Les insolites du SIHH

À ceux qui croient que rien ne ressemble plus à un salon horloger qu’un autre salon horloger, la visite du SIHH 2016 devrait les convaincre du contraire. Dans le rôle de l’agitateur d’idées, Richard Mille surprend une nouvelle fois avec son stylo à plume mécanique RMS 5. Il s’agit en réalité d’un stylo à plume rétractable animé par un mouvement mécanique. Développé par les concepteurs mouvement de Richard Mille, ce stylo a, selon la marque, « requis près de quatre ans de recherche et de développement avant de devenir ce produit exceptionnel, extrêmement technique et unique en son genre ». Le mouvement s’articule autour d’une platine et de ponts squelettés en titane grade 5. L’ensemble anime une cinématique libérant la plume en or gris, tandis que la partie extérieure est en carbone NTPT. Coût de cet objet aussi insolite que technique ? 106 500 francs suisses.

Question prix et caractère unique, Parmigiani Fleurier ne s’en laisse pas compter avec une pendule de table exceptionnelle réalisée en collaboration avec Lalique. En réalité, il s’agit de la pendule la plus imposante jamais produite par le cristallier. Pièce unique – proposée à 2,4 millions de francs suisses –, Hippologia met en scène une jument et son poulain animés, en or massif. Les deux pur-sang arabes évoluent sur un cabinet de cristal ovale représentant le désert et ses dunes, réalisé par la maison Lalique. S’il ne s’agit pas de la première réalisation commune de l’horloger et du cristallier, il s’agit de la pièce la plus complexe et la plus aboutie. Pas moins de 2 200 pièces composent cette pendule. Dans sa base sont logés côte à côte deux mécanismes, l’un lié à l’automate, l’autre à l’affichage de l’heure. Concentré des savoir-faire mêlés entre le designer, l’horloger, l’automatier et le cristallier, Hippologia incarne l’artisanat d’art à un niveau rarement observé.

La magie est également au rendez-vous sur le stand Van Cleef & Arpels avec la montre Midnight Nuit Lumineuse qui s’illumine mécaniquement à la demande ! Une première en horlogerie grâce à l’utilisation du phénomène de piézoélectricité. Un terme qui désigne la propriété de certains matériaux à se charger électriquement lorsqu’ils sont soumis à des contraintes mécaniques. Concrètement, une lame en céramique est excitée par le mouvement et produit de manière mécanique de l’électricité. Cette dernière alimente alors à la demande six diodes électroluminescentes qui viennent rétroéclairer six diamants visibles sur le cadran. Effet saisissant assuré !

Utilisation d’énergie – et manivelle ! – également chez Urwerk avec la seconde génération du modèle EMC, la montre qui s’autocontrôle pour indiquer sa précision sur simple déclenchement d’un bouton-pressoir. Cette nouvelle version EMC « Time Hunter » ne se contente plus de fournir des indications seulement sur les écarts de précision (sur une échelle de +/– 15 secondes par jour), mais également sur l’amplitude de son balancier grâce à un capteur optique. L’énergie nécessaire à ces mesures est le fait d’une manivelle que doit actionner le porteur. Si l’écart de précision peut être corrigé directement par le porteur, la modification de l’amplitude demeure le fait des horlogers qualifiés. Et c’est sans doute mieux ainsi.

Chez MB&F, devant un robot sympathique – conçu et développé par MB&F, construit et fabriqué par L’Epée 1839 –, on vous accueille par ces mots : « Nous avons le grand plaisir de présenter Sherman. C’est un petit robot vraiment gentil, mais, à dire vrai, il ne fait pas grand-chose, pas grand-chose du tout. » Et pour tout dire, il ne fait rien d’autre que… donner l’heure avec précision, ce qui est somme toute un exploit tout relatif dans un salon horloger. Mais Sherman a peut-être d’autres superpouvoirs. Car si en plus vous trouvez cela amusant, Sherman aura réussi un second exploit : celui de vous faire sourire ! Et ce n’est déjà pas si mal par les temps qui courent.