Dans le climat de morosité ambiante, marqué par la crise de la dette en Europe, la croissance atone aux États-Unis et la force du franc, les nouvelles horlogères ne cessent d’étonner. On apprenait ainsi que Vacheron Constantin s’apprête à investir quelque CHF 100 millions dans son outil de production, soit les deux sites de Genève et du Brassus (vallée de Joux), dont la surface va doubler à l’horizon 2020. Dans la foulée, la Maison annonce également un doublement de ses effectifs de 700 personnes pour une production annuelle qui devrait passer des 18’000 pièces actuelles à près de 30’000.
À quelques jours d’intervalle, c’était au tour de LVMH de rassurer la communauté financière avec des ventes sur les neuf premiers mois de l’année en hausse de 15 %, atteignant € 16,3 milliards, voire de 76 % (€ 1,2 milliard) pour sa division Montres et joaillerie, comprenant notamment Bulgari, Chaumet Hublot, TAG Heuer et Zenith. Un tel bond s’explique certes en grande partie par l’intégration de Bulgari. À structure et taux de change comparables, la progression n’en ressort pas moins à 26 %.
Croissance modérée pour 2012
Les statistiques horlogères viennent d’ailleurs amplement corroborer ces excellentes dispositions. Sur neuf mois à fin septembre, les exportations suisses de la branche étaient en hausse de 19,5 % (CHF 13,5 milliards). Un simple calcul mathématique en dit suffisamment long sur les perspectives pour l’ensemble de l’année. Si les horlogers exportent leurs produits pour le même montant que celui réalisé lors du dernier trimestre de l’an dernier, soit CHF 4,9 milliards, cela projette les exportations horlogères helvétiques de 2011à CHF 18,4 milliards, à comparer avec les CHF 17,03 milliards de 2008, à ce jour le record de la branche.
Or, il y a tout lieu de croire que la croissance reste robuste jusqu’en décembre, grâce notamment aux marchés émergents. Pour Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, 2011 sera assurément un exercice record. Qu’en sera-t-il des 12 mois suivants ? « Ce n’est plus l’euphorie qui prédomine aujourd’hui mais l’incertitude, expliquait-il récemment. De nombreux facteurs, dont la force du franc, conduisent à la prudence, mais, en 2012, une croissance même modérée sera toujours de mise. »
À noter en effet, des hausses impressionnantes entre janvier et septembre 2011 sur des marchés d’exportation comme la Chine (+ 48 %), la Thaïlande (+ 42,8 %), la Corée du Sud (+ 33,7 %), la Russie (+ 31,3 %), voire Hong Kong (+ 28,9 %), première destination pour les horlogers suisses, qui représente un cinquième de la valeur totale des produits écoulés à l’étranger. Une présence désormais incontournable dans l’univers de la mesure du temps.