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Une montre automatique Swiss Made pour moins de 700 francs
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Une montre automatique Swiss Made pour moins de 700 francs

mardi, 11 juillet 2017
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Timm Delfs
Journaliste indépendante

“À l’inverse d’une montre, un cadran solaire ne s’arrête jamais.”

Journaliste indépendant basé à Bâle, Timm Delfs gère la Zeitzentrale, un magasin qui vend toute sorte d’instruments de mesure du temps. Son amour « horloger » : les cadrans solaires.

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8 min de lecture

Deux professionnels expérimentés de l’industrie horlogère ont fait équipe pour développer une montre qui pourrait donner des idées aux grands acteurs de la branche.

Pierre Nobs, fondateur de la marque défunte Ventura Design, est l’une de ces personnes qui ne prendra certainement pas sa retraite à moins d’y être contrainte. Visionnaire, sa marque Ventura a fait œuvre de pionnier à bien des égards, notamment en introduisant dans l’horlogerie traditionnelle un langage esthétique strict allié à des matériaux contemporains, tout en présentant la première montre numérique hybride alimentée par une source d’énergie cinétique. Simon Husslein, de son côté, est un vrai designer industriel qui partage son temps entre l’horlogerie et bien d’autres domaines d’application. Par le passé, il a travaillé pour le studio Hannes Wettstein de Zurich, dont le fondateur a d’ailleurs dessiné la plupart des modèles Ventura. Comme Simon Husslein était lui-même impliqué dans la plupart des derniers projets Ventura, il connaissait Pierre Nobs depuis quelque temps déjà. Après le décès de Hannes Wettstein en 2008, il a continué à travailler pour l’atelier de son mentor, avant de fonder le sien propre sous son nom en 2015. Son travail, dans l’horlogerie ou d’autres domaines comme l’ameublement, a été couronné de nombreux prix internationaux. Parmi ses clients, on peut nommer la marque allemande Nomos, très connue pour son esthétique minimaliste et néanmoins chaleureuse.

Pierre Nobs et Simon Husslein © Bólido

Le projet des deux hommes est des plus récents. Si l’on considère le temps que prend le développement d’un nouveau calibre au sein des marques reconnues de la profession, à savoir quelque cinq ans, il semble tout à fait irréaliste pour deux individus de lancer une nouvelle marque et, donc, une nouvelle montre en moins d’un an. C’est en janvier dernier qu’ils se rencontrent pour discuter du projet que Pierre Nobs avait en tête. Car l’homme est de plus en plus intrigué par le financement participatif et les opportunités qu’il offre dans la réalisation de projets sans avoir recours au soutien d’une banque ou d’une industrie. Pour sa part, il voulait un nouveau départ dans l’industrie horlogère. Et en observant les gammes de prix des montres connectées les plus populaires, il se dit que la mécanique pouvait être tout aussi attractive dans une même catégorie tarifaire. Pour Simon Husslein, il ne faisait pas de doute que c’est du côté du boîtier que le potentiel de diminution des coûts était le plus important, pour autant qu’il soit conçu de manière à réduire au maximum le nombre d’opérations d’usinage.

Pour Simon Husslein, il s’agissait donc de penser à une forme de boîte pouvant être réalisée en un minimum d’opérations et à l’aide de machines standards.
Réduire les coûts

De nos jours, les machines à commande numérique à cinq axes sont capables d’usiner n’importe quelle forme, même les plus complexes, à partir d’un bloc de métal. C’est essentiellement la programmation de ces « outils » qui prend beaucoup de temps, si bien qu’elles se révèlent rentables pour autant que les volumes de production sont considérables. Si l’on veut ensuite réaliser des profils complexes, il est évident que le temps d’usinage par pièce sera allongé d’autant. Pour Simon Husslein, il s’agissait donc de penser à une forme de boîte pouvant être réalisée en un minimum d’opérations et à l’aide de machines standards. Il est bien connu que les sous-traitants réservent leurs machines dernier cri pour la réalisation des pièces les plus rentables, donc les plus chères.

© Bólido
© Bólido

Simon Husslein s’est donc projeté dans les années 1970, à un moment où les premiers tours automatiques ont fait leur apparition pour l’usinage des boîtes de montre. À cette époque, comme elles ne pouvaient réaliser qu’un nombre limité d’opérations, cette « frontière » industrielle n’a pas été sans influencer le design de générations entières de garde-temps. Un grand nombre de montres de sport de la décennie ont ainsi une forme basée sur un cône dépourvu de cornes pour les attaches. Simon Husslein ne voulait toutefois pas simplement revenir à quelque chose qui avait déjà été inventé. Il lui fallait une astuce. Celle-ci s’est matérialisée dès ses premiers dessins sous la forme d’un boîtier à usiner des deux côtés mais avec un léger angle de 4,2° donné à l’axe de fraisage avec, pour résultat, une boîte ronde dont la face et le fond ne sont pas parallèles.

© Bólido
© Bólido

Pour réduire les coûts, la seconde solution a également été inspirée des années 1970. En fait, la plupart des solutions proposées par Gérald Genta à l’époque ont intégré ce principe, celui d’un boîtier monobloc sans fond amovible. La seule concession faite aux aficionados est une glace intégrée au fond offrant au regard le rotor du mouvement mécanique. Le calibre est ainsi inséré par le haut du boîtier, recouvert par la glace saphir, scellée dans son joint par pressurisation. La couronne de large diamètre est positionnée à 12 h, là où la boîte est la plus épaisse, autre clin d’œil de designer. Quant au bracelet en caoutchouc, il est également équipé d’un fermoir le plus simple possible.

© Bólido
© Bólido
Made in Switzerland

Dans leurs recherches pour trouver un fabricant de boîtiers, les deux créateurs ont rapidement abandonné l’idée de s’adresser aux entreprises travaillant pour l’industrie horlogère, soit trop occupées soit trop chères. Durant leurs pérégrinations dans le Jura, ils sont toutefois tombés sur un jeune décolleteur dont ils ne pouvaient décliner l’offre. Le mouvement automatique est, lui, réalisé par STP Swiss Technology Production au Tessin (groupe Fossil), les cadrans en Allemagne et les bracelets en Italie. Comme les montres sont assemblées en Suisse, elles rempliront sans problème les nouvelles exigences du Swiss Made. Quant au nom choisi par les deux compères pour leur bébé, à savoir Bólido, il vient de l’espagnol, signifiant « météore ». « C’est un nom dynamique qui peut être prononcé aisément dans toutes les langues », commente laconiquement Pierre Nobs.

© Bólido
© Bólido

Après avoir testé la faisabilité de ces Bólido, les deux hommes ont commencé à s’intéresser à la plateforme Kickstarter pour promouvoir leur idée et lever les fonds nécessaires à la mise en production. Une telle démarche n’est finalement pas tellement étrangère à ce qu’a fait en son temps le génie de l’horlogerie Abraham-Louis Breguet en lançant ses « montres à souscriptions », des montres pour lesquelles les clients devaient verser des arrhes permettant de couvrir l’achat des matériaux nécessaires à leur production. Bólido a été introduit sur Kickstarter le 16 juin. En 16 heures, l’objectif des CHF 58 000 était déjà dépassé. Le projet peut encore être soutenu en commandant une montre à CHF 430. Après le 16 juillet, elles seront disponibles en ligne pour CHF 690. « Je suis confiant de pouvoir livrer les premières Bólido en septembre de cette année, car nous avons déjà commandé les mouvements », expose Simon Husslein avec un sourire. Qu’en est-il du service après-vente (SAV) ? « Je m’occupe toujours du SAV pour Ventura à Würzburg, en Allemagne, détaille Pierre Nobs. Nous aurons ainsi assez de personnel et de pièces de rechange pour résoudre n’importe quel problème. » Denier détail technique : comment l’horloger s’y prend-il pour ouvrir le boîtier ? Réponse de l’intéressé : « Nous avons intégré une petite ouverture que l’on peut sceller dans le fond de la boîte. Avec de l’air pressurisé, la glace supérieure peut être enlevée, donnant accès au mouvement. »

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