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Un chrono tourbillon suisse à 14’900 francs ! Qui a osé...
Baselworld

Un chrono tourbillon suisse à 14’900 francs ! Qui a osé ?

lundi, 13 avril 2015
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Michel Jeannot
Journaliste spécialisé, BIPH

“L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. ”

Woody Allen

Michel Jeannot dirige, en Suisse, le Bureau d’information et de presse horlogère (BIPH), une équipe de journalistes collaborant avec une dizaine de médias dans le monde.

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3 min de lecture

A Baselworld, TAG Heuer annonce le lancement pour la fin de l’année d’un chronographe tourbillon au prix de CHF 14’900 (USD 15’450 – EUR 14’230). Une provocation ?

Les photos de cette montre trônaient ostensiblement dans le stand de TAG Heuer. Ô surprise, l’objet est pour l’heure passé totalement inaperçu. Certes, Jean-Claude Biver avait d’autres priorités dans l’ordonnancement de ses annonces à Baselworld mais c’est pourtant une véritable grenade que TAG Heur s’apprête à dégoupiller pour la fin de l’année. Le futur chronographe tourbillon (Calibre Heuer 02 COSC) de TAG Heuer avec sa boîte modulaire sera proposé avant la fin 2015 au prix de… CHF 14’900 ! Et c’est à Chevenez, en Suisse, que ce mouvement automatique sera produit. Jean-Claude Biver prévoit d’en écouler entre 500 et 1000 par an dans environ 500 points de vente de la marque.

Pour réaliser l’ampleur de la déflagration, rappelons que l’essentiel des tourbillons (vendus majoritairement par des marques de Haute Horlogerie) sont proposés à des prix dépassant allégrement les CHF 100’000 (USD 103’600 – EUR 95’500). Depuis quelques mois, et Baselworld 2015 confirme la tendance, plusieurs tourbillons sont néanmoins proposés entre CHF 60’000 et CHF 85’000 (USD 62’200/88’150 – EUR 57’300/81’200). Mais, souvenons-nous, c’est Jaeger-LeCoultre qui avait lancé un premier pavé dans la mare il y a une dizaine d’années en proposant un tourbillon de belle facture à moins de CHF 50’000 (USD 51’800 – EUR 47’750), ce qui avait permis à la manufacture de la vallée de Joux d’en vendre par centaines.

Cette complication qu'est le tourbillon va assurément prendre un nouveau coup dans l'aile.

Avec le coup d’éclat programmé pour octobre ou novembre par TAG Heuer, cette complication qu’est le tourbillon va assurément prendre un nouveau coup dans l’aile. Quand bien même les finitions des tourbillons de Haute Horlogerie font souvent la différence – des tourbillons chinois sont proposés depuis longtemps pour quelques milliers de francs – les explications et justifications dans les points de vente risquent de se faire très alambiquées… Ce sera, en définitive, une remise à niveau du tourbillon dans la hiérarchie des complications. Car pour emblématique qu’elle soit, cette complication, qui n’est pas une fonction supplémentaire mais présente l’avantage d’être visible et toujours en mouvement, n’est pas plus complexe qu’un chronographe qui, lui, est en revanche largement sous-estimé.

Réalité du marché

TAG Heuer sera la première marque suisse de renom à proposer son propre mouvement chronographe tourbillon COSC à moins de CHF 15’000. Ce qui ne manque pas de susciter des interrogations dans le landerneau horloger où on ne semble pas comprendre la démarche. Jean-Claude Biver se défend en premier lieu de toute provocation et met en avant la nécessité de faire tourner la nouvelle usine de Chevenez et de préserver les emplois des horlogers qualifiés œuvrant sur la Haute Horlogerie. Il entend aussi démontrer le savoir-faire et la maîtrise de TAG Heuer dans la chronométrie puisque, rappelons-le, ce tourbillon chronographe sera certifié chronomètre COSC. Quant au prix, Jean-Claude Biver répète qu’il correspond  » à la réalité du marché d’aujourd’hui et non aux rêves des horlogers d’il y a vingt ans « . Et de citer à l’appui de sa démonstration le travail de Montblanc, également vierge sur certains types de complications, qui entre dans ce marché avec des prix extrêmement agressifs.

Ce lancement est une réponse à ceux qui avait annoncé ou imaginé que TAG Heuer se retirait de la Haute Horlogerie.

Pour ce qui est de TAG Heuer, entre 500 et 1000 chronographes tourbillons devraient sortir de Chevenez tous les ans. De quoi donner le coup de massue à une complication longtemps surévaluée et dont se détournent aujourd’hui les acheteurs dans les gammes de prix supérieurs. Dans l’esprit de Jean-Claude Biver, on peut aussi imaginer sans peine que ce lancement est une réponse à ceux qui avait annoncé ou imaginé que TAG Heuer se retirait de la Haute Horlogerie.

Article paru dans le BIPH

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