaux à ma mère. Pour ma part, je me suis acheté une Rolex, car, inconsciemment, j’avais besoin d’afficher ma réussite. C’était ma revanche contre ceux qui avaient douté de moi. Vous savez, je suis né à Hell’s Kitchen, un quartier minable de New York. D’où je viens, une Rolex, c’était bien plus qu’une montre ou un bijou. C’était la preuve que vous étiez quelqu’un !
Une belle montre, c’est quelque chose que je place au même niveau qu’une œuvre d’art. Au fond, une montre, c’est une œuvre d’art miniaturisée. Ces prouesses techniques et esthétiques, c’est ce qui nous permet, à nous hommes et femmes, de nous distinguer de l’animal. À ma connaissance, on n’a encore jamais vu une bête porter une belle tocante à la patte ou demander l’heure ! (rires)
J’en possède plusieurs. Cela va de la Yacht Master Gold Everose en passant par la Day-Date Yellow Gold et la Submariner, que je me suis offerte au début de ma carrière. J’ai aussi une Rolex Day Date President en or et plusieurs Rolex GMT-Master. J’aime beaucoup la Deepsea Sea-Dweller. Une montre comme celle-là, vous pouvez lui mener la vie dure. Une montre qui me ressemble, au fond ! (rires)
J’aime les montres à la fois fonctionnelles, résistantes, fiables. J’aime les montres qui affichent votre personnalité et ce que vous êtes intérieurement. Quand je choisis une montre, c’est en fonction de ce que je vais faire dans la journée mais aussi en fonction de mon humeur. Une montre, c’est un peu comme lorsque vous choisissez une voiture, un costume, une sculpture ou une peinture : vous l’achetez toujours par coup de cœur et par rapport à un moment précis de votre vie. Quand je regarde mes montres, cela me ramène toujours à une période donnée. Une montre ne fait pas que vous donner l’heure, elle vous permet également de vous remémorer certains souvenirs.
Elles m’ont suivi partout. Sauf sur les rings ! Essayez de mettre une montre avec des gants de boxe ou sous des gants de boxe. Pas évident ! (rires)
Je devrais peut-être vous inviter à dîner, car ma réponse risque de prendre du temps ! (rires) Vous savez, lorsqu’on vient au monde, on ne naît pas avec la sagesse. La sagesse, vous l’acquérez en faisant des conneries, des erreurs. À ce moment-là, vous vous dites : « C’est bon, j’ai compris. J’ai eu ma dose ! » Quand je regarde mon parcours professionnel, je constate qu’il est émaillé de pas mal d’échecs, mais comme tout sportif qui se respecte, je n’ai jamais jeté l’éponge. Bref, si je devais changer un truc, ça serait probablement cette incapacité à « endosser » d’autres types de rôle. Quelque part, je me suis moi-même enfermé dans une prison dorée. Je pense que je serais plus versatile et j’essaierais de prendre plus de risques dans des films où l’on ne m’attend pas. Je l’ai fait avec Copland, me direz-vous, mais cela n’a pas été suffisant. Copland a été l’un des moments les plus heureux de ma vie. Pour la première fois de ma carrière, je ne devais me concentrer que sur mon jeu d’acteur. Le premier jour de tournage, les gens qui ne m’avaient jamais vu aussi gros ont cru que je sortais d’une dépression nerveuse ! J’entends encore les passants me dire : « Quoi ? C’est lui, Stallone ? Cette baleine à la démarche nonchalante ? Mon Dieu, qu’est-ce qu’il est affreux ! Et quand je pense que j’ai son poster accroché dans ma chambre ! »