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Watches and Culture développe la thématique des océans
Actualités

Watches and Culture développe la thématique des océans

jeudi, 27 octobre 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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18 min de lecture

Le développement durable est le thème de l’année retenu par Watches and Culture. Abordé de manière exhaustive lors du Watch Forum tenu en septembre à Genève, il sera traité également dans ses différentes activités, notamment sur sa plateforme digitale, le Forum online, qui se propose d’approfondir le sujet des océans.

Watches and Culture, pôle culturel de la Fondation de la Haute Horlogerie, a choisi le développement durable comme thématique de l’année, thématique omniprésente de par son importance et sa dimension. Ces questions liées aux conséquences de l’activité humaine sur terre ont été abordées lors du Watch Forum, dont la première édition s’est tenue à Genève le 13 septembre 2022. Journée d’échanges et de partage destinée aux professionnels de l’horlogerie, ce rendez-vous annuel a comme objectif de sensibiliser l’industrie dans son ensemble aux défis à venir et d’inciter la profession aux mesures concrètes. En prolongement de cet événement physique, la plateforme digitale de Watches and Culture s’est déjà fait l’écho des différents panels de discussion tenus lors du Watch Forum. Afin d’ouvrir le débat à un public plus large, elle se propose au cours des mois à venir d’approfondir cette thématique du développement durable avec un sujet consacré aux océans.

REVUE DE PRESSE

Le rôle de l’ONU (articles de référence 1-4)
« La planète fait face à la triple crise du dérèglement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution. Et c’est l’océan qui supporte une grande partie de ce fardeau. » Cette déclaration(1) du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors du One Ocean Summit, ne saurait être plus claire. L’ONU, dont le 14e objectif de développement durable (ODD/SDG) concerne la conservation et l’exploitation des océans, des mers et des ressources marines de manière durable, suit la problématique de très près avec nombre d’études et articles dédiés sur son site d’information(2). Face à cette urgence, « où les systèmes océaniques souffrent, tout comme les populations qui en dépendent », l’ONU est engagée dans la « Décennie de l’océan » depuis 2021 et apporte son soutien à plusieurs réunions internationales dans le but de « protéger ce bien commun(3) ». Le récent One Ocean Summit, qui s’est tenu en février 2022 à Brest, en Bretagne, en fait partie. Parmi les enjeux de ce sommet(4), les questions essentielles à traiter, celles dont dépendent la santé des océans et, par voie de conséquence, celle de la planète, on retrouve le fléau du plastique, la gouvernance en haute mer, le transport maritime, la surpêche, les aires marines à protéger et l’exploitation minière sous-marine.

Extraction minière et biodiversité (articles de référence 5-14)
Sur ce dernier point, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) milite pour que l’extraction minière dans les hauts-fonds marins soit nettement mieux encadrée(5). L’UICN a ainsi déposé l’an dernier une motion lors du Congrès mondial de la nature en vue d’imposer un moratoire sur ce type d’exploitation tant que des recherches scientifiques n’auront pas été menées afin de déterminer quelles en sont les conséquences sur les milieux naturels. Dans l’intervalle, elle incite l’Autorité internationale des fonds marins à ne plus délivrer de permis de forer. Car les fonds marins, riches en minerais, sont devenus une cible privilégiée pour les États et les compagnies minières(6). Si l’exploitation commerciale n’a pas encore véritablement commencé, la trentaine de permis d’exploration déjà accordés à des États comme la France ou la Chine représentent d’ores et déjà une surface telle que, transformés en licences d’exploitation, ils représenteraient « la plus grande opération minière jamais entreprise dans l’histoire de la Terre ».

Blancpain - Biopixel - Requin-baleine © Simon Pierce

La menace contre la biodiversité marine compte toutefois de nombreux autres facteurs au rang desquels la surpêche figure en bonne place. Certains animaux marins se retrouvent ainsi sur la liste rouge des populations en voie d’extinction, comme c’est le cas d’un tiers des espèces de raies et de requins(7), le groupe de vertébrés le plus menacé après les amphibiens. L’Europe, qui figure parmi les principaux exportateurs d’ailerons de requin avec 3’500 tonnes par an, a d’ailleurs été récemment interpellée pour que cesse le carnage des squales, pêchés pour faire le « délice » des soupes asiatiques(8). Mais si certaines espèces disparaissent, d’autres prolifèrent, notamment les méduses, qui envahissent les océans malades et prolifèrent dans plusieurs endroits du globe, non sans bouleverser les écosystèmes locaux. Inutile d’y voir les méfaits d’une espèce invasive, les méduses sont comme des germes dans une blessure ouverte qui provoquent une infection : « Elles ne sont qu’un symptôme. Un drapeau rouge. Le signal d’alarme d’océans en détresse(9) ». Pour s’en convaincre, les images ne manquent pas. Les photographes sous-marins sont en effet devenus les témoins de la lutte des sept mers pour leur survie(10).

Parmi les autres menaces qui pèsent sur la biodiversité, le réchauffement climatique est évidemment l’un des problèmes majeurs. On le sait, le dérèglement du climat perturbe les cycles écologiques essentiels du monde marin. De plus, l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère a aussi pour effet d’acidifier les eaux maritimes qui absorbent une partie du carbone atmosphérique, ce qui dégrade encore davantage les écosystèmes océaniques. Dans ce contexte, peut-on quantifier le cataclysme à venir ? Dans le pire des scénarios, celui d’une augmentation des températures autour des 4 °C, les scientifiques s’attendent à ce que 90 % des espèces soient soumises à un risque fort ou critique(11). Concrètement, cela signifie que si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, la quasi-totalité des espèces marines seront soumises à un stress climatique qui menacerait leur survie. L’agonie des massifs coralliens en donne déjà un avant-goût. Entre 2009 et 2018, 14 % des coraux dans le monde ont disparu(12). Une catastrophe écologique en sachant qu’avec à peine 1 % de la couverture du plancher océanique ils abritent un quart de la faune et de la flore marines, tout en constituant un habitat crucial et une source de protéines et de médicaments. À ce rythme, ils auront bientôt succombé au réchauffement climatique(13), à moins que leur capacité d’adaptation ne fasse des miracles, comme cela semble être le cas du récif corallien découvert au large de Tahiti dans un état « impeccable » par 30 mètres de profondeur(14).

Réchauffement climatique (articles de référence 15-19)
Comme le dit Catherine Le Gall dans son livre L’Imposture océanique, publié en octobre 2021, « la plus grande menace pour les océans n’est pas la surpêche mais les gaz à effet de serre(15) ». Le réchauffement qu’ils provoquent est absorbé à 90 % par les océans, qui ont également incorporé 20 à 30 % des émissions de CO₂ émises par les humains depuis 1980, au prix de l’acidification des eaux. Si l’auteure passe en revue les affres dont les océans sont victimes, de la vacuité des crédits carbone aux mensonges de l’économie bleue, en passant par l’utilité toute relative des aires marines protégées et l’implacable culture de marché des ONG, la chaleur que connaissent désormais les océans est un sujet de préoccupation majeur pour avoir déjà franchi un point de non-retour en 2014(16). En fait, la montée des eaux océaniques ayant pour cause l’activité humaine est due pour une première moitié à la fonte des glaciers et, pour l’autre, au réchauffement des eaux. Si l’on considère le phénomène plus localement, on se rend compte aujourd’hui qu’en certains endroits c’est l’expansion thermale des eaux qui en est la cause unique(17).

Laurent Ballesta, photographe Nature de l'année 2021 © Laurent Ballesta

Autre phénomène qui vient illustrer le dérèglement en cours : on observe actuellement des courants d’eau chaude se dirigeant vers la calotte glaciaire de l’Antarctique, courants susceptibles de nuire gravement à cet écosystème crucial pour la planète, d’une surface comparable à celle des États-Unis(18). Et c’est encore sans parler du facteur météorologique des ouragans, typhons, inondations et autres tempêtes dont l’ampleur dévastatrice se mesure chaque année davantage, nourris qu’ils sont par la température croissante des océans(19) que seul le « net zéro » en termes d’émission carbone sera en mesure de stopper.

Pollution plastique et sonore (articles de référence 20-25)
En ce qui concerne les océans, le sujet récurrent concerne immanquablement les 24’000 milliards de microplastiques qui les polluent, un chiffre qui vient d’être multiplié par 5 dans une récente étude sur la question(20). Certes, le changement de méthodologie explique en partie l’ampleur de cette escalade, mais pas seulement. Année après année, une dizaine de millions de tonnes continue de prendre le chemin des océans. La preuve : pas moins de 25’900 tonnes de déchets, notamment plastiques, liés au Covid-19, soit l’équivalent de 2’000 bus à deux étages, se retrouvent en mer faute de mieux…, selon une étude de l’université de Nanjing(21). En d’autres termes, les océans étouffent sous le plastique, si bien que 88 % des espèces marines sont affectées par cette contamination. L’occasion pour le WWF de tirer la sonnette d’alarme(22), soulignant que la Méditerranée a notamment atteint la limite des quantités absorbables : « Cette contamination atteint toutes les parties des océans, de la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des îles les plus isolées, du plus petit plancton à la plus grosse baleine », note l’ONG. Le signal d’alarme a-t-il été entendu ? On peut en douter si l’on considère les exportations de déchets plastiques, de la part des pays de l’Union européenne notamment, vers des contrées asiatiques qui n’ont pas les capacités de les recycler(23), qui finissent généralement dans la nature pour partie d’entre eux, entre autres dans les rivières qui se déversent dans les océans.

À côté de la pollution plastique, impossible de passer sous silence la pollution sonore(24), qui, elle aussi, représente un danger pour les espèces particulièrement sensibles à leur environnement acoustique comme les baleines. En polluant leurs canaux de communication, le bruit qui envahit les mers perturbe leur sens de l’orientation, causant nombre de collisions avec les navires en transit. Et que dire des quelque 7’000 plateformes pétrolières réparties à travers le monde et du réseau de conduites de gaz et des câbles de télécommunication qui sillonnent les océans ? Les explosions qui ont récemment endommagé Nord Stream 2 ont un temps fait craindre une nouvelle catastrophe écologique(25) en raison des fuites massives de méthane, un gaz à effet de serre à la base du réchauffement climatique, tout comme le CO₂.

Recherche scientifique (articles de référence 26-28)
Dans la lutte contre le dérèglement climatique, la science commence à occuper une place de premier plan dans la mesure où les processus visant à limiter notre consommation d’énergie, à changer de comportements dans notre vie quotidienne et nos loisirs, à encourager les énergies alternatives et à rationaliser les méthodes de production et d’approvisionnement sont loin de prendre la voie rapide. En ce sens, lors de la COP26, tenue à Glasgow fin 2021, des scientifiques de 33 pays ont lancé une campagne baptisée OneOceanScience en faveur des sciences océaniques(26). Le climat et l’océan sont intimement liés, rappellent ces chercheurs : le climat impacte l’océan, la biodiversité qu’il abrite, et, réciproquement, l’océan et sa biodiversité impactent le climat.

Requin-baleine, Ningaloo Blue © Brooke Pyke, Prix féminin Fifty Fathoms 2022

Mais si la science se mobilise, cela tient également au fait que l’océan, qui couvre 70 % de la surface du globe et représente donc le plus grand écosystème de la planète, reste malgré tout un grand inconnu : une mare incognitum(27). Avec le lancinant problème qu’à force d’être trop sollicitée la pompe océanique est en train de se gripper(28). Combinés aux impacts de la surpêche, de la pollution, et de la destruction des habitats, les maux des océans que sont leur réchauffement, leur acidification, leur désoxygénation et leur élévation aboutissent à une érosion de la biodiversité marine, menacée avant même d’être totalement inventoriée. S’il s’agit de préserver la face bleue de la planète qui nourrit 3 milliards d’êtres humains, la science doit faire face à quatre défis : la gestion durable des ressources, la préservation de la biodiversité, la lutte contre la pollution et le dérèglement climatique. Un vaste programme pour la science, qui ne saurait jouer pleinement son rôle sans une gouvernance internationale forte et éclairée. Pour éviter le pire, le meilleur est à venir.


Articles de référence

ONU
1https://news.un.org/fr/story/2022/02/1114182?utm_source=UN+News+-+French&utm_campaign=a340e3abda-EMAIL_CAMPAIGN_2022_02_12_01_00&utm_medium=email&utm_term=0_0264da9d8f-a340e3abda-108057074
2https://news.un.org/fr/tags/oceans
3https://unric.org/fr/la-communaute-internationale-se-mobilise-pour-les-oceans/
4https://reporterre.net/Les-six-enjeux-et-oublis-du-One-Ocean-Summit?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Extraction minière et biodiversité
5https://www.pewtrusts.org/fr/research-and-analysis/articles/2021/09/08/global-body-calls-for-protecting-ocean-from-seabed-mining
6https://reporterre.net/L-industrie-miniere-prepare-le-pillage-des-fonds-marins?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
7https://theconversation.com/sharks-and-rays-are-in-free-fall-more-than-one-third-are-threatened-with-extinction-from-overfishing-167329
8https://reporterre.net/Pour-arreter-le-carnage-des-requins-l-Europe-est-interpellee?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
9https://reporterre.net/Les-meduses-envahissent-les-oceans-malades
10https://www.theguardian.com/technology/2021/sep/18/ocean-photography-awards-winners-kerim-sabuncuoglu-ghost-fishing
11https://youmatter.world/fr/la-quasi-totalite-des-especes-marines-seraient-menacees-par-le-rechauffement-climatique/?gs_ref=SLvwf41VP5-
12https://www.tdg.ch/14-des-coraux-dans-le-monde-ont-disparu-entre-2009-et-2018-666201640689
13https://reporterre.net/Les-coraux-devraient-succomber-au-rechauffement-climatique?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
14https://reporterre.net/Exceptionnel-du-corail-a-ete-decouvert-en-bonne-sante?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Climat
15https://www.telerama.fr/debats-reportages/ecologie-la-plus-grande-menace-pour-les-oceans-nest-pas-la-surpeche-mais-les-gaz-a-effet-de-serre-6998136.php
16https://reporterre.net/La-chaleur-extreme-des-oceans-a-franchi-un-point-de-non-retour?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
17https://www.wired.com/story/extreme-heat-in-the-oceans-is-out-of-control/?utm_source=onsite-share&utm_medium=email&utm_campaign=onsite-share&utm_brand=wired
18https://theconversation.com/troubling-new-research-shows-warm-waters-rushing-towards-the-worlds-biggest-ice-sheet-in-antarctica-187483
19https://www.independent.co.uk/climate-change/news/ocean-temperatures-record-sea-level-b1990992.html

Pollution plastique et sonore
20https://reporterre.net/24-400-milliards-de-microplastiques-polluent-les-oceans?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
21https://www.theguardian.com/environment/2021/nov/08/about-26000-tonnes-of-plastic-covid-waste-pollutes-worlds-oceans-study
22https://reporterre.net/Les-oceans-etouffent-sous-le-plastique?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
23https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/podcast-pour-lutter-contre-le-plastique-qui-pollue-l-ocean-commencons-dans-les-rivieres_192089.html
24https://edition.cnn.com/2022/09/26/world/whales-noise-pollution-anti-collision-c2e-spc-intl-scn/index.html
25https://www.euronews.com/green/2022/09/28/nord-stream-russian-gas-pipe-leaks-could-have-an-unprecedented-environmental-impact?utm

Sciences
26https://www.linfodurable.fr/environnement/cop26-des-scientifiques-lancent-une-campagne-pour-les-sciences-oceaniques-29287
27https://theconversation.com/peche-pollution-rechauffement-comment-les-sciences-marines-peuvent-nous-aider-a-sauvegarder-locean-175532
28https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2015/03/FichesScientifiques-ocean-pompe-carbone.pdf

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