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Actualités

Filière de l’or : « Pas encore assez bons mais mieux que jamais ! »

jeudi, 13 octobre 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

En matière sociale et environnementale, ce sont les petites mines artisanales de la filière de l’or qui posent problème, faute de transparence et de traçabilité. Au Watch Forum, organisé par Watches and Culture, les experts étaient unanimes quant à la nécessité de mieux les intégrer dans les chaînes d’approvisionnement.

« Nous ne sommes pas encore assez bons mais mieux que jamais ! » Le constat est clair. Pour Sabrina Karib, du Forum sur l’impact des métaux précieux, les différents acteurs de la filière de l’or ont fait de réels progrès dans le but d’éradiquer les dérives du secteur en matière sociale et environnementale. « On ne peut toutefois s’en contenter, expliquait-elle au Watch Forum, journée thématique sur le développement durable organisée par Watches and Culture à l’intention des professionnels de l’horlogerie. Et la solution pour améliorer la situation tout au long de la chaîne d’approvisionnement passe inévitablement par la collaboration. Nous sommes engagés dans un voyage au long cours qui demande l’engagement et la participation de chacun. Et vous, horlogers, avez le pouvoir de changer les choses. »

Le maillon faible…

En parlant de cette filière de l’or, ce sont immanquablement les petites mines artisanales ou ASM dans le jargon (Artisanal Small-scale Mining) qui attirent l’attention, et pas tellement en tant que composante essentielle du secteur minier. Sont ainsi pointés du doigt les méthodes d’extraction au mercure, au cyanure et au chlorure de fer, le travail des enfants, la déforestation, l’implication d’organisation mafieuses… Au point que Marcin Piersiak, Directeur exécutif de l’ONG Alliance for Responsible Mining, s’est tout d’abord employé à « démystifier le sujet » concernant ce secteur informel de la filière d’or. Un secteur qui emploie 20 millions de mineurs, ou 80 % des personnes actives dans la branche, et assure 20 % de l’extraction du métal jaune, qui a totalisé 3’200 tonnes en 2020 au niveau mondial, selon les statistiques canadiennes. En d’autres termes, ces quelque 600 tonnes d’or extraites des mines artisanales, d’une valeur de 30 milliards de dollars, représentent une manne indispensable pour ces communautés leur permettant de sortir de la pauvreté.

Le secteur informel des mines artisanales ne va pas disparaître, bien au contraire.
Marcin Piersiak

« Avant de les juger, il faut absolument considérer les conditions de vie de ces populations pour qui le travail à la mine est très souvent la meilleure option, avertissait Marcin Piersiak. Ce que je veux dire, c’est que le secteur des mines artisanales, largement informel dans de nombreux pays, ne va pas disparaître, bien au contraire. Dans ces conditions, plutôt que de regarder ailleurs, il faut apprendre à travailler avec ces mineurs, à les soutenir et les habiliter dans la chaîne d’approvisionnement. » « Les risques existent, c’est évident, car les compagnies qui traitent avec ce secteur doivent absolument régler les problèmes légaux et de réputation, poursuivait Louis Maréchal, spécialiste du secteur minier auprès de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui offre son support à l’économie de marché. Mais les investissements responsables dans les mines artisanales sont aptes à légitimer leur apport à la filière de l’or et à aider ces communautés. »

… ou le maillon fort ?

Pour Marcin Piersiak, les exemples ne manquent pas de ces villages de mineurs, où les conditions de travail se sont améliorées, avec une nette diminution des atteintes à l’environnement et un meilleur statut social pour les femmes et des enfants, pour autant que ces mineurs soient rémunérés au juste prix de l’or. « J’aime bien citer en exemple la remise du prix Nobel de la paix au président colombien Juan Manuel Santos en 2016, commentait-il. Le matériau de la médaille a été conçu avec de l’or équitable colombien provenant de mines écoresponsables labellisées, soit des mines respectueuses de l’environnement qui offrent de bonnes conditions de travail aux mineurs. En l’occurrence, il s’agit de cinq mines certifiées situées dans les montagnes colombiennes de la région de Nariño, dans le sud-ouest du pays. » En sachant que plus de la moitié des mines colombiennes sont informelles et illégales, les avantages de la certification sont clairement vécus comme une victoire.

Il s’agit d’abord et avant tout de donner le rôle de partenaires d’affaires à ces mineurs.
Sabrina Karib

« Il n’y a pas pléthore de solutions, concluait Sabrina Karib. Il s’agit d’abord et avant tout de donner le rôle de partenaire d’affaires à ces mineurs. Ce qui veut dire qu’ils méritent d’être correctement payés pour leur travail, notamment avec des primes en cas de certification. Mais cela veut également dire que l’on est tout à fait en droit d’exiger de leur part qu’ils respectent certaines dispositions contractuelles en matière sociale et environnementale avec les moyens pour mesurer les progrès réalisés. C’est ce type d’engagement qu’il s’agit aujourd’hui d’optimiser via des actions collectives. » Et celles-ci commencent à prendre forme, notamment avec les avantages de la blockchain comme support technologique. Un atout supplémentaire pour sécuriser le voyage vers l’or éthique.

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