Vacheron Constantin pyromane du passé

La Référence 57260 présentée il y a quelques jours à peine, celle-là même qui a répandu le nom de Vacheron Constantin aussi sûrement qu’une traînée de poudre à travers la toile et les médias en tant que géniteur de la montre aux 57 fonctions, la plus technique jamais réalisée, aurait presque eu tendance à nous faire oublier que la manufacture n’est pas présente uniquement dans le segment ultra-technique. Elle s’est d’ailleurs fait fort de le rappeler à Watches&Wonders, le salon de la Haute Horlogerie qui se tient à Hong Kong. Impossible, certes, d’ignorer cette Référence 57260 qui trônait bel et bien au centre du stand de la marque. D’autant que, pour l’occasion, elle était entourée de montres de poche tout aussi exceptionnelles réalisées en son temps par Vacheron Constantin pour le roi Farouk, James Ward Packard, le roi Fouad ou encore pour le comte Guy de Boisrouvray. Cette conjonction de garde-temps uniques, très rarement réunis sous un même toit étant donné leurs multiples propriétaires, n’était toutefois pas la seule surprise réservée par la Maison à son public asiatique. Pour l’occasion, la marque qui fête cette année ses 260 ans d’activité ininterrompue a voulu rendre hommage à la femme. Une forme d’apothéose en guise de réminiscence au riche passé de la Maison.

« Nous n’avons eu que peu d’occasions de le dire, mais Vacheron Constantin peut compter sur une clientèle féminine fidèle qui représente entre 25 et 29 % des ventes selon les années, explique Juan-Carlos Torres, CEO de la Maison. À certaines époques, notamment au début du siècle dernier, la marque était d’ailleurs souvent plus connue pour ses montres dame que pour celles destinées aux hommes. Avec notre nouvelle collection les Heures Créatives, qui fait sa première apparition à Hong Kong, nous avons voulu faire revivre ces riches moments du passé. » Trois pièces historiques de la Maison, inscrites dans les mouvances Art nouveau, Art déco et années 1970, ont ainsi inspiré les modèles Heure Romantique, Heure Discrète et Heure Audacieuse, respectivement. L’ensemble de la gamme, animée par le calibre 1055 à remontage manuel, est clairement l’affirmation d’une sensibilité et d’une maîtrise consommée des différentes techniques de sertissage. En termes de métiers d’art, Vacheron Constantin n’a en effet plus rien à prouver. Dans la collection éponyme, la Maison vient ainsi compléter la ligne Éloge de la nature avec Le Cygne, un modèle décliné en deux pièces uniques faisant appel au sertissage, à la gravure, au guillochage et à l’émail Grand Feu et Blanc de Limoges.

Un record du monde sur lit de diamants

Comme si les Heures Créatives ne suffisaient pas, Vacheron Constantin, qui vient d’achever l’extension de sa manufacture à Genève afin de réunir la quasi-totalité de ses métiers sur un même site, est également arrivée à Hong Kong avec une Historiques Cornes de Vache, soit un chronographe qui s’inspire d’une pièce de 1955 éditée à 36 exemplaires et qui démontre tout le savoir-faire de la Maison consistant à faire revivre ses splendeurs du passé sans pour autant les copier ou les dénaturer. Deux prolongements de gamme terminent le catalogue des nouveautés du Salon, à savoir une Patrimony utra-plate calibre 1731, la répétition minutes à remontage manuel la plus plate du marché proposée en platine, et une Traditionnelle Heures du Monde au cadran revisité.

Ce foisonnement ne doit rien au hasard. Vacheron Constantin a en effet une place à défendre en Chine, marché historique de la marque qu’elle a « travaillé » avec force et sérieux via une présence actuelle dans 24 villes. « Nous avons toujours respecté notre clientèle chinoise avec une vision à long terme et un service après-vente capable de tout entretenir et réparer hormis les répétitions minutes, poursuit Juan-Carlos Torres. Cela s’est traduit par une croissance des ventes en deux chiffres en 2014, croissance que nous avons bien l’intention de réitérer cette année. Cette évolution, même si elle ne compense pas le ralentissement observé à Hong Kong, est de très bon augure pour la marque. » Car s’il est une chose que Vacheron Constantin ne saurait « rater » en 2015, selon les mots de Juan-Carlos Torres, c’est bien cette année anniversaire qui a commencé sur une Harmony d’anthologie et qui se termine avec un record du monde sur un lit de diamants.