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J’adore les montres. Docteur, c’est grave ? – Partie 2
Regards de connaisseurs

J’adore les montres. Docteur, c’est grave ? – Partie 2

vendredi, 10 janvier 2020
Par Laurent Picciotto / Chronopassion
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Laurent Picciotto / Chronopassion

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6 min de lecture

Au travers d’une série de cinq portraits, Chronopassion décortique la mécanique de la passion horlogère, de sa genèse à son essor, en passant par ses symptômes, ses sujets à risques, jusqu’à ses (rares) cas de guérison. Seconde partie.

Les toqués de la tocante sont-ils tous fous ? Pas tous, non, en tout cas pas au même degré. En réalité, sous ce champ lexical médical, se cachent de subtiles variations comportementales. Les plus bénignes se traduisent par un arrêt automatique devant toute pièce horlogère, les cas les plus prononcés, par une quête possessive de la montre ultime, laquelle est toujours, naturellement, la suivante. Après 25 ans de relations horlogères parfois intimes, toujours émotionnelles, Chronopassion s’approche d’une définition assez précise des différents sociotypes de clients horlogers à tendance pathologique. La preuve par cinq.

Épisode 4 : « Et lorsque le malade aime sa maladie, qu’il a peine à souffrir que l’on y remédie ! » – Corneille

Ou comment détecter les populations à risque de la passion horlogère déraisonnée

La prédisposition familiale est déterminante, la curiosité intellectuelle l’est aussi. Ce sont les deux conditions pour découvrir le terrain horloger, puis s’y aventurer. Mais elles ne suffisent pas. D’autres facteurs vont permettre de détecter les populations à risque. « En premier lieu, il y a tout simplement l’accessibilité aux pièces, les moyens pour parvenir à ses fins », souligne Laurent Picciotto.

« Ensuite, il y a une sensibilité marquée pour le beau. Il y a des gens sensibles aux objets, d’autres qui ne le sont pas. Seuls les premiers sont à risque. Le sujet n’achète pas une montre parce qu’elle existe, mais parce qu’elle lui parle. C’est d’ailleurs la motivation première, voire unique, des pièces que je propose. Certaines pièces pourraient assurément devenir des best-sellers, mais sans l’émotion qu’elles pourraient susciter en moi, elles ne rentreront pas chez Chronopassion. Je suis en cela totalement solidaire de mes clients. »

Si je ne suis pas le seul, c’est que je ne suis pas fou.

En parallèle, on note une certaine forme de déculpabilisation. « Il peut s’agir d’achats inconséquents aux yeux du monde, mais le sujet éprouve peu de remords en raison de profils similaires au sien, qui sont dans la même démarche. Le raisonnement est, en quelque sorte, de se dire : “Si je ne suis pas le seul, c’est que je ne suis pas fou.” Il y a également la fierté de la possession du garde-temps. C’est une fierté d’enfant, celle de posséder un beau jouet que ses camarades n’ont pas, même si cette fierté est moins affichée. Enfin, il y a la bascule permanente entre raison et déraison : le sujet a généralement les deux pieds sur terre et un sens aigu de la réalité, mais, par moments, on le voit déconnecter et céder à des instincts compulsifs en parfaite contradiction avec sa conduite habituelle. »

Épisode 5 : « La sagesse est l’art de vivre » – Cicéron

Ou comment la sagesse humaine l’emporte (parfois) sur la pathologie horlogère

« Garde-temps » : tout est dit dans cette image horlogère de la montre. En possédant un « garde-temps », l’homme « montre » qu’il veut se donner le moyen de (se) « garder du temps ». In fine, qu’il tente d’acquérir une part d’éternité.

Ce désir d’immortalité n’a rien de propre à l’amateur d’horlogerie. Cette quête obsède l’homme depuis la nuit des temps ! L’amateur de belles montres donne d’ailleurs l’une des visions les plus poétiques qui soient à cette quête, en la matérialisant par des montres serties, en matériaux précieux, trésors de minutie et riches de multiples métiers d’art.

Hélas, le cours du temps est inéluctable. Cette volonté d’immortalité faiblit donc à mesure que les années passent. Ce sentiment d’avoir la vie devant soi s’estompe ainsi progressivement alors que la vie apporte sagesse et raison à l’amateur d’horlogerie. Dès lors, la pathologie horlogère, cette quête de se garder du temps de côté, n’a plus lieu d’être à ses yeux. Le sujet revend même parfois la totalité de sa collection, comme libéré de sa quête par une raison retrouvée.

Rares sont ceux qui ont le courage de se débarrasser d’une collection acquise une vie entière !

D’autres cas de guérison peuvent survenir à la suite d’une overdose horlogère. La saturation conduit alors à l’abandon de la collectionnite aiguë. Rares sont cependant ceux qui ont le courage de se débarrasser d’une collection acquise une vie entière ! Pour ceux qui franchissent ce pas irréversible, les salles des ventes deviennent alors subitement très fréquentées par les autres collectionneurs… !

Enfin, le sujet peut s’attacher à une autre passion compulsive, elle aussi exclusive, qui va donc mécaniquement éjecter la première. Il peut s’agir d’une passion d’un tout autre genre, mais parfois d’une variante horlogère fort distincte de la passion originelle dévorante. Ainsi en est-il des collectionneurs de pièces ultra-exclusives qui, du jour au lendemain, quittent ce terrain fort dispendieux pour se consacrer à des montres nettement plus abordables mais qui vont leur procurer des sensations jusque-là inconnues.

Il reste le cas, très singulier, des femmes : « Certaines femmes peuvent tout à fait avoir les mêmes réflexes horlogers obsessionnels, mais l’issue sera d’une tout autre nature. En effet, pour nombre d’entre elles, leur volonté de postérité s’incarnera au travers de leurs enfants, et le reste ne comptera alors tout simplement plus… », conclut Laurent Picciotto.

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