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Une nouvelle ère s’ouvre pour l’horlogerie suisse
Economie

Une nouvelle ère s’ouvre pour l’horlogerie suisse

lundi, 11 novembre 2013
Par Quentin Simonet
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Quentin Simonet

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5 min de lecture

Une grande période d’incertitude prend fin. Et une nouvelle ère s’ouvre pour l’horlogerie suisse, maintenant qu’elle connaît ses nouvelles conditions-cadres.

Le feuilleton sur les mouvements mécaniques a en effet récemment trouvé son épilogue dans le cadre d’un accord entre Swatch Group et la Commission de la concurrence helvétique (Comco). Ce dernier stipule que le numéro 1 mondial de l’horlogerie va pouvoir continuer à réduire de manière échelonnée les livraisons de calibres automatiques à ses clients, donc aux marques tierces. Si cette procédure semblait certes acquise, on connaît désormais la date butoir, à savoir le moment où sa filiale ETA, le fameux constructeur de mouvements, ne sera plus obligée de fournir ses composants à la concurrence. Si tous les fabricants horlogers ne sont pas touchés, certains n’en dépendent pas moins entièrement des mouvements ETA. Notamment dans les calibres de base au prix inférieur à CHF 300, un segment où ETA règne en maître avec une part de marché estimée en 2004 par la Comco à environ 95 %.

Dès 2020, Swatch Group pourra donc choisir ses clients. Le groupe biennois va bien sûr continuer de livrer à l’extérieur, ne pouvant pas absorber pour l’instant l’ensemble de sa production avec ses propres marques. La grande question reste la suivante : qui pourra encore en bénéficier ? Nick Hayek, patron de Swatch Group, l’a répété à plusieurs reprises. Seront encore livrées les marques amies, celles qui ont investi dans leur outil de fabrication, celles qui n’ont pas adopté une démarche purement marketing. Le Groupe a certainement dressé une liste des griffes qui pourront continuer de profiter de la manne ETA, qui produit, rappelons-le, environ deux tiers de l’ensemble des mouvements mécaniques en Suisse, mais elle demeure bien évidemment secrète.

Autre option: une alternative industrielle via une mutualisation des investissements.
La fin du « supermarché horloger »

Les autres devront prendre leur destin en mains à l’aune de la fin du « supermarché horloger ». Trois options s’ouvrent à elles. D’abord, développer leurs propres capacités de production, comme le fait massivement le groupe Richemont. En clair, se donner les moyens d’élaborer à l’interne les mouvements susceptibles de couvrir leurs besoins. Cet affranchissement, voulu depuis fort longtemps par feu Nicolas Hayek, prendra toutefois du temps et nécessitera encore des investissements conséquents. D’autant que tous les acteurs de la branche n’ont actuellement pas les capacités financières nécessaires.

Autre option : les maisons horlogères concernées pourraient s’allier afin de mettre sur pied une alternative industrielle via une mutualisation des investissements, synonyme de lissage des risques. La démarche se révélerait totalement inédite, voire révolutionnaire, dans une branche qui se caractérise par un égoïsme à tous crins. Pour cette raison, les spécialistes écartent une telle option incompatible avec la culture horlogère du moment. Vu la date butoir de 2020, cette piste n’est toutefois pas aussi saugrenue qu’elle n’y paraît. Reste que, pour y parvenir, il faudra bien se mettre autour d’une table pour en discuter. Ce qui ne semble pas encore à l’ordre du jour.

Au niveau industriel, il s’agit d’un véritable électrochoc.
La Fédération horlogère confiante

Le même constat s’applique d’ailleurs aux assortiments qui constituent le véritable cœur des mouvements mécaniques, car, là également, Swatch Group entend mettre un terme à ses livraisons. Un autre défi industriel à relever en sept ans. Dans le détail, sur la moyenne des années 2009 à 2011, ETA devra fournir en 2014-2015 75 % des quantités vendues, 65 % en 2016-2017 et 55 % en 2018-2019. Au niveau industriel, il s’agit d’un véritable électrochoc.

Dernière solution pour combler le manque de mouvements à venir : les sources alternatives comme Sellita ou Soprod, qui, de leur côté, doivent orchestrer une montée en puissance dans les mouvements mécaniques d’entrée et milieu de gamme. Il s’agit en effet de compenser très vite les volumes en provenance du Swatch Group destinés à s’étioler. L’affaire ETA pourrait ainsi créer un appel d’air, même si le temps est compté. À ce stade, seule certitude industrielle : les offres des entreprises à même de prendre le relais sont plus onéreuses, susceptibles de renchérir le prix des montres suisses pour le client final.

Les grands groupes horlogers et de nombreux fabricants de montres, mouvements et pièces détachées indépendants ont néanmoins déjà commencé à développer leurs capacités de production dans l’optique de 2020. Les investissements sur l’Arc jurassien, berceau de l’horlogerie suisse, se chiffrent ainsi en centaines de millions de francs. Au final, le président de la Fédération horlogère, Jean-Daniel Pasche, pense que la branche aura développé les capacités nécessaires pour atteindre un degré d’indépendance suffisant avant la fin de la décennie. Tous ne partagent pas cet avis, mais désormais les règles du jeu sont claires.

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