Juan Carlos Torres: C’est une question d’opportunités, de rencontres et de l’intérêt manifesté depuis plusieurs années par le Musée national de Singapour. Cette exposition est l’aboutissement d’un long parcours, de nombreuses rencontres et d’envies communes. De plus, nous avons opté pour Singapour, car il s’agit d’un terrain neutre par rapport à tous les pays d’Asie, région du monde dans laquelle Vacheron Constantin jouit d’une notoriété considérable et enviable. Enfin, on dit de Singapour qu’elle est la Suisse de l’Asie, ce rendez-vous est donc assez naturel.
Après la crise de 2009 et le redémarrage fulgurant qui s’est ensuivi, il nous a semblé opportun de prendre le temps de cette réflexion. En tant que manufacture véhiculant plus de 255 ans de savoir-faire, nous avons nécessairement une responsabilité. Responsabilité à faire connaître les métiers d’art et autres compétences acquises et maintenues à l’interne, mais également responsabilité de concevoir aujourd’hui des produits pour l’histoire. Une manufacture comme Vacheron Constantin a l’obligation morale de créer une œuvre pérenne. Nous nous y employons tous les jours, et c’est aussi le message de cette exposition de montrer que nous agissons de la sorte depuis 1755.
Monter une exposition de cette envergure nécessite un engagement conséquent, de la part tant des responsables des musées que des équipes de Vacheron Constantin. La conception d’une telle exposition prend nécessairement du temps, et on peut imaginer qu’il faudra au minimum un an ou deux pour concevoir et préparer la suivante. Ce n’est donc pas pour demain, mais nous allons nous y atteler rapidement.
L’Europe est une option. Genève, Paris ou Londres nous intéressent particulièrement. Nous pensons notamment au musée d’Art et d’Histoire de Genève, au British Museum à Londres ou à l’un ou l’autre musée parisien, avec lesquels nous sommes en contact. Mais les États-Unis aussi ont joué un rôle important dans l’histoire de la marque. Donc pourquoi pas une prochaine exposition à New York ?
La Chine est naturellement très importante pour Vacheron Constantin, et nous y avons de très belles opportunités. Mais nous devons nécessairement faire des choix. Or, après cette première asiatique à Singapour, nous ne souhaitons en aucun cas délaisser l’Europe et les États-Unis, ces régions qui, depuis deux siècles, ont fait Vacheron Constantin et sans lesquelles nous n’en serions pas là aujourd’hui. Y compris en Chine.
Travailler avec les musées est inéluctablement exigeant, ce qui est naturellement bénéfique. Dans le cas présent, le travail commun de nos hôtes singapouriens et des responsables du patrimoine de Vacheron Constantin a été riche d’enseignements. C’est à la fois une leçon d’humilité par rapport à l’histoire et un travail de rigueur, d’éthique et de cohérence.
Absolument. Dès lors qu’une institution telle que le Musée national de Singapour vous apporte sa caution et sa dimension culturelle, vous devez être à la hauteur de cette ouverture. Cela se traduit notamment par l’approche culturelle et non commerciale de l’exposition. En réalité, cette exposition retrace l’histoire de l’horlogerie à Genève, explique comment elle s’est développée et quels ont été ses hauts faits. Vacheron Constantin y trouve légitimement sa place, au vu de sa contribution au développement de l’horlogerie genevoise depuis 1755 et à la défense constante de ses valeurs et de ses métiers. C’était vrai hier, ça l’est aujourd’hui et ça le sera demain.
C’est assez naturel pour Vacheron Constantin. Nous pouvons effectivement nous targuer d’avoir pris l’initiative de remettre en valeur les métiers d’art dans l’horlogerie. C’est à Franco Cologni, alors président de Vacheron Constantin, qu’on le doit. Nous en avions même fait notre slogan de campagne publicitaire il y a une dizaine d’années. Les métiers d’art sont indissociables de l’histoire de Vacheron Constantin. Voilà pourquoi il nous a semblé fondamental de présenter et d’expliquer ces métiers d’art ici, à Singapour, et de faire venir les artisans sur place pour qu’ils puissent démontrer leur savoir et transmettre leur passion.
Article paru dans le BIPH