Au Salon International de la Haute Horlogerie, Jaeger-LeCoultre le dit tout de go : « Les indications liées au calendrier sont parmi les plus utiles qu’une montre puisse offrir. Présentes depuis toujours dans la culture horlogère de la Grande Maison, les fonctions calendaires sont longtemps intervenues pour habiller des complications telles que le tourbillon ou les répétitions minutes. Cette année, elles s’expriment à part entière. » Comme le rappelle judicieusement la manufacture de la Vallée de Joux, c’est dans le ciel que résident les origines du temps : les astres sont les clés qui ont permis aux hommes de l’apprivoiser. « Ils sont l’alpha et l’oméga de l’horlogerie. »
Sans vouloir faire un cours d’astronomie, rappelons en effet que les phénomènes physiques nés des cycles de la nature, comme l’alternance du jour et de la nuit, le retour des saisons, les apparitions de la lune, ont constitué les premières références, les premières bases de calculs rendus possibles avec l’apparition de l’écriture. Les Mésopotamiens inventent alors une unité de mesure utilisée pour déterminer aussi bien les distances que le temps. Or cette première division née il y a plus de 4 000 ans sert de nos jours encore de base à notre système sexagésimal régissant les degrés d’angle et les minutes. « Chaque aspect du temps découle de mesures astronomiques, retranscrites par des outils sommaires comme le gnomon, puis plus élaborés comme le cadran solaire et l’astrolabe », précise Jaeger-LeCoultre, qui cite également au rang des inventions remarquables celle du calendrier. Invention que l’on retrouve dès l’aube des civilisations.
Un pincement au cœur
Notons encore qu’à ces premiers instruments allait succéder l’horlogerie mécanique au xiiie siècle. « De toutes les innovations nées du génie inventif du monde occidental, l’horloge est probablement celle qui a eu le plus d’influence sur la manière de penser de l’homme et sur son comportement », peut-on lire dans l’ouvrage historique La Conquête du temps. Les montres que l’on porte aujourd’hui au poignet sont les descendantes directes de ces premiers artefacts qui ont imposé une conception désormais linéaire du temps fait d’une succession d’instants définis et désormais calibrés. Mais malgré toute l’érudition imaginable quant aux sources astronomiques de l’horlogerie contemporaine, il semble bien évident que la simple lecture de l’heure n’est guère à même d’évoquer cette genèse magnifique. Faute d’un torrent d’émotions, on se contentera alors d’un petit pincement au cœur que sauront, peut-être, susciter des indications calendaires créant un lien avec nos origines.
C’est en tout cas le pari que prennent aujourd’hui les horlogers. Au niveau du design déjà, la grande date a « largement » envahi les cadrans, notamment chez A. Lange & Söhne. On ne saurait davantage occulter le quantième perpétuel, complication horlogère majeure, toutefois réservée aux montres dont la technicité n’a d’égal que le niveau de prix. En ce sens, les garde-temps à calendrier annuel doté des indications de quantième, jour de la semaine, mois et parfois phases de lune ne nécessitant qu’une seule correction par année représentent ce bâtard qui devient aujourd’hui le fils prodigue. Jaeger-LeCoultre le propose avec sa Master Calendar au cadran en pierre de météorite. Tout comme IWC avec sa Portugaise Calendrier Annuel, dotée d’une réserve de marche. De son côté, Audemars Piguet offre une originalité avec sa Millenary Quadriennum, qui ne nécessite une correction que lors des années bissextiles. Chez Officine Panerai, sa Luminor 1950 Equation du Temps 8 Jours affiche outre la date à guichet, le mois par aiguille afin de compléter judicieusement la lecture de l’équation, forcément saisonnière du fait de l’axe de rotation de la Terre incliné sur son orbite. Astronomie quand tu nous tiens…